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KIENER

Famille d’industriels (Pl) originaire de Riquewihr, dont la filiation sûre remonte à Mathis Simont, cité dans cette ville de 1458 à 1481. Son fils Clawin Küner, Cüne, dit Symon en 1492, ∞ 1466 Barbara zum Bach, de Turckheim. Leur fils Hans Küner († 1530) était bourgmestre de Riquewihr en 1521. Dès lors, chaque génération a compté au moins un membre parmi les édiles municipaux et la famille ne tarda pas à former plusieurs branches. De 1584 au XVIIIe siècle, elle tint de l’abbaye d’Ettenheimmünster, Bade, le fief du Wasserhaus am Niederau, à Colmar (Archives départementales du Bas-Rhin, G 3532). Elle donna avant la Révolution des tonneliers, des chirurgiens, et c’est un maître d’école, père de famille nombreuse, qui est à l’origine de son illustration à compter du XIXe siècle.

Christian Wolff (1993)

  1. Georges David,

négociant et fabricant (★ Colmar 5.1.1743 † Colmar 8.4.1832). Fils d’André Kiener, négociant à Colmar, et de Marie Barbe Harder. ∞ 22.8.1768 à Colmar Anne Marie Schrick, fille de Jean Adam Schrick, orfèvre à Colmar, et de Marie Barbe Wobrowski. Négociant à Colmar, il prit à bail en 1769 la papeterie de Luttenbach près de Munster, appartenant au major Jean Georges Feer, de Mulhouse. Ayant prospéré dans cette branche, il acheta cet établissement pour la somme de 25.000 livres le 28 février 1775. Par ailleurs, Kiener fut élu le 7 août 1789 parmi les membres de la toute première municipalité de Colmar. Il fit partie en 1794 de la Société jacobine locale, et en 1811 de la loge maçonnique La Concorde. Avant de se retirer des affaires, Kiener avait fait de son établissement, pour un temps, la plus importante papeterie d’Alsace, employant plus d’une centaine d’ouvriers au début du XIXe siècle.

Archives départementales du Haut-Rhin, 4E Notariat Colmar, étude Werner, 28.2.1775.

  1. Jean,

industriel (★ Hunawihr 10 ventôse an II = 28.2.1794 † Gunsbach 18.3.1875). Fils de Jean Kiener, pasteur, et de Marguerite Sophie Jaeglin. ∞ 11.7.1837 à Colmar Caroline Schmutz, fille de Philippe Emmanuel Schmutz fils, brasseur à Colmar, et de Marie Salomé Geistodt. Ayant racheté les anciens bâtiments du hameau de La Forge près de Walbach, mais dépendant de la commune de Wintzenheim, il y fonda en 1819 la firme Jean Kiener Fils pour exploiter des filatures et tissages de coton, puis également d’autres entreprises : fabrique d’outillage agricole, moulin, etc. Les établissements se situaient à La Forge, Gunsbach, Wihr-au-Val, Turckheim, Kaysersberg, et plus tard même au Ménil, Vosges.

Annuaire SOGENAL des firmes d’Alsace et de Moselle, 1935, p. 145.

  1. Jean,

conseiller général, manufacturier et agronome (★ Gunsbach 23.2.1838 † Wiesbaden, Allemagne, 12.11.1895). Fils de 2. ∞ 17.2.1872 à Ribeauvillé Cécile Weisgerber, fille de Frédéric Louis Weisgerber, manufacturier à Ribeauvillé. Entré dans l’entreprise paternelle, il en prit la direction financière. Passionné d’agronomie, il établit à La Forge une ferme modèle où il se livra à des recherches sur l’amélioration de la race chevaline et sur l’incubation artificielle dans l’élevage des volailles. Il développa également l’utilisation des engrais chimiques. Membre de la Société des agronomes de France, il publia divers travaux dans le Journal de l’agriculture et la Revue des haras notamment. Conseiller général du canton de Munster de 1873 à 1882, il fut également député au Landesausschuss de Strasbourg de 1874 à 1882. Il entra ensuite comme associé dans la firme Weisgerber Frères, exploitant un important tissage de coton à Ribeauvillé, mais resta membre du Landwirtschaftsrat (Conseil de l’agriculture).

