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KASTNER Jean Georges

Musicien, compositeur, théoricien de la musique, (Pl) (★ Strasbourg 9.3.1810 † Paris 19.12.1867).

Fils de Jean Georges Kastner, boulanger, et de Marie Salomé Pfeiffer. ∞ 16.5.1837 à Paris IIe Léonie Amable Alberte Boursault, fille de Jean François Boursault, propriétaire, et de Rose Alberte Bocquillon. Kastner sut jouer très tôt de l’orgue et du piano, mais aussi de multiples autres instruments. Il étudia au Gymnase protestant, puis à la faculté de Théologie protestante. En 1829, il composa une œuvre symphonique et chorale, La Prise de Missolonghi et, abandonnant ses études, se consacra à la musique. Il s’essaya à l’opéra, avec Gustav Wasa, en 5 actes (1832), Oskars Tod, en 4 actes (1833), Der Sarazene, opéra-comique en 2 actes. Il fit partie de la Société philharmonique fondée par Ch. Fr. Jupin ©. Mais son premier succès fut son opéra en 5 actes, Die Königin der Sarmaten, joué à Strasbourg en 1835 : il se vit offrir une bourse d’études de la Ville, et alla étudier la composition à Paris auprès de Berton et le contrepoint auprès de Reicha. Très vite, il s’y fit connaître par de nombreux ouvrages théoriques : un Traité général d’instrumentation (1837), un Cours d’instrumentation considérée sous les rapports poétiques et philosophiques de l’art (1839), que le Conservatoire adopta et qui inspira le traité d’instrumentation de son ami Berlioz ; une Grammaire musicale ; une Méthode de saxophone accompagnée des premières pièces composées pour l’instrument inventé par son ami Adolphe Sax ; 12 méthodes pour divers instruments ; une Méthode complète et raisonnée de timbales ; un Traité de contrepoint et un Traité de composition. Il connut moins de succès avec un opéra, Béatrice, boudé par les scènes parisiennes (1839), avec Le dernier roi de Juda (1844) joué seulement au Conservatoire. La Maschera, en 2 actes, fut, en revanche, jouée avec succès à l’Opéra-Comique (1841). Mais la partie la plus originale de son œuvre, ce sont les recherches qu’il publia à partir de 1852 concernant les rapports de la musique avec la philosophie, l’histoire, la littérature, l’art et la science, illustrées chacune par une œuvre musicale: parmi ces « livres-partitions », on trouve les Danses des morts (1852), Recherches historiques sur le chant en chœur pour voix d’hommes (1854), la Harpe d’Éole et la musique cosmique (1855), complétée par une symphonie qui utilise, déjà, les sons harmoniques des instruments à cordes ; les Voix de Paris (1857), étude littéraire et musicale des cris populaires de la capitale ; les Sirènes (1858) ; Parémiologie musicale de la langue française (1858), sur les rapports des proverbes et de la musique. Toutes ces recherches devaient aboutir à un ouvrage d’une monumentale érudition, qu’il projetait : une Encyclopédie de la musique. Kastner s’intéressa aussi à la musique militaire : co-fondateur du concours européen de musiques militaires, en 1867 ; Manuel général de musique militaire (1848) ; Les chants de l’Armée française (1855), sans parler des symphonies, ouvertures, sérénades, marches, valses et autres pièces qui complètent une œuvre musicale et théorique immense autant que peu connue. Membre de l’Institut. Titulaire de nombreuses distinctions françaises et étrangères.

F. Piton, Strasbourg illustré, I, Strasbourg, 1855, p. 276-277 (Kastner propriétaire de l’hôtel de la Prévôté, rue de la Nuée-Bleue) ; Fétis, Biographie universelle des musiciens, IV, 1878, p. 480-487 ; P. Ristelhuber, Biographies alsaciennes, 2e série, 1884, n° 24 ; H. Ludwig von Jan, Johann-Georg Kastner, ein elsässischer Tondichter, Theoretiker und Musiktorscher. Sein Werden und Wirken, Leipzig, 1886, 3 vol; A. Seyboth, Strasbourg historique et pittoresque, I, Strasbourg, 1894, p. 77 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910 p. 9-11 ; L. Chevaillier, « Georges Kastner, » La Vie en Alsace, 1923, p. 6-9 ; Die Musik in Geschichte und Gegenwart VII, Kassel, 1958, c. 734-735 ; The New Grove dictionary of music and musicians IX, Londres, 1980, p. 824 (détail des œuvres) ; Encyclopédie de l’Alsace, VII, 1984, p. 4421 ; M. Honegger, Dictionnaire de la musique, I, Paris, 1986, p. 643-644.

Jean Happel (1993)