Avocat, publiciste, démocrate révolutionnaire (★ v. 1764 † Strasbourg 24 pluviôse an II = 12.2.1794).
Fils d’un chirurgien militaire de l’armée autrichienne 1740-1743) qui fut ensuite barbier à Schleiz, Gera. ∞ à Prague (?) une demoiselle noble, fille naturelle du comte hongrois János Fekete Galántha (1741-1803), qui lui apporta un bien seigneurial. Il avait fait des études de droit à l’Université de Rinteln (Schaumburg-Lippe), qu’il termina par une thèse en 1785. Il fut avocat à Dresde où il défendit une « Aufklärung » sociale. En 1788, l’empereur Joseph II l’éleva à la noblesse de l’Empire. En 1791 il était à Berlin, où par ses écrits, il défendit le droit des peuples à la révolution. Il émigra à Strasbourg. Proposé le 6 juillet 1791 par Frédéric de Dietrich ©, il fut reçu membre de la Société des Amis de la Constitution. À cette époque, il publia anonymement ses plus importants écrits en faveur de la Révolution, largement diffusés en Allemagne et jusqu’en Hongrie. Il entra dans la Garde nationale et suivit l’armée du Rhin dans l’expédition de Mayence. Il projeta de remettre la forteresse de Mannheim entre les mains de l’armée républicaine de Custine par l’organisation d’un « coup de main ». Durant l’été 1793, il fut commissaire du département du Bas-Rhin dans le canton de Bouxwiller et en automne, fut nommé membre du Comité de surveillance et de sûreté générale du département, chargé d’arrêter les « aristocrates » et de les imposer à une taxe révolutionnaire de 967 000 livres. Le 13 brumaire an II (= 3 novembre 1793), sur proposition de Monet ©, maire de Strasbourg, il devint membre de la commission provisoire du District de Strasbourg, dont il fut le président. Aucun des nombreux autres « Allemands » n’atteignit une fonction aussi importante dans l’administration révolutionnaire de l’Alsace. Sur ordre des représentants Baudot et Lacoste, en même temps que d’autres Jacobins français et allemands, il fut arrêté dans la nuit du 21 nivôse an II (= 10 janvier 1794), mais déjà malade, il fut maintenu aux arrêts à son domicile, 2 rue Brûlée. Le motif de son arrestation fut son attitude critique envers les Jacobins parisiens, mais ce fut surtout la xénophobie consécutive à la psychose du complot des étrangers qui en fut la cause réelle. Peu de temps après, le maire Monet parlera de complot des étrangers dans le Bas-Rhin, une pure invention de la Terreur jacobine. Klauer compte parmi les personnalités les plus intéressantes de ce groupe de « Jacobins allemands » qui fait l’objet de nouvelles recherches depuis peu. Ses deux écrits strasbourgeois le placent au faîte du jacobinisme allemand.
« Der Kreuzzug gegen die Franken. Eine patriotische Rede, welche in der deutschen Reichsversammlung gehalten », Geschichte der gegenwärtigen Zeit, Strasbourg, supplément du 18 juin 1791 ; « Allgemeiner Aufstand oder vertrauliches Sendschreiben an die benachbarten Völker um sie zu einer heiligen und heilsamen Empdrung aufzumuntern », Geschichte der gegenwärtigen Zeit, Strasbourg, supplément du 31 août 1791 (reprint : Clauer, Allgemeiner Aufstand, Paris-Strasbourg-Reutlingen-Prague, 1992).
G. W. Engels, « Karl Clauer. Bemerkungen zum Leben und zu den Schriften eines deutschen Jakobiners », Jahrbuch des Instituts fur deutsche Geschichte (Tel Aviv) 2, 1973, p. 101-144 ; H. G. Haasis, Gebt der Freiheit Flügel, II, Reinbeck, 1988, p. 854-879.
Hellmut G. Haasis (1993)