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KIEFFER Jean Daniel

Orientaliste, (Pl) (★ Strasbourg 4.5.1767 † Paris VIe 31.1.1833).

Fils de Jean Frédéric Kieffer, mesureur de grains, préposé au grenier à blé du chapitre de Saint-Thomas, et d’Ève Ott, de Barr. ∞ 4.3.1804 à Paris Xe Louise Rosenstiel (★ Versailles 4.3.1785 † Paris VIe 28.3.1857), fille de Henri Rosenstiel ©, chef de division et publiciste du ministère des Affaires étrangères, et de Louise Weyland. Étudia à Strasbourg et fut l’élève de Jérémie Jacques Oberlin ©, de Schweighaeuser © et même de J.-F. Dahler © (selon Sitzmann) pourtant de 7 ans seulement plus âgé que lui. Docteur en 1787. Destiné d’abord au ministère évangélique, s’intéressa aux langues orientales et devint le 23 novembre 1794 traducteur au secrétariat du Comité du Salut public. Deuxième secrétaire-interprète à l’ambassade de France à Constantinople le 3 mars 1796, il devint l’ami de Pierre Ruffin, un des meilleurs spécialistes français du Levant ; ils furent enfermés au Château des Sept Tours (de 1798 à 1801), après la rupture des relations diplomatiques entre la France et la Turquie lors de l’expédition de Bonaparte en Égypte. Cette captivité fut mise à profit par Kieffer pour approfondir ses études orientales. Lors de la reprise des relations diplomatiques, il retourna en France avec l’ambassadeur turc Halet Effendi. Il arriva à Paris, via Strasbourg, le 22 septembre 1803 et reprit sa place de secrétaire-interprète traduisant en turc les bulletins de la Grande Armée de 1805, 1806, 1807, les traités de Tilsitt et les lettres adressées aux princes orientaux et barbaresques. Nommé premier interprète le 9 novembre 1819, il fut mis à la retraite en septembre 1829, époque où, bien loin de tomber en disgrâce (Michel Richard), il fut reçu en audience par Charles X. En fait, depuis le 11 novembre 1805, il suppléait Pierre Ruffin comme professeur de turc au Collège de France avec l’appui de Talleyrand, puis fut titulaire par ordonnance royale du 11 septembre 1822 après la démission de P. Ruffin jusqu’à sa mort. Il élabora un dictionnaire turc-français, œuvre importante et de longue haleine vivement encouragée par P. Ruffin, Talleyrand et de Hauterive, mais dont la publication n’advint pas de son vivant. Dans les dernières années de sa vie, il se consacra presque exclusivement « à l’œuvre immense de traduire la Bible en turc » ; la diffusion de la Bible devint l’un des principaux buts de sa vie. Selon H. Dehérain, « l’apôtre l’emporta graduellement sur le savant ». Membre de la Société asiatique, il en fut vice-président en 1831. De 1820 à 1832, agent pour la France de la Société biblique britannique et étrangère. De 1818 à 1832, assesseur et censeur de la Société biblique protestante de Paris. En 1822, censeur et membre fondateur de la Société des missions évangéliques de Paris, membre du comité de la Société pour l’encouragement de l’instruction primaire parmi les protestants de France. On sait que Kieffer revint en vacances à Strasbourg en 1808 puis le 6 juillet 1820, lorsqu’il accompagna à la frontière d’Alsace l’envoyé persan de retour de Paris (Courrier du Bas-Rhin du 9 juillet 1820). Rappelant à Guizot, le 28 mars 1833, qu’il avait favorisé les relations du défunt avec la Société biblique de Londres et la propagation de la Bible dans les écoles primaires, sa veuve se vit allouer par un arrêté du 8 avril 1833 une indemnité de 500 francs versée jusqu’à son décès, provenant des fonds spéciaux du ministère de l’Intérieur et destinée à l’acquittement des indemnités annuelles scientifiques et littéraires. Ayant remis à T.-X. Bianchi le manuscrit du dictionnaire turc-français de son mari, elle sollicita également une aide du ministère le 10 novembre 1835 lors de l’impression du second volume de cette œuvre : Dictionnaire turc-français à l’usage des agents diplomatiques et consulaires, des commerçants, des navigateurs et autres voyageurs dans le Levant, par J.-D. Kieffer et T.-X. Bianchi. On ne sait pas ce que sont devenus les papiers scientifiques et les archives privées de Kieffer. Pas de portrait connu.

Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 27 ; H. Dehérain, « Un orientaliste alsacien Daniel Kieffer », Bulletin de la société de géographie, 1920 ; idem, La vie de Pierre Ruffin, II, Paris, 1930, p. 161-169 ; J.-J.-R. de Cambacérès, Lettres inédites à Napoléon 1802-1814, I, Paris, 1973, p. 417, 420, 424 ; M. Richard, « Les membres laïques du Consistoire luthérien de Paris de 1808 à 1848 », Bulletin de la Société d’histoire du protestantisme français, XXVII, 1981, p. 631-633, 644.

Marc Lang (1993)