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KIEFFER Fritz

Imprimeur et collectionneur d’uniformes et d’armes, (Pl) (★ Strasbourg 20.10.1854 † Strasbourg 29.10.1933).

Fils de Guillaume Frédéric Kieffer, chef de bureau à la mairie, et de Sophie-Frédéric Zahn, fille de fondeur, ∞ 15.8.1878 à Strasbourg Berthe Fischbach (★ 12.2.1855 † 19.7.1902), sœur de Gustave Fischbach ©. Entré à l’Imprimerie alsacienne (rue de la Nuée Bleue), il en partagea, du vivant de son beau-père Gustave Fischbach, puis à la mort de celui-ci, en assura seul la direction. Administrateur du Journal d’Alsace et de Lorraine, juge au tribunal de commerce, président de sociétés de gymnastique, de musique et de chant. Il avait participé, âgé de 16 ans, aux côtés de son père, à la défense de Strasbourg en 1870 en luttant contre les incendies provoqués par les bombardements allemands, ce qui lui valut la médaille au ruban vert-noir en 1913. Il publia quelques articles sur le vieux-Strasbourg dans La vie en Alsace. Il participa au comité des fêtes de la ville et ressuscita la foire Saint-Jean. Son engagement pour la ville lui valut le surnom « d’immortel Strasbourgeois » donné par Claude Odilé. Tout en restant à Strasbourg après 1871, Kieffer témoigna d’une francophilie engagée, à travers de nombreuses activités. En qualité de directeur de l’Imprimerie Alsacienne, il publia de nombreuses planches de soldats français, ainsi que Les Récits militaires d’Alsace du colonel Veling, en favorisant la musique française à Strasbourg à travers l’Union Chorale (rendez-vous du tout Strasbourg français) qu’il présida. Ami d’Auguste Michel © mais aussi de Coquelin et de Sarah Bernhardt, il manifesta de l’intérêt pour le théâtre français en organisant des spectacles à Strasbourg avec le concours de l’Opéra-comique (Albert Carré) et de la Comédie Française (J. Claretie). Placé en résidence surveillée à partir de mars 1915 et jusqu’en octobre 1918, d’abord à Cassel puis à Ober-Weissbach, en Thuringe, il créa le 23 octobre, peu après son retour, le comité central de réception des Français à Strasbourg avec Maringer ©, Gouraud © et Vandenberg, le 25 novembre Pétain et Castelnau, le 27 novembre Foch et enfin le 9 décembre 1918 Poincaré et Clemenceau. Par la suite, Kieffer organisa tous les 14 juillet, une fête qu’il appelait familièrement la Saint-Gouraud avec spectacle et défilé dans des costumes divers. Chez lui, il possédait une assiette accrochée au mur avec une cathédrale, un coq dressé sur un canon français et la légende « Il chantera en… » (la date n’y figurait pas encore), assiette dont un exemplaire se trouve au Musée historique de Strasbourg. Le « musée du souvenir », constitué de plus de 160 uniformes portés par des Alsaciens au service de la France, de 1800 pièces militaires : drapeaux, armes, coiffures, décorations, mais aussi de 6 000 petits soldats français découpés et montés dont certains ont été peints par Fritz Kieffer lui-même, portant sur le Premier Empire, la période 1830 et celle de 1848, des tableaux militaires, ses souvenirs personnels rassemblés au cours de nombreux voyages à travers le monde, etc., a été fondé par Kieffer et montré au public dès juillet 1912 pendant une semaine dans son hôtel particulier 1, allée de la Robertsau. Par diplomatie, elle comportait également quelques panoplies et casques allemands. Offerte dès 1919 à l’intention du futur Musée historique de Strasbourg, Kieffer en fit don au Musée de l’Armée (section Strasbourg) le 24 novembre 1930 et l’ouvrit au public chez lui en 1931. Transféré au Musée historique en 1935, cette collection a enrichi considérablement celles de ce musée historique de Strasbourg concernant les dernières décennies du XIXe siècle et les premières du XXe siècle. K. organisa en outre plusieurs expositions de soldats en y associant d’autres collections privées, en 1922 à l’Hôtel de ville, 1928 et en 1931 au Wacken lors de la foire Saint-Jean, et présenta son « musée de l’Armée » à Metz en 1931. Réputé pour son humour et ses talents d’orateur, Kieffer fut sensible aux honneurs. Commandeur de la Légion d’honneur le 19 mars 1931 ; médaille d’or de la Prévoyance sociale  médaille de bronze de la Mutualité ; officier d’Académie en 1898 ; médaille de la Fidélité française, 4 étoiles ; médaille d’argent du Souvenir Français en 1905 ; lauréat de l’Académie française en 1907 ; officier de l’Instruction publique ; médaille d’or du Travail en 1928, commandeur du Nichan Iftikar en 1925 ; commandeur du Nichan El Anouar ; officier de l’Étoile noire du Bénin en 1898 ; commandeur du Medjidié ; officier de l’ordre de Léopold de Belgique ; chevalier de l’ordre de Sain Sava de Serbie ; officier de l’ordre de Bulgarie.

La Vie en Alsace, 1932, p. 145, 1933, p. 1, 49 et 107, 12, 1934, p. 117-118, 1933, p. 250 ; Dernières Nouvelles d’Alsace du 24.11.1930.

Monique Fuchs (2006)