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KLAUS von LOHRE

Maître d’œuvre de la cathédrale de Strasbourg. Successeur de Michel von Friburg © († avant le 1er juin 1388), Klaus est probablement, comme ce dernier, issu de l’entourage des Parler. Originaire sans doute de Lahr, Bade, Klaus apparaît comme maître d’œuvre au plus tard le 4 juillet 1390. Il arbitra comme tel une série de différends entre des propriétaires d’immeubles voisins, parmi lesquels on peut signaler celui né entre l’épouse de Heintzemann Lymer (Limer), ancien ammeistre, et les héritiers du chroniqueur Fritsche Closener ©, wegen des hauses an dem staden obe wendig der nuwen brucke. C’est peut-être sur l’initiative de Klaus qu’on ordonna de dégager le 9 décembre 1386 la cathédrale de ses boutiques qui s’étaient nichées entre les contreforts et devant la façade (vnd sol ouch mengelich… die techer, die an dem münster hangent vnd vor dem munster und daran stont abebrechen und davon tun und sie ouch nit me do haben by straff [von] 5 lb.). Klaus continua et acheva le beffroi de la cathédrale selon le projet, modifié et conçu initialement par son prédécesseur, ou par maître Gerlach ©. Cette réalisation rompit définitivement avec l’idéal d’une façade harmonique « à la française » entreprise en 1277 et transforma celle-ci en une façade muraille (Wandfassade). Mais on aurait sans doute tort de croire que ce bloc rectangulaire, aligné sur celui des tours, correspondait à l’idéal des architectes qui l’avaient construit. Quoi qu’il en soit, après l’achèvement de cette « cage à cloche » vers 1399, Klaus fut destitué de ses fonctions de maître d’œuvre en même temps que le chapelain, les deux administrateurs et l’économe (in demselben jore wart och abgesetzet ein schaffener und ein kapplon und ein werkmeister und zwen pfleger unser frowen hus) au cours d’une réorganisation administrative générale de l’Œuvre Notre-Dame, sans doute conséquence d’une mauvaise administration des biens de l’Œuvre et peut-être aussi de l’accord intervenu en 1395 entre la ville et l’évêque Guillaume de Diest ©, ce dernier renonçant à ses droits sur l’Œuvre Notre-Dame. La construction d’une seule tour, décision prise déjà bien avant 1399, fut alors confiée à Ulrich von Ensingen © qui arriva sur place dès le 31 mai 1399. Klaus continue à être nommé dans les comptes comme ancien maître d’œuvre en 1414 et 1420 en tant que locataire d’une maison de l’Œuvre Notre-Dame. Le sceau de Klaus est attaché à un arbitrage rendu en 1397. Il représente un S un peu couché d’où sort un troisième bras.

F. X. Kraus, Kunst und Alterthum im Unter-Elsass, Strasbourg, 1876, p. 384-385 ; A. Schulte, « Zur Geschichte der Strassburger Münsterbaumeister », Repertorium für Kunstwissenschaft 5, 1882, p. 274 ; Urkb. Str., VI, 1899, p. 179, n° 338, VII, 1900, p. 721, 779, 805, 830 ; F. F. Leitschuh, Strassburg, Leipzig, 1903, p. 47 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 191 ; H. Weigert, Das Strassburger Münster und seine Bildwerke, 2e éd., Berlin, 1935, p. 28 ; O. Kletzl, « Schaubild-Pläne und alte Ansichten der Westfassade des Münsters von Strassburg », Elsass-Lotringisches Jahrbuch, XV, 1936, p. 62-114 ; idem, Die Junker von Prag in Strassburg, Frankfurt a. M., 1936, p. 50, 55-65, 74-76, 85-87, 93, 94, 100, 109, 113-115, 119, 124-164 ; Bulletin de la Société des amis de la cathédrale de Strasbourg, 1939, p. 18 et 20, 1960, p. 22 ; H. A. v. Stockhausen, « Der erste Entwurf zum Strassburger Glockengeschoss und seine künstlerischen Grundlagen », Marbacher Jahrbuch XI-XII, 1941, p. 579-618 ; R. Recht, « Dessins d’architecture pour la cathédrale de Strasbourg », L’Oeil, n° 174-175, juin-juillet 1969, p. 26-33 ; H. Reinhardt, La cathédrale de Strasbourg, Paris, 1972, p. 82-83 ; R. Recht, L’Alsace gothique de 1300 à 1365, Colmar, 1974, p. 72-77 ; A. Legner (hrsg.), Die Parler und der schöne Stil 1350-1400. Europäische Kunst unter den Luxemburgern. Ein Handbuch zur Ausstellung des Schnütgen-Museums in der Kunsthalle Köln, I, Cologne, 1978, p. 272, 277, 280, 282 ; R. Liess, « Die Entstehung des Strassburger Risses mit dem Glockengeschoss und seine Stellung im Gesamtbild der Münsterfassade », Münchener Jahrbuch der bildenden Kunst 37, 3e série, 1986, p. 33-112 (importante bibliographie).

Monique Fuchs (1993)