Aumônier, archiviste, historien, (C) (* Obernai16.12.1815 † Obernai 30.6.1895). Fils de Jean-Jacques Gyss, tricoteur (* 27.1.1783 †20.11.1869), et de Marie-Ève Bender (* 20.12.1780 † 10.3.1858). Après des études au collège d’Obernai, Gyss entra en 1836 au Grand Séminaire de Strasbourg. Ordonné en 1841, il fut successivement vicaire à Epfig (1841), Mutzig (1844) et à Saint-Georges de Haguenau (1845). Il dut renoncer, pour des raisons de santé, à ses activités pastorales et se retira à Obernai où il devint aumônier du collège en 1851. Il consacra ses loisirs à l’étude du passé de sa ville natale et entreprit le classement des archives (23.265 pièces) conformément aux instructions ministérielles du 25 août 1857. L’inventaire sommaire, publié en 1868, est, selon Fr.-J. Himly, «un des premiers inventaires d’archives alsaciennes de conception moderne», qui servit de base aux travaux de reclassement et récolement effectués en 1976-1977 par Fritz Eyer. En même temps il rédigea en deux volumes la monumentale Histoire de la ville d’Obernai, parue en 1866, qui fut récompensée pour ses qualités scientifiques par l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres le 12 juillet 1867. Une version, résumée en allemand,parut l’année de sa mort en 1895. Gyss ne s’intéressa pas exclusivement à l’histoire de sa ville. Il publia en 1873 une étude sur les origines de l’Église en Alsace: Das christkatholische Elsass et deux ans plus tard Der Odilienberg que Christian Pfister reconnut comme «un des travaux qui marquent et qui restent» et dont il s’est servi tout en s’en séparant sur le fond (Le duché mérovingien, 1892, p. 156). Gyss consacra en 1890 une étude biographique de 195 pages à son compatriote, le chanoine Louis Rumpler © (1730-1806) qui eut le mérite d’avoir sauvé l’église et le couvent du Mont Saint-Odile en l’achetant comme bien national. Gyss publia de nombreux articles dans différentes revues: L’union alsacienne (1858) et Archivalische Beilage zum Ecclesiasticum Argentinense. Il fut l’un des premiers collaborateurs de la Revue catholique d’Alsace dans laquelle il fit paraître en 1861-1862 une suite d’articles sur le protestantisme à Obernai au XVIe siècle, publiés sous forme de brochure en 1864. L’esprit critique dont il fit preuve dans son étude sur la légende de saint Materne, publiée en 1882 dans la nouvelle série de la même revue, lui valut une controverse avec L.-G. Gloeckler. Admis sur recommandation de son compatriote, Louis Levrault, comme membre de la Société pour la conservation des monuments historiques en 1861, Gyss fit paraître de nombreuses études dans le Bulletin de cette société à partir de 1862 jusqu’à sa mort. Ses mérites furent reconnus par Mgr Raess qui le nomma chanoine honoraire le 1er décembre 1877. La municipalité de l’époque, dirigée par H. Gierlich ©, a manifesté sa reconnaissance à l’historien local en prenant en charge les frais d’impression de la Urkundliche Geschichte der Stadt Oberehnheim. Elle organisa à ses frais les funérailles de l’historien et fit ériger en 1900, un monument à sa mémoire, orné d’un médaillon en bronze représentant les traits du chanoine, dû au sculpteur Alfred Marzolff ©. La pierre tombale de Gyss ne se trouve plus sur son lieu de sépulture, mais est adossée au mur nord du cimetière, à côté de la chapelle de la croix.
Les vicissitudes du protestantisme à Obernai dans lecours du XVIe siècle, 1864; Histoire de la ville d’Obernai, 1866, 2 vol., réimprimé en 1 vol. 1978; Inventaire sommaire des archives communales antérieures à 1790, Ville d’Obernai, 1868; Das christkatholische Elsass oderdie Religionsgeschichte des Elsasses, dargestellt im Leben seiner Heiligen und in seinen religiösen Stiftungen, 1873; Der Odilienberg. Legende, Geschichte, Denkmäler, 1875; Canonicus Ludwig Rumpler und seine Erlebnisse vor und während der Revolutionszeit, 1890; Papst Leo IX und die Grafen von Egisheim Dagsburg, 1886; Urkundliche Geschichte der Stadt Oberehnheim und der Beziehungen derselben zu den übringen ehemaligen Reichsstädten des Elsasses, 1895.
Archives municipales d’Obernai,état-civil, fichier familial; A. Hanauer, «Recension de l’histoire d’Obernai de J.-M. Gyss», Revue catholique d’Alsace, IX, 1867, p.52-56; J.-M. Gyss, Mes publications, ms, s. d. (avant 1889), Bibliothèque alsatique du Crédit Mutuel, Bischenberg; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 672-673; «Monument du chanoine Gyss», Revue alsacienne illustrée, III, 1901, chronique d’Alsace-Lorraine, p. 15-16 (photo); L. Pfleger,«Elsässische Historiker: JosephMeinrad Gyss», Elsassland, 1925, p. 273-275; J. Braun,X. Ohresser et coll., Obernai, 1977, p. 415; Archives historiques de la ville d’Obernai. Inventaire sommaire. Introduction de Fr.-J. Himly, 1977; Fr. Eyer, «Les archives de la ville d’Obernai», Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Dambach, Barr, Obernai, XI, 1977, p.151; «Additions à l’Histoire d’Obernai de J. M. Gyss,d’après des notes de l’auteur», Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Dambach, Barr, Obernai, XVII, 1983,p. 161-163; Encyclopédie de l’Alsace, VI, 1984, p. 3630.
Lucien Maurer (1989)