Skip to main content

KIRRMANN Albert

chimiste, directeur de l’École normale supérieure, (Pl) (★ Strasbourg 28.6.1900 † Paris XIVe 3.10.1974). Fils d’Émile Kirrmann, horloger, et d’Eugénie Mélanie Woelflin. ∞ 8.10.1927 à Strasbourg Suzanne Adeline Mélanie Pinet ; 1 fils. De vieille souche strasbourgeoise, après des études secondaires au Gymnase protestant de Strasbourg, Kirrmann commença en 1918 des études de médecine à l’Université de Strasbourg. En 1919, Kirrmann fut l’un des premiers Alsaciens admis sans concours à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm à Paris et s’orienta définitivement vers la chimie. Agrégé préparateur en 1923 au laboratoire du professeur Lespiau, il soutint en 1928 une thèse intitulée : Recherches sur les aldéhydes ? bromés et quelques-uns de leurs dérivés. De cette époque date son intérêt pour la chimie théorique et les mécanismes réactionnels, concrétisé par une publication (avec son ami Charles Prévost) : « Essai d’une théorie ionique des réactions organiques ». En 1928-1929, comme boursier Rockfeller, Kirrmann officia au laboratoire de Hans Fischer (Prix Nobel de Chimie 1931) où il s’initia à la chimie biologique (chimie des porphyrines). Nommé en 1930 maître de conférences à l’Université de Bordeaux, Kirrmann y enseigna la chimie minérale et la chimie physique jusqu’en 1934, date à laquelle il fut nommé professeur titulaire de la chaire de chimie organique à Strasbourg, poste qu’il occupa jusqu’en 1954. Durant la Deuxième Guerre mondiale, Kirrmann fut mobilisé en 1939-1940 comme lieutenant d’artillerie à l’État-Major de l’Armée. Démobilisé en 1940, il rejoignit l’Université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand. Arrêté par la Gestapo en novembre 1943, il fut déporté au camp de Buchenwald jusqu’en avril 1945. Après sa libération, il reprit sa place au sein de l’Université de Strasbourg, son enseignement et ses recherches. Son élection comme doyen de la faculté des Sciences (1947-1950) ne diminua en rien son intense activité scientifique. Appelé à la direction de l’École normale supérieure en 1955, Kirrmann accepta cette tâche qu’il jugeait « dure et exaltante ». En effet, à côté de ses obligations d’administrateur, Kirrmann continua à diriger un laboratoire très bien équipé comprenant plus d’une centaine de chercheurs. En 1970, Kirrmann prit sa retraite, mais il continua jusqu’à son décès à s’occuper des jeunes chercheurs de son laboratoire. Officier de l’Instruction publique (1946), chevalier (1947) puis officier (1958) de la Légion d’honneur. Divers prix ont couronné sa carrière scientifique : prix de La Charlonie, Académie des Sciences (1943), H. de Parville, Académie des Sciences (1948), Jecker (1951) et Prix international des 3 physiciens – honneur unique pour un chimiste (1969).

Plus d’une centaine de publications (réunies en un volume de 900 pages !) résument l’ensemble des travaux d’Albert Kirrmann Ces travaux ont porté sur des domaines aussi variés que les influences réciproques des fonctions dans les mécanismes réactionnels, la cinétique chimique, les études de réactions par polarographie, spectroscopie UV, Raman, IR, la synthèse des composés à longue chaîne, l’étude d’hétérocycles oxygénés. Plusieurs ouvrages pédagogiques ont marqué des générations de chimistes organiciens, dont : La chimie d’hier et d’aujourd’hui, Paris, 1928 ; « La chimie avant Lavoisier », La Science et ses applications, Paris, 1933 ; Chimie organique, Paris, 1952 ; Chimie organique (en collaboration avec J. Cantacuzène et P. Duhamel), Paris, 1971, 3 vol.

Notice individuelle, 1954, conservée à l’École normale supérieure ; Bulletin de la Société des amis de l’École normale supérieure, n » 118, juin 1970, p. 8-13 ; Journal des élèves de l’ENSCS, 1975 ; Le Déporté, 1975.

Iconographie : une médaille d’Albert Kirrmann frappée par la Monnaie de Paris en 1970.

Mathilde Brini (1993)