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KASSEL Auguste

Médecin et ethnologue, (Pl) (★ Hochfelden 8.9.1862 † Strasbourg 2.12.1930).

Fils de Chrétien Louis Victor Kassel, médecin, et de Catherine Frédérique Stahl. ∞ 28.9.1898 à Geudertheim Berthe Marie Caroline Adèle Schlagdenhauffen, fille du pasteur Guillaume Schlagdenhauffen, de Geudertheim, et d’Adèle Wohlrath, de Wissembourg. Kassel fréquenta le Gymnase de Sarrebourg jusqu’en 1888, puis il étudia la médecine à Strasbourg, à Heidelberg et à Erlangen. Après ses études, il seconda son père comme médecin jusqu’en 1899. Comme médecin de campagne à Hochfelden, il se déplaça le plus souvent à bicyclette dans les nombreux villages de sa circonscription et bien au delà, non seulement pour visiter ses malades, mais aussi comme ethnologue. Il prenait en notes sur ses multiples fiches tous les éléments des arts et traditions populaires qu’il pouvait découvrir chez les autochtones. Au retour de ses tournées, il avait chaque fois réuni une riche moisson de notes qu’il classait et complétait chez lui pendant ses rares moments de loisirs. Avec un acharnement admirable, il avait noté des proverbes, des dictons, des locutions dialectales, des ritournelles, des comptines, des chansons populaires, des inscriptions murales et des remarques sur l’imagerie populaire paysanne. Toutes ces inscriptions classées et commentées lui ont servi de base de travail pour ses publications. Dès 1895, il publia des articles concernant les arts et traditions populaires, surtout dans les annuaires du Club Vosgien (Jahrbuch für Geschichte, Sprache und Literatur Elsass-Lothringens). En 1895, il publia dans cet annuaire : « Volkskunde im alten Hanauerland ». En 1905, dans le même annuaire, il nous a présenté : « Inschriften im Elsass ». La majeure partie de ces inscriptions citées a disparu aujourd’hui par suite de vétusté des maisons. Dès 1903, il a fait paraître dans la belle Revue alsacienne illustrée un extraordinaire travail de recherche sur les plaques de poêle historiées : « Plattenöfen und Ofenplatten im Elsass. » Il a dû mobiliser à la fois ses connaissances historiques, héraldiques et artistiques pour décrire une à une les 1.500 plaques. Pour honorer le Musée Alsacien ouvert au public dès 1907, il publia pour son inauguration une étude sur le costume alsacien : Über elsässische Trachten. En 1908, il publia la synthèse des recherches faites sur les fêtes du pays : Messti und Kirwe im Elsass. Les recherches s’étaient étendues pendant quinze ans à bicyclette dans plus de 500 villages, sans compter la correspondance étendue avec des informateurs locaux. Quelques contrariétés pénibles et éprouvantes avaient freiné ses activités après la Première Guerre mondiale, mais ses recherches continuèrent.

En 1929, il fit paraître à Guebwiller un ouvrage important sur les activités des conscrits en Alsace pendant le régime de recrutement sélectif : Conscrits, Musik und Tanz im alten Elsass. Il collabora aux travaux de Martin et Lienhart pour leur dictionnaire étymologique du dialecte alsacien : Wörterbuch der elsässischen Mundarten, paru en 1897. En 1912, avant de s’attaquer à la rédaction des chansons populaires, Kassel publia un petit recueil de chansonnettes, de couplets et de ritournelles qu’il avait collectés et notés en même temps que les chansons populaires et les ritournelles aux fêtes du pays : Sprüchle (Schnaderhüpfeln) im elsässischen Volksmund. Présentés avec trente-cinq mélodies, ces couplets chantés aux fêtes du pays de table à table trouvaient des réponses et animaient les salles. Son travail le plus important fut la collecte systématique des chansons populaires dans nos campagnes. Comme le docteur Kassel était très musicien, il notait paroles et mélodies. Il lui était facile de transcrire ces dernières quand de vieilles personnes lui chantaient les chansons d’une voix souvent chevrotante. S’éteignant prématurément en 1930, il n’avait pas pu publier cette riche moisson de Lieder. Ce n’est qu’après la dernière Guerre mondiale que Joseph Lefftz ©, l’éminent ethnologue et historien, a pu en publier trois importants volumes à Colmar, enrichissant sensiblement par là le fonds des chansons populaires alsaciennes. Les publications du Dr Kassel forment aujourd’hui encore une solide base de travail pour les ethnologues et les ethnographes dans leurs recherches. Si ces publications sont célèbres par leur teneur, elles reflètent l’amour sans faille d’un Alsacien cultivé pour son pays natal, ainsi que la probité et le sérieux dans son travail de chercheur.

Bibliographie complète des publications de Kassel dans Cahier de la Société d’histoire et d’archéologie de Saverne et environs, 1970, n° 4, p. 65-72. J. Lefftz, « Dr August Kassel zum Gedächtnis », Elsassland-Lothringer Heimat, 1931, p. 193-199 ; A. Wollbrett, « Page folklorique : les études du docteur Kassel sur les costumes alsaciens », Cahier de la Société d’histoire et d’archéologie de Saverne et environs,, 1952, n° 2, p. 18-19 ; idem, « Auguste Kassel et le « Hanauerland » », Cahier de la Société d’histoire et d’archéologie de Saverne et environs,, 1953, n° 2, p. 48-49 ; T. Moser, « Auguste Kassel, père du folklorisme alsacien », Cahier de la Société d’histoire et d’archéologie de Saverne et environs,, 1957, p. 73 ; G. Klein, « Le docteur Auguste Kassel et les traditions populaires d’Alsace », Cahier de la Société d’histoire et d’archéologie de Saverne et environs,, 1970, n° 4, p. 65-72 ; Encyclopédie de l’Alsace, VII, 1984, p. 4411-4412.

Georges Klein (1993)