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KAMMERER Robert

Peintre, (Pr) (★ Mulhouse 1.12.1882 † Pfastatt 12.5.1965, inhumé à Sainte-Marie-aux-Mines).

Fils d’Eugène Kammerer, employé de bureau, et d’Élise Antenat. Neveu de Chrétien Kammerer © ∞ 4.4.1914 à Sainte-Marie-aux-Mines Marguerite Hochstuhl (★ Sainte-Marie-aux-Mines 17.10.1889 † Strasbourg 27.1.1968, inhumée à Sainte-Marie-aux-Mines) ; sans enfants. Dans le sillage de trois générations de graveurs, Kammerer s’orienta très tôt vers les études artistiques nourries de son amour de la vallée de Saint-Amarin et de Thann, découvertes à l’âge de 2 ans quand son père fut employé chez Scheurer-Lauth. Après l’école de dessin de la Société industrielle de Mulhouse, il travailla dans l’atelier de Girardot à Paris. De 1906 à 1909 aux Arts décoratifs de Strasbourg (Kunstgewerbeschule), il obtint son diplôme de professeur de dessin. Deux formations artistiques complémentaires, à l’Académie moderne, rue Notre-Dame-des-Champs à Paris, puis à l’Académie Heymann à Munich, lui permirent de préciser son génie propre découvert dans les Grisons alors qu’il soignait une pleurésie : les montagnes, massifs alpins ou vosgiens, lui inspirèrent des œuvres d’observation fidèle où le travail des volumes dans une atmosphère de teintes blanches ou fauves selon la saison exigeait toujours de longs séjours in situ (par -20° dans sa peau de mouton). Ce paysagiste sportif surnommé dès 1912 le « Hochvogesenmaler » vit ses œuvres reproduites et ses propos publiés dans les revues du Club Alpin français et du Club Vosgien qui se plaisaient à souligner ses années d’endurance dans la ferme d’altitude du Langenbach.

Sa carrière d’artiste peintre fut marquée par bon nombre d’expositions après son premier grand succès, en juillet 1914, à la Maison d’art alsacienne, sur le thème du massif du Hohneck. Lors de la Grande Guerre, son émotion très patriote s’exprima dans ses croquis, eaux-fortes, gouaches ou aquarelles, toutes scènes de dévastation à Thann ou Saint-Amarin qui furent exposées au Petit Palais avec les « Objets d’art mutilés par l’ennemi ». Après la guerre, une curieuse myopie ne lui fit qu’exceptionnellement voir la Forêt-Noire du haut des sommets des Vosges alors que les Alpes Suisses dressaient leur dentelle familière. À Londres, à Paris, à Strasbourg, ses toiles longtemps mûries et souvent reprises ont proposé au public plusieurs centaines de paysages de montagne aux couleurs lumineuses que ses séjours dans le Midi, ses voyages en Grèce, Dalmatie ou Italie lui avaient fait travailler, ou encore, plus original, l’atmosphère de la neige et de la glace : « on était tenté de relever le col de son pardessus en pénétrant dans la salle » (d’exposition). Vif et même fougueux, conscient de son talent, Kammerer aimait le non-conformisme. Bien que membre fondateur de l’A.I.D.A. (Artistes indépendants d’Alsace), il ne lui déplaisait pas de se distinguer des artistes alsaciens en exposant volontiers à la galerie Aktuaryus à Strasbourg (1930, 1933, 1945, 1949, 1956, 1958), à Paris (Cercle de la Librairie, 1912, Galerie Derambez, 1924, Galerie Simonson, 1927, Galerie Bûcheron, 1932, à l’exposition « L’Art alsacien contemporain », 1945, etc.). Mulhouse et Colmar accueillirent aussi à plusieurs reprises ses œuvres, et les critiques élogieuses de son ami Sosson alias Lenossos témoignent assez de l’engouement du public pour la personnalité de Kammerer, « peintre des couleurs et des lumières » (Camille Schneider). Sanctionnant une carrière d’excellent professeur de dessin au collège de Thann, il reçut l’honorariat en 1946, à sa retraite, au lycée Giraudoux de Châteauroux où il avait été appelé en remplacement pendant la guerre. Cofondateur du Rotary Club de Mulhouse, il fut reçu en 1921 à l’Académie d’Alsace des peintres de montagne. Officier de l’Instruction publique, il fut nommé chevalier dans l’ordre national de la Légion d’honneur en 1953. Son intense activité rend difficile l’inventaire exhaustif de ses œuvres. Retenons quelques-unes d’entre elles parmi les plus remarquables : Givre et neige ; Un soir d’hiver (massif du Hohneck) ; Matin froid en montagne ; Grande neige sur la crête (lac Blanc), exposées à Mulhouse en 1925 ; Le vallon de la Wormsa ; Après-midi de soleil
(Thann) ; La baie de Port Cros un jour d’été (île de Port Cros) ; Couchant à Cavalaire ; Le lac gelé (lac Blanc), exposées à la galeries Aktuaryus en 1930 ; La Méditerranée, Collioure ; Les Saintes-Maries et la Camargue ; Les Alpes (Arosa), exposées à la Galerie Aktuaryus en 1959. Si les peintures à l’huile sont les plus connues, les unes acquises par l’État, les musées de Strasbourg, Haguenau, Mulhouse, les autres dans des collections privées, il ne faudrait pas sous-estimer son album sur Thann (1911-1912), œuvre de jeunesse éditée chez Manias à Strasbourg et préfacée dans les deux langues par son ami René Prévôt, écrivain, ni les quatre gravures originales en couleurs tirées chez Braun en 1923-1924, ni, enfin, les multiples illustrations ou reproductions pour toutes sortes d’événements : banquet de la Crémation des trois sapins, vœux de la Manufacture alsacienne d’enveloppes Vuillard à Saint-Amarin, cartes de mariage, etc., sans parler de sa correspondance familiale, recto une œuvre, verso sa large et belle écriture. Ses œuvres toucheront toujours les passionnés de la montagne en Alsace.

Articles avec reproductions dans diverses revues : Art et décoration, Paris, novembre 1920 ; La Revue moderne des Arts et de la Vie, Paris, décembre 1920, juillet 1921, mai 1922 ; L’Alsace française, Strasbourg, 1921, 1924, 1926, 1933 ; L’Art et les artistes, Paris, janvier et mai 1921 ; La Revue d’Alsace et de Lorraine, Paris, 1922, 1924 ; La Vie en Alsace, novembre 1923, janvier et juin 1926, mai 1927 (de Cl. Odilé), juillet 1928, septembre 1934 (de M. Lenossos) ; « Répertoire des écrivains et des artistes alsaciens », Saisons d’Alsace, n° 1, 1950, p. 106 ; R. Redslob, Le peintre Robert Kammerer, Strasbourg, 1950, ill. ; Magazine Ringier du 29.12.1951 (de C. Schneider) ; R. Metz, Les peintres alsaciens de 1870 à 1914, thèse, Strasbourg, 1971 ; R. Heitz, « Étapes de l’art alsacien », Saisons d’Alsace, n° 47, 1973, p. 7-40 ; Encyclopédie de l’Alsace, VII, 1984, p. 4407 ; Bauer-Carpentier, Répertoire des artistes d’Alsace des dix-neuvième et vingtième siècles, Peintres-sculpteurs-graveurs-dessinateurs, Strasbourg, III, 1986, p. 183 ; François Lotz (en collabor. avec J. Fuchs, L. Kieffer, R. Metz), Artistes-peintres alsaciens de jadis et de naguère 1880-1982, Kaysersberg, p. 179.

Odile Kammerer (1993)