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HACKSPILL Louis

Chimiste (* Paris 3.5.1880 Paris 8.10.1963). Fils du colonel d’infanterie Louis Hackspill, et de Marguerite Franck (originaire de Ribeauvillé), d’une famille alsacienne émigrée après le traité de Francfort. ∞ 17.12.1927 à Paris Marie Thérèse Haizet; 3 enfants. Hackspill fit des études secondaires au lycée Hoche de Versailles et entra, en 1900, à l’Institut de chimie appliquée de Paris. Tout ensuivant les cours de la faculté des Sciences de Paris, il obtint le diplôme d’ingénieur en 1903 et entra comme préparateur particulier chez le professeur Henri Moissan (1903-1907). Après une thèse d’université (1907) sur la préparation des métaux alcalins, il soutint une thèse de doctorat ès sciences (1912) sur les propriétés physiques de ces mêmes métaux. Après avoir été préparateur temporaire dans les services du professeur Péchard (1907-1912), il fut nommé chargé de cours à Nancy (1913). Mobilisé le 2 août 1914, il commanda d’abord une section de mitrailleuses, puis fut affecté en 1915 à l’établissement central du matériel chimique de guerre. Là, il se consacra à une série de recherches sur diverses fabrications de guerre et inventa, en particulier, un appareil pour la préparation industrielle du tétrachlorure d’étain, utilisé comme fumigène. En 1918-1919, il fut affecté à l’état-major de la 8e Armée, chargé du contrôle de l’usine d’ammoniac d’Oppau, puis comme directeur de la publication des rapports sur les industries chimiques allemandes. Ses services lui valurent la croix de Guerre (1916) et la Légion d’honneur à titre militaire (1920). Il devint officier dans cet ordre, par la suite. En 1919, nommé professeur à l’Université de Strasbourg, reconstituée, il y enseigna la chimie minérale. En 1919 également, il participa à la création de l’Institut de chimie de Strasbourg, avec P. Th. Muller, qui en devint le 1er directeur. À la retraite de celui-ci (1929), Hackspill lui succéda tout naturellement. Durant cette période strasbourgeoise, Hackspill s’efforça de développer la recherche et sut créer une équipe remarquable de collaborateurs. Une vingtaine de thèses (en 13ans!) marquent le rayonnement de son laboratoire. En 1932, Hackspill fut appelé à la Sorbonne, d’abord comme maître de conférences, puis comme titulaire de la chaire de chimie minérale en 1939. Cette même année, il fut nommé directeur de l’Institut de chimie de Paris. En 1939, mobilisé, sur sa demande, comme colonel, il occupa le poste de commandant d’armes de la place de Haguenau. Après l’armistice de 1940, il revint à ses fonctions civiles; mais son poste de directeur de l’Institut de chimie lui permit de continuer à servir dans l’ombre, en cachant notamment des étudiants alsaciens et lorrains recherchés par la Gestapo, ou des personnes frappées par les lois d’exception. Atteint par la limite d’âge en 1951, il conserva un laboratoire, et exerça jusqu’à la fin de sa vie une activité scientifique. Les travaux de Hackspill ont porté principalement sur l’étude des métaux alcalins (qu’il fut le premier à obtenir à l’état très pur), sur la préparation de nouveaux dérivés de ces métaux (deutérures, phosphures, combinaison césium-oxyde de carbone…). On lui doit aussi des travaux sur le bore, la déshydratation des hydrates d’aluminium, les réactions chimiques sur les électrodes, la mise au point de méthodes gazométriques d’étude. Ses recherches ont donné lieu à plus d’une centaine de publications parues dans les Comptes-rendus de l’Académie des Sciences et le Bulletin de la Société chimique de France. Hackspill fut membre de l’Académie de Pologne (1935), membre de l’Académie des Sciences (1944), puis président de l’Académie des Sciences (1961). Cette illustre compagnie lui avait déjà attribué le prix Cahours (1911), le prix Houzeau (1926) et le prix La Caze (1932). Président de la Société chimique de France à partir de 1946, il assura pendant de longues années la présidence de la Section de chimie minérale du CNRS.

Parmi les ouvrages publiés, on peut encore citer: L’azote, 1922; La petite industrie chimique, 1926 (en coll.avec Rémy Genneté); Les industries de l’azote, 1941; Traité de chimie minérale, 1958, Paris, (en coll. avec J. Besson et A. Hérold).

A. Chrétien, «Louis Hackspill», Revue de chimie minérale, 1964, 1, p. 329-335 (avec photo de la médaille commémorative); A. P. Rollet, «Notice sur le Professeur L. Hackspill», Bulletin de la Société chimique de France, 1964, p. 1427-1437 (avec photo); Académie des Sciences, 1966, fasc. 8 (Notice sur la vie et l’œuvre deL. Hackspill); Dictionnaire de biographie française, XVII, 1986, 475; Biographical Encyclopedia of the World, World Biography, 4eédition, s. d.

Mathilde Brini (1989)