Prêtre, directeur de pèlerinage, (C) (★ Ernolsheim-sur-Bruche 13.4.1840 † Neunkirch 21.10.1903).
Fils de Laurent Kelhetter, cultivateur, et de Régine Heitz. Après avoir suivi des cours de latin chez son curé, il fit des études secondaires au petit séminaire de Lachapelle-sous-Rougemont et des études de théologie au Grand Séminaire de Strasbourg (1860-1864). Il fut ordonné prêtre le 14 août 1864. D’abord vicaire à Molsheim (1864-1869) chez le curé Joseph Philippi ©, pionnier des missions paroissiales, Kelhetter fut nommé vicaire résident à Neunkirch, le 9 août 1869. Jusqu’à sa mort, il dirigea le pèlerinage marial, lui donnant un essor considérable. Il restaura les bâtiments existants et en fit construire de nouveaux : la chapelle des confessions (1872), la chapelle Saint-Georges à Zelsheim, dont les fidèles dépendaient de Neunkirch (1875), la chapelle des Saints-Auxiliaires (1879) et l’église Ste-Anne (1890-1891) pour laquelle il se fit entrepreneur et architecte. Dans ce ministère, il était activement secondé par l’abbé Antoine Brogly (1840-1905), appelé le « saint de Neunkirch ». Les pèlerins affluaient de toute l’Alsace et de Bade, particulièrement lors des fêtes mariales. Afin de vivifier la foi dans les villages, Kelhetter reprit la prédication de missions paroissiales ; cet apostolat était interrompu depuis l’expulsion des religieux lors du Kulturkampf de Bismarck. Il lui arrivait d’en prêcher une cinquantaine par an, aussi bien en Alsace qu’en Bade. En reconnaissance de son ministère en milieu populaire, l’évêque de Strasbourg lui conféra le titre de missionnaire diocésain en 1885 et le nomma chanoine honoraire en 1894. La Congrégation de la Propagation de la Foi lui attribua le titre de missionnaire apostolique en 1896. Néanmoins, l’évêché ne l’autorisa pas à fonder une communauté de missionnaires diocésains à Neunkirch. Désirant créer une maison d’éducation pour garçons abandonnés, Kelhetter acquit plusieurs propriétés à Zelsheim. En 1894, il les céda à la Congrégation des Frères de la Doctrine chrétienne qui y ouvrit un institut d’éducation spécialisée. Sensible aux inconvénients résultant du simultaneum, Kelhetter soutint ardemment l’Œuvre des églises mixtes de Mgr Fritzen ©. Il se dévoua pour trouver des fonds et encouragea ses confrères à en faire de même. Il prit part à la construction des églises catholiques de Birlenbach, Steinseltz, Ingolsheim, Graufthal et de Muttersholtz.
Sous sa plume parurent : Geschichte der Wallfahrt zu unserer Lieben Frau von Neunkirch, Colmar, 1871, et Religiöse Übungen, München, 1903.
Archives de l’évêché de Strasbourg, dossier Neunkirch ; registre des prêtres du XIXe siècle, p. 131 ; registre 22, p. 20, 27, 30, 35 ; Ordo (Strasbourg), 1904, p. 143 ; Die Wallfahrt Neunkirch (Unter-Elsass), Haute-Guénange, 1921, p. 8, 9, 12 ; F. Goldschmitt, Aveglöcklein. Gebet- und Andachtsbuch für die frommen Pilger zu Unserer Lieben Frau von Neunkirch, Sarralbe, 1934, p. 11 ; P. L Jérôme, Aveglöckiein. Gebet- und Andachtsbuch für die frommen Pilger zu Unserer Lieben Frau von Neunkirch, Pfastatt, 1948 ; Consécration de l’église Sainte-Anne. Maria-Neunkirch. 1er mai 1961, Sélestat, 1961, p. 7-8, 13, 15 ; J. Imbs, « Jugenderinnerungen an Neunkirch », L’Ami du Peuple du 20.5.1962 ; G. Knittel, « Georges Kelhetter, Wallfahrtsleiter und Volksmissionar », L’Ami du Peuple du 6.12.1964 ; P. Adam, Notre-Dame de Neunkirch, Sélestat, 1966, p. 113-150 ; Cl. Muller, B. Vogler, Catholiques et protestants en Alsace. Le simultaneum de 1802 à 1982, Strasbourg, 1983, p. 159, 162 ; Cl. Muller, Dieu est catholique et alsacien. La vitalité du diocèse de Strasbourg au XIXe siècle, Strasbourg, 1987, p. 665, 848, 927-931.
Jean-Paul Blatz (1993)