Biographies alsaciennes, IV, 1888 ; Ch. Grad, Jean Kiener, manufacturier et agronome, Colmar, 1888 ; François Igersheim, L’Alsace des notables, 1870-1914, Strasbourg, 1981, p. 265-266 ; R. Schmitt, « Visages et silhouettes de la vallée de Munster », Saisons d’Alsace, n° 70, 1979, p. 61 ; Encyclopédie de l’Alsace, VII, 1984, p. 4459-4460.

  1. Jean Jacques,

manufacturier (★ Muntzenheim 17.9.1792 † Colmar 5.9.1841). Fils de Jean Kiener, maître d’école à Hunawihr puis à Muntzenheim, et de Marie Suzanne Flach. ∞ 12.7.1820 à Colmar Louise Frédérique Kuhlmann, fille de Georges Chrétien Kuhlmann, géomètre, et de Marie Salomé Hochstetter. Manufacturier à Lille, associé à la puissante firme créée par le Colmarien Chrétien Frédéric Kuhlmann ©, son beau-frère, il fut aussi négociant en toiles à Colmar, où il fut juge au Tribunal de commerce.

  1. Jean André,

manufacturier, président du Tribunal de commerce (★ Hunawihr 13 germinal an IX = 3.4.1801 † Colmar 27.11.1871). Frère de 4. ∞ 2.5.1828 à Riquewihr Marie Salomé Bipper, fille de Jean Daniel Bipper, propriétaire, et de Marie Salomé Kiener. À l’issue de ses études secondaires à Ribeauvillé, Kiener effectua un stage aux houillères de Ronchamp, puis aux grands établissements textiles Kuhlmann à Lille, où l’avait appelé son frère aîné Jean Jacques © 4. Établi à Colmar en 1829, Kiener s’associa avec des membres de sa famille pour exploiter une centaine de métiers à tisser à bras à Grussenheim et à Oberhergheim. Le 30 juin1830, il fit l’acquisition du grand moulin dit Mittlachmühle à Colmar, pour y établir un tissage de coton doté de 100 puis de 200 métiers actionnés par roue hydraulique. Devenu juge au Tribunal de commerce de Colmar le 31 mai 1841, il en fut le président du 20 août 1843 jusqu’à la guerre de 1870. Kiener fut par ailleurs membre de la Chambre consultative des Arts et Manufactures de l’arrondissement de Colmar, président du Comptoir d’escompte de Colmar, promoteur du canal de Colmar reliant le port fluvial local au canal du Rhône au Rhin et inauguré en 1864, enfin conseiller municipal de Colmar du 14 juillet 1846 jusqu’à la guerre de 1870. En 1866, il laissa la direction de son entreprise textile à ses fils Jean Daniel Théophile (★ Colmar 15.9.1834) et André Frédéric Émile © 8. Chevalier de la Légion d’honneur.

R. Descombes, « Il y a cent ans, l’inauguration du canal de Colmar », Annuaire de la Société historique et littéraire de Colmar, 1964, p. 112 ; L’Alsace des 24-26.5.1978.

  1. Christian Henri,

sénateur, député, conseiller général, maire d’Épinal, industriel (★ Hunawihr 16.11.1807 † Paris 23.3.1896). Frère de 5. ∞ 1832 Frédérique Élise Louise Deckherr (★ Montbéliard 23.8.1814 † 10.4.1880). D’abord partenaire de l’entreprise colmarienne A. Kiener & Cie, il racheta et dirigea une filature de coton à Monthureux-sur-Saône, Vosges, en 1837, puis en créa une autre en 1856 à Éloyes, Vosges, où il s’établit de 1858 à 1867, avant de transférer son domicile à Épinal. Sur le plan politique, Kiener fut successivement adjoint au maire de Monthureux, maire d’Éloyes, maire d’Épinal (de décembre 1866 à avril 1871), député des Vosges, conseiller général du canton de Monthureux (1871-1886), sénateur des Vosges (1882-1896).

