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KAHN Zadoc

Grand rabbin de France, (I) (★ Mommenheim 18.2.1839 d. Paris 8.12.1905).

Fils de Lazare Kahn (★ 1809), colporteur, et de Madeleine Weyl (★ 1802), fille du rabbin Isaac Weyl, plus connu sous le nom de Reb Eisik, petite-fille du grand rabbin Jacob Meyer ©. Il avait onze ans lorsque ses parents l’envoyèrent à Bischheim étudier auprès du rabbin Itzig Baer, puis à Brumath auprès du rabbin Salomon Lévy qui le prépara au concours d’entrée à l’école rabbinique de Metz, où il fut admis en 1856. Il suivit l’école lorsque celle-ci fut transférée à Paris, et ne tarda pas à se classer en tête de ses condisciples, avec Isidore Loeb © et Isidore Weil. Il n’avait que trente ans lorsqu’il fut nommé grand rabbin de Paris (1869) ; grand rabbin de France en 1890. L’égalité des droits dont bénéficiaient les Juifs de France depuis la Révolution avait entraîné un abaissement général du niveau culturel juif. Kahn tenta d’y remédier en réformant l’enseignement religieux, instituant des cours à tous les niveaux, des conférences, en donnant un certain éclat aux offices religieux. En 1870 il fonda, aidé par Isidore Loeb, la Revue Israélite, puis, en 1879, la Société des études juives, avec son complément, la Revue des études juives, dont le premier numéro parut en 1880. En 1878, il avait encouragé le rabbin Lazare Wogue à constituer une équipe chargée de la traduction de la Bible, connue sous le nom de Bible du Rabbinat français. Dès 1870, il était entré dans le comité directeur de l’Alliance israélite universelle, dont l’activité la plus connue est la création d’écoles en Afrique du Nord et dans le Proche-Orient, chargées de combattre l’illettrisme et de propager la culture française, mais s’attaquant aussi à la misère matérielle de certaines populations locales. Il encouragea les entreprises d’un anglais, Sir Moses Montefiore, dans la Palestine turque, et la création de petites colonies agricoles et industrielles ; les efforts d’un Alsacien, Charles Netter ©, à Mikvé, Israël, et la création d’une école d’horticulture et de viticulture en Terre Sainte le passionnèrent. Mais de toute l’Europe et du Proche-Orient parvenaient des nouvelles préoccupantes : partout on persécutait des Juifs en raison de leur appartenance, et partout Kahn fut sur la brèche, organisant des secours et l’accueil des réfugiés en France, plaidant leur cause auprès des puissants et des Juifs fortunés. L’installation de colonies juives dans la Palestine ottomane lui parut être une bonne solution qu’il défendit avec chaleur. En France, la campagne de haine déclenchée par Drumont, décuplée par l’affaire Dreyfus, l’amena à lutter sur un nouveau front. Ce fils de colporteur alsacien fut à la fois un rabbin engagé, en prise avec son temps, et un érudit qui marqua profondément le judaïsme français durant les quarante années qu’il fut à sa tête.

L’esclavage selon la Bible et le Talmud, thèse, 1867 ; Sermons et allocutions, 1875-1894, 3 vol. ; « Étude sur le livre de Joseph le Zélateur, recueil de controverses religieuses du moyen-âge », Revue des études juives, 1, 1880, p. 222-246 ; 3, 1881, p. 1-38 ; « Sefer Yosef ha-meqane », Festschrift... A. Berliner, Francfort, 1903, p. 80-90 ; « Titus d’après le Talmud et l’histoire », Revue Israélite, s.d.

The Jewish Encyclopedia, VII, New York-Londres, 1904, p. 413-414 ; I. Lévy, Éloge funèbre, Bordeaux, 1906 ; M. Netter, Conférence, Paris, 1906 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 1029 ; S. Reinach, Cultes, mythes et religions, V, Paris, 1923, p. p. 433-445 ; J. Weill, « Zadoc Kahn et les études juives, Revue des études juives, 105, 193 »9-1940, p. 3-15 ; Journal des communautés, 6, 1955, n° 139, p. 2-3 ; E. M. Lévy, Cahiers de l’Alliance israélite universelle, n° 94, 1956, p. 15-19 ; Encyclopédie de l’Alsace, VII, 1984, p. 4403 ; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, p. 227-228.

Freddy Raphaël et Robert Weyl (1992)