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KEMPF Élisabeth

Prieure dominicaine (★ Colmar 1415 † Colmar 9.10.1485).

Fille de Gilg Kempf (vers 1390-1450) et d’Elsz Strub, elle est issue d’une famille patricienne de Colmar connue aussi pour ses liens avec les communautés dominicaines locales. Gilg Kempf, membre du Conseil des VIII (1415- 1422), alternativement obristmestre de la ville et échevin de la corporation des Merciers (1432-1448), puis stettmestre, fut administrateur des biens d’Unterlinden (1446). Les Dominicains le mentionnent avec une quinzaine d’autres membres de sa famille dans leur obituaire, auquel sont annexées plusieurs listes de sœurs d’Unterlinden ; y figurent deux de ses filles, Margarete la moniale et Élisabeth la prieure. La vie et l’œuvre de cette dernière nous sont connues surtout par le récit de sa vie en latin, intitulé De beata Elisabeth Kempfin de Columbaria dulcis memorie. Il y est rapporté que telle une rose, Kempf s’épanouit en ce jardin des délices que fut pour elle Unterlinden, malgré ses infirmités physiques. Entrée au couvent de Saint-Jean-Baptiste en 1421 (dès l’âge de six ans), Kempf y mena une vie exemplaire, d’abord comme moniale (dévotion au Christ souffrant), puis comme prieure de 1469 à 1485. Elle étonna Conrad d’Asti, maître général de l’ordre, par son érudition et sa maîtrise de la langue latine et fit fructifier ses talents en faisant – comme d’ailleurs sa compagne Dorothea de Kippenheim © – des traductions en langue vulgaire (l’alémanique) rapidement diffusées dans la province germanique de l’ordre dominicain. Elle traduisit ainsi la Vita sororum de Catherine de Gueberschwihr © qu’elle compléta par des textes puisés dans la tradition orale de l’histoire d’Unterlinden depuis son origine jusqu’en 1430. Enfin, Kempf écrivit une vie de Jésus, traduite du texte de la Vita Christi rédigé par Michel de Massa, moine augustin (★ Sienne 1300 † Paris 1337) ; dans cet ouvrage, elle suit les étapes chronologiques de la vie du divin Maître, les scènes de l’Évangile étant illustrées par des citations patristiques (saint Augustin, saint Bernard, saint Jean Chrysostome, saint Anselme) et complétées par une méditation personnelle. Faute de preuves suffisantes, Kempf ne peut être considérée comme étant l’auteur des très belles traductions du Veni creator et de l’Exultet pascal.

Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 17 ; J. Ancelet-Hustache, « Les « Vitae Sororum » d’Unterlinden », Archives d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age 5, 1930, p. 504-509 ; Ch. Wittmer, L’obituaire des Dominicaines de Colmar, II, Strasbourg, 1935 ; L. Pfleger, « Die Mystik im Kloster Unterlinden », Colmarer Jahrbuch, 1937, p. 35 et s. ; Ch. Wittmer, L’obituaire des Dominicaines d’Unterlinden, Strasbourg-Zurich, 1946 ; K.-E. Geith, « Elisabeth Kempf (1415-1485), Priorin und Uebersetzerin in Unterlinden zu Colmar », Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Colmar, 1980-1981, p. 47-73 ; Die deutsche Literatur des Mittelalters. Verfasseriexikon IV, Berlin-New York, 1983, c. 1115-1117 ; K.-E. Geith, « Elisabeth Kempfs Uebersetzung und Fortsetzung der « Vitae Sororum » der Katharina von Gueberschwihr », Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Colmar, 1984, p. 27-42.

Raymond Kempf (1993)