Robert, dir., Dictionnaire des Parlementaires français comprenant tous les membres des Assemblées françaises et tous les ministres français 1789-1889, III, 1891, p. 464 ; Jolly, dir., Dictionnaire des Parlementaires français 1889-1940, VI, 1970, p. 2055 ; Tableau généalogique de la famille Kiener, Colmar, 1974 (exemplaire déposé aux Archives municipales de Colmar) ; M.-F. et J.-F. Michel, Monthureux-sur-Saône 1789-1914. Entre la terre et la fabrique, 1981 ; M.-F. Michel, « La guerre de 1870 à Épinal vue par son maire », Annales de la Société d’émulation des Vosges, 1983 ; Les Vosgiens célèbres, Vogney, 1990, p. 212.

Jean-Marie Schmitt (1993)

  1. Théodore,

manufacturier, banquier (★ Colmar 14.9.1822 † Lille, Nord, 15.11.1871). Fils de 4. ∞ 1852 Pauline Kuhlmann, sa cousine germaine ; 10 enfants. Il fit des études à Strasbourg puis fut pris en charge par son oncle Frédéric Kuhlmann dans ses usines. Il poursuivit des études de chimie et de sciences physiques tout en perfectionnant l’anglais. Il vendit en 1844 à la famille Herzog la filature du Logelbach créée par son père et s’installa définitivement à Lille. On lui confia la direction du Comptoir d’escompte fondé par Rouze-Maton et Kuhlmann. De la « façon la plus heureuse », il liquida cette banque et fonda en 1847 la Société de crédit industriel et de dépôts du Nord qui se développa très rapidement pour devenir une grande banque française. Il n’oublia pas ses attaches alsaciennes et s’associa à son beau-frère Geistodt-Kiener dans un tissage situé à Vieux-Charmont, Doubs, racheté à la famille Bipper-Kiener avec le souci permanent de moderniser les usines pour faire face à la concurrence. Juge au Tribunal de commerce de Lille. Administrateur de la Manufacture des produits chimiques du Nord.Une avenue porte son nom à Loos-les-Lille.

Frédéric Geistodt-Kiener (1993)

  1. André Frédéric Émile,

manufacturier (★ Lille 2.3.1829 † Colmar 28.4.1872). Fils de 5. ∞ Barbe Caroline Kiener, fille de Jean-Jacques Kiener, garde général des forêts, et de Caroline Barbe Kessler. Un des chefs des établissements Kiener à Colmar, il dirigea les tissages après le retrait de son père en 1866. Très affecté par le sort de l’Alsace à l’issue de la guerre de 1870, il décéda prématurément.

Tableau généalogique…, op. cit. ; L. Sittler, « La région colmarienne de 1800 à 1870 », Annuaire de la Société historique et littéraire de Colmar, 1970, p. 81, portrait.

