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JUILLARD Étienne Henri

Professeur d’université, (Pr) (★ Paris 23.2.1914).

Fils de Henry Juillard ©. ∞ I 15.7.1939 Hélène Gros († 6.4.1973), fille de Henry Gros, ingénieur agronome ; 5 enfants. ∞ Il 11.7.1974 Michèle Barrier. Formation secondaire au lycée de Mulhouse ; première supérieure à Strasbourg (1931-1932). Études supérieures aux universités de Strasbourg et de Paris. A obtenu la licence d’histoire-géographie en 1935, le D.E.S. à Strasbourg en 1936 (sur la morphologie de la Forêt-Noire). Agrégé en 1937. Docteur ès lettres en 1952. Durant l’occupation (après son service militaire 1937-1940), il a enseigné au lycée de Nîmes (1940-1944) ; parallèlement, il s’est intéressé au scoutisme, et, de retour en Alsace, il a occupé les fonctions d’inspecteur régional des mouvements de jeunesse et de chargé des questions de culture populaire auprès du recteur de l’Académie de Strasbourg (1944-1947). Dans la même période, il a enseigné à l’Institut d’études politiques de Strasbourg dès 1945 et a été professeur à l’École normale de Strasbourg (1947-1953) avant de devenir assistant à la faculté des Lettres, en géographie, de 1949 à 1952. Après une année comme attaché de recherche au C.N.R.S. (1952-1953), il a été nommé maître de conférences à l’Université de Nancy en 1953-1954, puis professeur de géographie à l’Université de Strasbourg de 1954 à 1974. Il a alors pris sa retraite, avec le titre de professeur honoraire, conféré le 8 décembre 1974. Au cours de sa carrière, il a fondé le Laboratoire de recherches régionales au sein du Centre de géographie appliquée, de 1959 à 1970, puis de l’Unité associée au C.N.R.S., dont il a obtenu la création en 1970, et dont il a été le directeur jusqu’en 1974. Il a également fondé l’Institut de démographie à l’Université de Strasbourg en 1960, et en a été l’animateur jusqu’en 1964 ; cet institut est, depuis 1969, partie intégrante de la faculté des Sciences sociales de l’Université de Strasbourg II. Il a exercé la fonction de directeur de l’U.E.R. de géographie de 1968 à 1973. Auparavant, il a été directeur de l’Institut d’études politiques de 1965 à 1968. Parmi ses autres responsabilités, à citer également sa participation au Comité consultatif des universités de 1962 à 1968, ainsi qu’à la section de géographie du Comité national du C.N.R.S. de 1963 à 1966, et son rôle de fondateur et de président de l’Association géographique d’Alsace de 1948 à 1973. Officier d’Académie (1954), officier de l’Instruction publique (1960), chevalier dans l’ordre national du Mérite (1975), Médaille d’argent du C.N.R.S. (1974), Prix rhénan Jacob Burckhardt. Les domaines principaux de son activité scientifique ont été les suivants :

  1. La géographie rurale tout d’abord, où il est devenu rapidement l’un des plus éminents ruralistes français, abordant les paysages, la vie et les sociétés rurales, les rapports villes-campagnes. Soucieux de géographie sociale, il s’est aussi attaché aux analyses démographiques et aux comportements (urbanisation des mentalités et des modes de vie dans les campagnes densément peuplées des pays rhénans).
  2. Désireux aussi d’orienter la géographie vers l’action, il a été l’un des premiers à se préoccuper des questions d’aménagement local et régional, champ d’action privilégié de son Laboratoire de recherches régionales. C’est ainsi qu’il a été dès 1960 membre de la Commission des méthodes de régionalisation économique de l’Union géographique internationale, et président, à compter de 1964, de la Commission de l’aménagement du territoire du Comité national de Géographie ; il a aussi été co-organisateur du Colloque national C.N.R.S. de géographie appliquée puis organisateur du Colloque international C.N.R.S. « Régionalisation et développement » tenus à Strasbourg respectivement en 1962 et en 1967. Il a été, en Alsace, membre de la Commission pour le développement économique régional (1964-1968) et membre actif du Comité d’études et d’action pour l’économie alsacienne. De 1958 à 1960, à l’échelle nationale, il a participé aux travaux de la Commission permanente du Haut conseil de l’aménagement du territoire et est devenu consultant de la Commission nationale d’aménagement du territoire. Membre de la Conférence permanente pour l’aménagement des régions de l’Europe du Nord-Ouest, il a aussi œuvré au sein du Conseil supérieur des structures agricoles du Ministère de l’Agriculture (1965-1966).
  3. Par un article très remarqué sur « La région, essai de définition », il a animé tout un courant de la géographie française intéressé par l’analyse régionale, dont il a orienté les démarches, s’efforçant de promouvoir une géographie générale des espaces régionaux fondée sur des bases et des méthodes permettant de mettre en évidence les structures, les phases d’évolution et les degrés de cohésion et de fonctionnalité de tels espaces organisés par les flux relationnels et par le rôle des métropoles.
  4. Grand spécialiste de l’Alsace et des pays rhénans, sur lesquels il a beaucoup écrit, il a aussi été amené à formuler des propositions pour l’émergence de régions transfrontalières. Enfin, en scientifique curieux, il a mis à profit maints séjours et déplacements à l’étranger (Belgique, Canada, Brésil, etc.) pour y étudier divers aspects de leurs problèmes géographiques.

