Professeur de biologie médicale et historien de la médecine, (I) (★ Haguenau 3.5.1905 d. Strasbourg 20.4.1975).
Fils d’Isidore Klein et d’Anne Brauschweigh. ∞ 3.2.1931 Louise Schwartz, de Strasbourg, cousine de Jacques Schwartz © ; 4 filles et 1 fils. Études secondaires au lycée de Mulhouse et supérieures à la faculté de Médecine de Strasbourg ; entré dès la première année au Laboratoire d’histologie du Pr. Pol Bouin ©, Klein occupa successivement les fonctions de moniteur (1926), de préparateur (1927) et d’assistant. En 1939, il fut nommé agrégé dans cet institut. Il obtint aussi une licence ès sciences et a travaillé, de 1935 à 1936, au National Institute for Medical Research de Londres. Après avoir servi au début de la Seconde Guerre mondiale comme médecin-capitaine dans une ambulance chirurgicale et dans un laboratoire de recherche des armées, il suivit la faculté de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand. Arrêté par la Gestapo, il devait connaître les camps de déportation à Auschwitz-Grossrosen et à Buchenwald, de mai 1944 à avril 1945. À son retour, il fut titularisé dans la chaire de biologie médicale nouvellement créée, où il enseigna les bases neuro-endocriniennes de la morphologie du comportement de l’hérédité humaine et la génétique. Engagé dès ses premières communications présentées à la Société de biologie de Strasbourg (1927) vers l’étude de l’endocrinologie sexuelle en relation avec la biologie du comportement, il acquit la notoriété par sa thèse de doctorat consacrée au Corps jaune de grossesse. Recherches histologiques et physiologiques (Strasbourg, 1934). Avec la démonstration du rôle du corps jaune pendant toute la durée de la gestation chez la lapine, il mit en évidence la dépendance, au cours de la moitié de la grossesse, de cette activité vis-à-vis du placenta inséré sur la paroi utérine. Une relation identique fut mise en évidence par lui chez le rat, le cobaye et le hamster. Parmi d’autres investigations endocrinologiques, il faut signaler celles entreprises ultérieurement avec son collaborateur Gaston Mayer sur la physiologie ovarienne ; l’étude de la sécrétion lactée lui valut d’être le maître d’œuvre d’un colloque international sur ce sujet tenu à Strasbourg en 1950. Ses recherches sur les corpuscules tactiles, commencées en 1932, ont eu des répercussions ultérieures en clinique chirurgicale : cicatrices nerveuses post-traumatiques, neurogliome, modification de la rétine après section du nerf optique (avec Mme J. Mantz), etc. Enfin, l’odontologie lui est redevable d’une série de travaux originaux sur la biologie et la pathologie des tissus dentaires. Au cours de sa carrière scientifique, Klein a toujours été attentif à l’évolution historique des faits. C’est ainsi que ses contributions à l’histoire des sciences et de la médecine représentent un autre domaine important de ses activités. D’entrée, il s’était distingué par l’Histoire des origines de la théorie cellulaire (Paris, 1936), suivie d’une étude sur Les débuts de la théorie cellulaire en France (Paris, 1951). Une heureuse fortune voulut que ces textes aient été réunis en un volume posthume, intitulé : Regards d’un biologiste. Évolution de l’approche scientifique. L’enseignement médical strasbourgeois (Paris, 1980, avec bibliographie des œuvres de Klein sur l’histoire de la médecine et de la biologie), avec ses travaux sur Goethe et les naturalistes français (Colloque de Strasbourg, 1957), Claude Bernard et la philosophie de la nature (Congrès international d’histoire des sciences. Varsovie-Cracovie, 1965), sur les résonances de la philosophie de la nature en biologie moderne et contemporaine (Paris, 1954), sur l’enseignement médical et chirurgical à Strasbourg, etc. À l’évocation des noms des savants alsaciens, il faut ajouter les biographies des biologistes contemporains, dont Paul Albert Ancel © et Bouin, parues dans le Dictionary of scientific Biography. Comme il a formé de nombreux élèves dans les disciplines biologiques, Klein a marqué profondément plusieurs générations d’étudiants, aussi bien dans le domaine scientifique que dans l’enseignement de l’histoire de la médecine (dont il est à l’origine). À sa grande disponibilité, à sa culture encyclopédique, à sa loyauté, il joignait une ouverture particulière aux problèmes éthiques et au respect de la vie. Lauréat des principaux corps savants français, membre correspondant national dans la section des sciences biologiques de l’Académie de Médecine (1973), membre de l’Académie internationale d’histoire de la médecine, commandeur de l’ordre des Palmes académiques, chevalier de la Légion d’honneur, titulaire de la médaille d’argent des épidémies.
G. Canguilhem, Marc Klein (1905-1975), Archives internationales d’histoire des sciences 26, 1976, p. 163-164 ; J. des Cilleuls, « Marc Klein (1905-1975) », Histoire des sciences médicales 10, 1976, 1-2, p. 46-54 ; P. Karli, « Le Professeur Marc Klein (1905-1975) », Journal de médecine de Strasbourg 7, 1976, 5-6, p. 341-344 ; E. Malet, « Marc Klein : une approche psychologique de la biologie », Le Quotidien du médecin, n° 2197, 1980, p. 30 ; Th. Vetter, « Marc Klein. Regard d’un biologiste », Clio Medica 16, 1981, p. 169.
Théodore Vetter (1993)