  1. André Émile,

industriel, président de la Chambre de commerce, membre du Landtag (★ Colmar 21.4.1859 † Colmar 26.8.1928). Fils de 8. ∞ 16.3.1882 à Mulhouse Lucie de Stetten (★ Mulhouse 6.9.1858 † Colmar 23.12.1941), fille de Frédéric Gustave Alexandre, baron de Stetten, négociant à Mulhouse, et d’Eugénie Heilmann, petite-fille de Josué Heilmann ©, dont les inventions ont tant profité à l’industrie textile en général. Après des études secondaires au collège de Sainte-Marie-aux-Mines, Kiener suivit les cours de l’École de filature et de tissage de Mulhouse, puis effectua un stage pratique dans la manufacture dirigée par son oncle Christian Henri Kiener à Éloyes, Vosges. Dès 1880, il prit la tête des établissements A. Kiener & Cie à Colmar, dont une partie des ateliers fut ravagée par un incendie en 1886. Kiener entreprit de reconstruire et d’agrandir l’entreprise, qui fut reconvertie dans le tissage de la laine et connut une extension considérable : construction d’une teinturerie et d’un atelier d’apprêt (1897), d’une filature de laine peignée (1902), d’un peignage, d’un retordage et d’une filature de laine cardée (1920). À la veille de la grande crise économique, les établissements Kiener étaient devenus une entreprise intégrée, traitant de la laine brute jusqu’au tissu fini, et représentait l’un des plus vastes complexes manufacturiers de la région. Entré au conseil municipal de Colmar en 1896, Kiener devint premier adjoint au maire en 1902 et conserva ce poste jusqu’en 1908. Membre de la Chambre de commerce et d’industrie de Colmar à partir de 1901, il en devint le président le 21 octobre 1905 et le resta jusqu’à son décès. En 1911, il fut élu à la Chambre haute du Landtag d’Alsace-Lorraine. Il fit notamment bâtir le nouvel hôtel de la Chambre de commerce, place de la Gare à Colmar, mais décéda avant son inauguration (1930). Conseiller du commerce extérieur de la France, Kiener fut délégué à titre d’expert à la conférence économique de Genève (1927). Il fut aussi administrateur de la Banque de France et membre du Conseil supérieur de l’enseignement technique. Par ailleurs, il fut vice-président du Syndicat industriel alsacien, président du Syndicat des tisseurs de laine alsaciens, membre du comité central de la laine, membre du comité directeur de la Corporation textile et des industries chimiques. Sur le plan local, Kiener fut président du Conseil de prud’hommes, juge au Tribunal de commerce, membre du Consistoire de la Confession d’Augsbourg. Enfin, il était administrateur de nombreuses affaires : gérant de la Société en commandite A. Kiener & Cie, président du conseil d’administration de la Filature de Colmar, et membre du conseil d’administration : des Chemins de fer d’Alsace et de Lorraine, de la Société d’exportation Gros-Roman, de la Société anonyme de mines et d’électricité, des établissements Heilmann-Koechlin & Desaulles à Mulhouse, de la Soie artificielle d’Alsace à Colmar, de la Banque d’Alsace et de Lorraine, de la Compagnie générale d’assurance Rhin et Moselle, de la Société anonyme de crédit immobilier du Haut-Rhin pour la construction d’habitations à bon marché (ancêtre des H.L.M.). Chevalier de la Légion d’honneur.

André Émile Kiener, 1859-1928, Colmar, 1928 ; L’Alsace des 8.11.1975 et 24-26.5.1978 ; François Igersheim, L’Alsace des notables, 1870-1914, Strasbourg, 1981, p. 265.

Jean-Marie Schmitt (1993)

  1. Léon,

conseiller général du Bas-Rhin (★ Soultz-sous-Forêts 16.12.1871 † SouItz-sous-Forêts 19.11.1921). Fils de Théophile Léon Kiener, de Colmar, notaire, et de Madeleine Rempp, fille d’un ancien maire de Soultz-sous-Forêts. ∞ 17.4.1915 à Soultz-sous-Forêts Jeanne Marguerite Jaeger, fille d’Édouard Ernest Chrétien Jaeger, pharmacien, et de Marguerite Korn, fille de l’ingénieur général Frédéric Philippe Korn ©. Notaire à Soultz-sous-Forêts à la suite de son père, secrétaire de la Chambre des notaires de l’arrondissement
judiciaire de Strasbourg (1908-1911). Conseiller général du canton de Soultz-sous-Forêts de 1919 à sa mort.

P. Romane-Musculus, Généalogie Musculus, Ms dactyl., 1970, aux Archives départementales du Bas-Rhin ; Himly, Chronologie de la Basse Alsace, Strasbourg, 1972, p. 336 ; Fr. Lotz, Le notariat alsacien de 1800 à nos jours, Kaysersberg, 1989, p. 150.