Au total, grâce à une pensée féconde, à une pédagogie sûre sachant « faire passer » les progrès de la recherche, Juillard a suscité bien des vocations et encadré un grand nombre de jeunes chercheurs ; il a acquis un rayonnement international mérité.

  1. Géographie rurale : La vie rurale dans la plaine de Basse-Alsace. Essai de géographie sociale, Paris, 1953 ; avec A. Meynier, Die Agrarlandschaft in Frankreich, Munich, 1955 ; avec A. Meynier, X. de Planhol et G. Sautter, « Structures agraires et paysages ruraux : un quart de siècle de recherches françaises », Annales de l’Est, mémoire n° 17, 1957 ; « L’urbanisation des campagnes en Europe occidentale », Études rurales, 1961, n° 1, p. 18-33 ; « Géographie rurale française : travaux récents et tendances nouvelles », Études rurales, 1964, n° 13-14, p. 46-70 ; Problèmes alsaciens vus par un géographe, Strasbourg, 1968 ; direction du t. 3 de l’Histoire de la France rurale, Paris, 1976 ; « Histoire et géographie du vignoble alsacien », Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, n° 780, 1981, p. 37-42.
  2. Géographie appliquée : Essai de hiérarchisation des centres urbains français, Ministère de la Construction, 1961 ; « La géographie et l’aménagement régional », Colloque national de géographie appliquée, Strasbourg, 1962, p. 117-129 ; Atlas de la France de l’Est, Strasbourg, 1963-1965 ; « Applications pratiques de la régionalisation économique », Geographia polonica, n° 4, 1964, p. 153-164 ; « Genèse et activités du Laboratoire de recherches régionales du C.G.A. », Bulletin de la Faculté des Lettres de Strasbourg, 1965, p. 681-688 ; « Divisions administratives et régionalisation économique », Economie Regionalization, Prague, 1967 ; Atlas de l’Est, Strasbourg, 1970-1975.
  3. Analyse régionale : « La région, essai de définition », Annales de Géographie, 1962, p. 483-499 ; avec P. Claval, Région et régionalisation dans la géographie et d’autres sciences sociales, Paris, 1967 ; « Région et régionalisation dans la géographie française 1968-1971 », Publication du Congrès U.G.I. de Montréal, 1972, p. 231-238 ; La région : contributions à une géographie générale des espaces régionaux, Strasbourg-Paris, 1974 ; avec collaborateurs, Espaces et régions en Europe occidentale, Paris, 1976, résumé in : Revue géographique de l’Est, 1976, 3-4, p. 103-120 ; « Le rééquilibrage interrégional en Europe occidentale », Hérodote, 1982, p. 76-104.
  4. L’Alsace et les pays rhénans : « Une carte des formes du relief dans la plaine d’Alsace-Bade », Information géographique, 1949, p. 116-119 ; « L’enneigement dans les Vosges et dans la plaine d’Alsace », Annales de l’Institut de Physique du Globe, Strasbourg, 1954, p. 1-19 ; Géographie d’une population. Le département du Bas-Rhin, Strasbourg, 1954 ; « L’économie alsacienne », Notes et études documentaires, n° 2255, Documentation Française, 1957 ; avec collaborateurs, Les régions de l’Est, Paris, 1960 ; Chroniques alsaciennes, Revue géographique de l’Est, 1961, p. 383-392, 1962, p. 394-410, 1964, p. 403-418, 425-434 ; L’Alsace. Le sol, les hommes et la vie régionale, Strasbourg, 1963 ; « Les grandes villes françaises », Notes et études documentaires, n° 2993, Documentation Française, 1963 ; « L’Alsace, terre rhénane », Information géographique, 1965, p. 3-8 ; L’Europe rhénane, géographie d’un grand espace, Paris, 1968 ; Esquisse de régions multinationales sur le Rhin entre Mannheim et Bâle, Genève, 1971 ; L’Alsace et la Lorraine. Atlas de la France moderne, Paris, 1977 ; « L’espace rhénan », Une histoire du Rhin, sous la dir. de P. Ayçoberry, Paris, 1981, p. 55-72.
  5. Divers : « Essai sur les causes de l’industrialisation de la Haute-Alsace au XVIIIe s. », Revue d’Alsace, 1948, p. 137-149 ; « Ascension et déclin de la viticulture en Basse-Alsace depuis le XVIIIe s. », Revue d’Alsace, 1949, p. 57-62 ; « De la guerre de Trente ans à la Révolution. Les transformations sociales et économiques de Mitschdorf (Bas-Rhin) », Revue d’Alsace, 1949, p. 139-160 ; « Géographie régionale et géographie générale », Annales ESC, 1955, p. 257-260 ; « Aux frontières de l’Histoire et de la Géographie », Revue historique, 1956, p. 267-273 ; « L’économie contemporaine vue par un géographe », Annales ESC, 1958, p. 359-368 ; « Études rurales : des économistes aux géographes », Annales ESC, 1959, p. 766-776 ; « La genèse des paysages agraires », Annales ESC, 1961, p. 993-1003 ; L’économie du Canada, Paris, 1964 ; avec R. Mehl et F.-G. Dreyfus, Les forces vives du protestantisme français, Paris, 1966.

Hommages à E. Juillard, Recherches géographiques à Strasbourg, n° spécial, 1976, avec portrait ; Le Nouvel Alsacien des 1.-2.11.1984.

Henri Nonn (1992)

† 11.11.2006 à Hyères (Var).

Dernières Nouvelles d’Alsace, 14.11.2006

Philippe Legin (mars 2020)