Professeur de philosophie, (C) (★ Haguenau 18.9.1907 † Struthof 18.4.1944).
Fils de Robert Raymond Klée et de Marie Martini. ∞ septembre 1940 Mathilde-Louise Goettelmann (★ 1921) ; 2 enfants. Après des études secondaires jusqu’au premier baccalauréat au lycée de Haguenau, Klee les poursuivit à Strasbourg au collège Saint-Étienne, où il obtint le second baccalauréat, avant de s’inscrire à la faculté des Lettres en 1924. En 1927, il était titulaire d’une licence de lettres avec des certificats de psychologie et de sociologie. Il prépara à Paris à l’École normale supérieure l’agrégation de philosophie, qu’il réussit en juillet 1931. Il fut, semble-t-il, le premier Alsacien reçu à l’agrégation de philosophie après la Première Guerre mondiale. Il songea alors à une thèse de doctorat sur le philosophe Max Schuler, mais sa disparition précoce l’empêcha de mener ce travail à terme. Klée était engagé dans de nombreux mouvements de jeunes et entretenait des relations personnelles avec les principaux responsables de ces mouvements, le père Doncoeur en France, le père Romano Guardini en Allemagne, l’abbé Arnold en Alsace. Catholique fervent, il s’intéressa plus particulièrement aux mouvements universitaires catholiques : Association des universitaires catholiques d’Alsace et de Lorraine, Cercle Ozanam de l’Université de Strasbourg, Conférence de Saint-Thomas. Klee prit une part active à la création du Cercle universitaire catholique Alsatia et à sa direction, ainsi qu’au développement de la revue Alsatia academica, publiée par ce cercle, dont il fut pendant un temps le rédacteur en chef. Son souci permanent était de faire adhérer les jeunes à la communauté culturelle française, sans renoncer à leurs racines alsaciennes. Il participa régulièrement aux semaines sociales, cette université chrétienne-sociale qui chaque année, dans une grande ville, organisait des débats sur des problèmes d’actualité. Il fit de nombreux séjours à l’étranger, en Hongrie, en Roumanie, où il fut précepteur du jeune prince Ghika, en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas, au Danemark, en Suède et en Norvège. En 1933-1935, il se retrouva à l’Institut de France à Berlin, où il rencontra François-Poncet et prit conscience du danger nazi. En 1934, il participa au 8e Congrès international des philosophes à Prague. En France, il enseigna successivement à la faculté des Lettres de Nancy, puis à Obernai, Thionville, Bar-le-Duc, au lycée Saint-Louis à Paris, et enfin au lycée Hoche à Versailles en 1942. Son idéal d’enseignant était de faire de ses élèves « des hommes de vérité et de paix ». En 1942, il se rallia au général de Gaulle © et participa à un réseau d’information dont les activités s’étendaient de la Suisse jus- qu’à Nancy et qui fonctionna parfaitement jusqu’au printemps 1943. Mais, tout en participant à cette lutte, Klée refusait tout chauvinisme. Il était avant tout Européen et partisan de la réconciliation avec l’Allemagne : « Si pour le triomphe du règne de paix, je devais être écorché, je l’accepte dès aujourd’hui pour, après ma mort, une réconciliation franco-allemande, et surtout pour le salut éternel des âmes qui cherchent », déclara-t-il un jour à Paray-le-Monial. Arrêté par la Gestapo le 25 mai 1943 pour propagande gaulliste, il se retrouva à Fresnes, puis fut déporté sans jugement, le 7 octobre 1943, vers une destination inconnue. Il arriva au Struthof en novembre 1943, et y mourut des suites des mauvais traitements. Une salle du lycée Hoche à Versailles porte son nom.
L. Braun, Raymond Lucien Klee (1907-1944). Hoffnung und Tragik im Ringen um ein neues Europa, Marienthal, 1954, 60 p. ; E. Arnold, Témoignage concernant Raymond Lucien Klee (1907-1944), mort pour la France au camp nazi du Struthof en avril 1944, Strasbourg, 1964 ; Ch. Pfleger, « Ein Europäer und mehr. Raymond Lucien Klee (1907-1944), D’heim esch d’heim vun Franz Klee, Strasbourg, 1975, p. 15- 16 et 100-106.
Jean-Paul Grasser (1993)