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KAPLAN Jacob

Grand rabbin de France, membre de l’Institut, (I) (★ Paris 5.11.1895 d. Paris 5.12.1994).

Fils de Benjamin Kaplan, commerçant, et d’Odette Klein. Son grand-père paternel était rabbin à Minsk, ville célèbre dans le judaïsme pour la valeur de ses rabbins et de ses talmudistes. ? Paris 1925 Fanny Dichter, fille d’un savant talmudiste ; 5 enfants dont Francis Kaplan, professeur émérite des universités, ancien directeur du département de philosophie de l’université de Tours, et ancien vice-doyen de l’UER des Sciences de l’Homme de l’Université de Tours. Après des études au Talmud Torah de la rue Vauquelin à Paris, il concilia la préparation du baccalauréat de philosophie et les études proprement juives (Bible, Talmud, histoire juive). En 1913, il entra au Séminaire israélite de France à Paris. Mobilisé comme simple soldat en 1914 dans le 411e d’Infanterie, il connut la Champagne et Verdun de mai 1916 à août 1917. Blessé, il fut décoré de la croix de Guerre. Démobilisé en 1919, il reprit ses études au Séminaire, tout en préparant une licence de philosophie. À peine sorti de l’École rabbinique de Paris, il fut élu à Mulhouse à la place du rabbin Félix Blum en 1922. Il fonda un mouvement de jeunes, une filiale du Chema Israël de Paris, la Jeunesse juive de Mulhouse et une section d’Éclaireurs israélites. En 1926, il prit la direction, à l’échelle nationale, des publications et des conférences de Chema Israël. En 1928, nommé rabbin de la synagogue de la rue de la Victoire à Paris, il fut remplacé à Mulhouse par le rabbin René Hirschler ©. En 1939, il fut nommé auxiliaire du grand rabbin de France, Isaïe Schwartz ©. Démobilisé, il le rejoignit auprès du gouvernement à Vichy. C’est à Vichy, puis à Lyon qu’il exerça son ministère jusqu’à la Libération. Il envoya une lettre de protestation à Xavier Vallat, commissaire à la question juive, à la suite de la promulgation du statut des juifs paru en octobre 1940. Arrêté par des policiers français auxiliaires le 1er août 1944, il fut relâché le même jour contre rançon. Après la guerre, c’est à Jacob Kaplan, qui depuis 1950 était grand rabbin de Paris et grand rabbin de France par intérim avec le grand rabbin Schilli, que revint de dénouer l’affaire Finaly qui remua l’opinion en 1952 et 1953. Il conclut un accord avec l’Église qui permit le retour des enfants Finaly et modifia le climat des relations entre les juifs et les catholiques. Élu grand rabbin de France en 1955, il le resta jusqu’en 1980. Homme de dialogue, il fut très actif dans l’association Amitié judéo-chrétienne. Il rencontra les papes Jean XXIII en 1959 et Jean-Paul II en 1980 et rendit visite également aux autorités protestantes et orthodoxes. Il voyagea beaucoup, aux États-Unis, en Afrique du Nord, où il s’occupa de réunir le monde sépharade avec le monde encore très ashkénaze de la métropole. Après 1961, il l’installa en France, fit face au doublement de la communauté juive et soutint la fondation et le développement de l’État d’Israël. En 1980, il abandonna ses fonctions de grand rabbin de France et prit le titre de grand rabbin du Consistoire central. Légion d’honneur à titre militaire en 1940 ; grand-croix de la Légion d’honneur, 1989, croix de Guerre 1939-1945 ; grand-croix dans l’ordre du Mérite, 1984, Élu à l’Académie des sciences morales et politiques, succédant à G. Duhamel.

Travaux : Témoignages sur Israël dans la Littérature française, 1938 ; Racisme et Judaïsme, 1940 ; Témoignage sur Israël, 1949 ; Les Temps d’épreuves, 1952 ; Judaïsme et sionisme, 1976 ; Le vrai visage du Judaïsme, 1977 ; Justice pour la foi juive, dialogue avec Pierre Pierrard, 1980 ; Un enseignement de l’estime, 1982 ; N’oublie pas, 1984 ; Le vrai visage du judaïsme, 1987 ; L’affaire Finaly, 1993.

Le grand rabbin Kaplan a rédigé en outre un certain nombre d’articles pour la grande encyclopédie Larousse (judaïsme, Talmud), pour la presse et pour les préfaces de différents ouvrages comme La Bible du Rabbinat, 1966.

Sources : Archives municipales de Strasbourg, Fonds Hoffmann 78 Z 202 ; R. Hirschler, Les Juifs à Mulhouse, Mulhouse, 1938, p. 16-23 ; R. Berg, Histoire du rabbinat français (XVIe-XXe siècle), Paris, 1991, p. 79 ; Dernières Nouvelles d’Alsace des 25.4 1967, 3.1.1988 et 8.12.1994 ; L’Alsace du 8.12.1994 ; Échos Unir, n° 119, décembre 1994, p. 7 ; Hamoré, n° 143, p. 10, avril 1995 ; C. Pougol, « Le grand rabbin Jacob Kaplan et l’affaire Finaly : guide, porte-parole et négociateur de la communauté juive », Archives juives, n° 32/2, 2004.

Jean Daltroff (2006)