Christian Wolff (1993)

  1. Fritz,

professeur, historien, conseiller général (★ Soultz-sous-Forêts 7.3.1874 † Clermont-Ferrand 4.11.1942). Frère de 10. ∞ 2.5.1925 à Strasbourg Emma Thérèse Schneegans (★ Strasbourg 15.3.1890 † Strasbourg 9.3.1958), fille de Charles Frédéric Schneegans, médecin, et de Sophie Mathilde Rufenacht ; sœur de l’archéologue Charles Schneegans ©. Il passa son enfance à Soultz puis fit des études secondaires au Gymnase de Wissembourg, où il passa l’Abitur (1892). Il fit des études supérieures en histoire d’abord à Strasbourg, puis à Munich, Leipzig et Berlin sous des maîtres éminents tels que Delbrück, Lamprecht, Schmoller, Treitschke. À Berlin, son maître Scheffer-Boichhorst l’encouragea à faire sa thèse de doctorat sur les institutions de la Provence médiévale. Entre-temps, Kiener était allé à Paris où il suivit en Sorbonne les cours de Lavisse, Rambaud, Seignobos, et à l’École pratique des Hautes Études ceux de son compatriote Rodolphe Reuss ©. La variété de ses études assura à Kiener une parfaite maîtrise des deux langues et une initiation sérieuse aux littératures des deux pays. Après des recherches dans les archives provençales, Kiener soutint à Berlin sa thèse sur la Provence (1899) en présence de Wilhelm Mommsen, puis il s’établit à Strasbourg et se consacra dès lors exclusivement à l’histoire de l’Alsace. En vue d’un doctorat « habilité », qui seul assurait l’accès à une université, il choisit comme thème les institutions des territoires de l’évêché de Strasbourg au Moyen Age ; il en termina la première partie en 1904, ce qui lui valut d’être nommé Privat-Dozent à l’Université de Strasbourg. Mais il ne publia cette première partie qu’en 1912 et fut alors nommé professeur. Il ne devait jamais achever sa thèse : il était en effet paralysé dans sa production par un excès de scrupules, par un esprit méticuleux et perfectionniste, qui lui faisait toujours ajourner le point final, et il était handicapé au surplus par une santé médiocre. Il ne publia plus dès lors que des articles d’une trentaine de pages au maximum, toujours solidement médités, parfois préparés par une conférence sur le sujet. Avant 1914, parlant le français en famille et réfléchissant en allemand pour ses travaux scientifiques, Kiener consacra beaucoup de temps aux débats sur l’identité alsacienne, en particulier en rapport avec le cercle de P. Bucher ©, F. Dollinger ©, Ch. Spindler © et W. Wittich ©. Après la guerre de 1914, Kiener fut nommé professeur de sciences auxiliaires à la faculté des Lettres de Strasbourg. En outre, il siégea au Conseil supérieur d’Alsace et de Lorraine et les électeurs du canton de Soultz-sous-Forêts le choisirent comme délégué au Conseil général du Bas-Rhin (1922-1928). En 1927, il remplaça à la chaire d’histoire d’Alsace Christian Pfister ©, appelé au rectorat. La même année, il fondait avec E. Champeaux © la collection d’Études sur le droit et les institutions de l’Alsace, qui comptait 18 volumes en 1939. À partir de 1935, en tant que membre de la seconde Fédération des sociétés d’histoire et d’archéologie d’Alsace, il fonda, grâce au soutien de l’abbé Gromer ©, le Centre de recherches historiques alsaciennes financé par les deux conseils généraux alsaciens, ce qui provoqua par contrecoup la création de l’Institut des hautes études alsaciennes à l’Université. À côté de ses occupations professionnelles, Kiener s’intéressait fort à la vie politique de sa petite patrie. Il fut choqué par la volonté d’assimilation du Cartel des Gauches en 1924, notamment en matière religieuse. Il fut scandalisé par le procès de Colmar intenté en 1928 par le gouvernement contre les autonomistes, et surtout par la condamnation de plusieurs d’entre eux ; il était d’ailleurs en relation avec des régionalistes français tels que le maréchal Lyautey, le comte de Pange et le journaliste Claude Bourdet. Dans un article de la Revue des Vivants, il exprimait nettement son sentiment et proposait le rétablissement du commissariat général, supprimé en 1925, avec à sa tête une personnalité prestigieuse qui pouvait être le maréchal Lyautey. Il ne fut pas écouté et ne changea plus d’opinion : à la veille de la guerre, il publiait dans une revue suisse une étude déplorant les erreurs de la politique française en Alsace. En 1939, Kiener se replia à Clermont-Ferrand avec l’Université de Strasbourg et y mourut trois ans plus tard à la suite d’une longue maladie. Ses articles les plus remarqués restent celui sur la bourgeoisie alsacienne et celui sur les châteaux forts alsaciens. Sa femme Thérèse Kiener fit toute sa carrière à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg de 1919 à 1957, d’abord comme bibliothécaire, puis comme conservateur. Le 25 novembre 1943, elle fut arrêtée à Clermont par les Allemands avec les professeurs strasbourgeois repliés et resta emprisonnée pendant deux mois. Revenue à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg en 1945, elle mourut moins d’un an après avoir pris sa retraite.

Verfassungsgeschichte der Provence seit der Ostgothenherrschaft bis zur Errichtung der Konsulate (510-1290), 1900, VII- 295 p. ; « Édouard Schuré », Revue alsacienne illustrée, III, 1901, p. 1-25 ; « Zur Geschichte des Bauernkrieges am Oberrhein », Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, 58, 1904, p. 479-507 ; « Zur Geschichte Strassburgs. Betrachtungen und Vorbemerkungen », Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, 63, 1909, p. 430-444 ; Die elsässische Bourgeoisie, Revue alsacienne illustrée, XI, 1909, p. 68-78, 103-112, la traduction française, par E. Herrmann, parut dans le Journal d’Alsace-Lorraine du 25.4. au 7.8.1909 et à part, 32 p. ; Studien zur Verfassung des Territoriums der Bischöfe von Strassburg. 1. Teil : Die Gebietsherrschaft Leipzig, 1912, VIII-149 p. ; « Le problème historique des châteaux-forts en Alsace », La Vie en Alsace, 1925, p. 21-31, rééd. avec bibliographie dans la Revue d’Alsace, 88, 1948, p. 5-23 ; « Essai sur la formation historique du Bas-Rhin. Civitas, landgraviat, département », Annuaire administratif du département du Bas-Rhin, 1928, p. 5-12 ; « L’Alsace après le verdict de Colmar », Revue des Vivants 2, 1928, p. 49-70 ; « Woran leidet Frankreich. Bemerkungen eines Elsässers », Schweizer Monatshefte 19, 1939, p. 1-20 ; « Le duc Étichon et les Étichonides », Publications de la Faculté des Lettres de Strasbourg, fascicule 104, Strasbourg, 1945, p. 57-64 ; « L’Humanisme alsacien », ibidem, p. 93-10. En outre, il écrivit de nombreux comptes rendus sur des ouvrages nouveaux relatifs au Moyen Age alsacien dans les six volumes de la Bibliographie alsacienne publiés par la Faculté des Lettres de 1922 à 1938.

Travaux de l’Université de Strasbourg pendant l’année scolaire 1921-1922. Rapport de Chr. Pfister, Doyen de la Faculté des Lettres…, Strasbourg, 1922-1923, p. 123-124 ; R. Holtzmann, « Nachruf Fritz Kiener », Historische Zeitschrift 168, 1943, p. 222-223 ; idem, « Fritz Kiener », Revue historique 194, 1944, p. 94-95 ; Ch.-E. Perrin, « Fritz Kiener », Publications de la Faculté des Lettres de Strasbourg, fascicule 103, Strasbourg, 1947, p. 99- 117, portrait ; Himly, Chronologie de la Basse Alsace, Strasbourg, 1972, p. 305, 336 ; A.-L. Kiener, « Un Soultzois historien de l’Alsace, « Fritz Kiener », L’Outre-Forêt 30, 1980, p. 6-9, portrait, suivi de J. Rott, Ses publications, ibidem, p. 9-11 ; Encyclopédie de l’Alsace, VII, 1984, p. 4459. Sur Thérèse Kiener : J. Delsaux, « Nécrologie, Th. Kiener », Bulletin des bibliothèques de France 3, 1958, p. 280-281.

Philippe Dollinger (1993)