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GUTENBERG Johann

(* Mayence vers 1400 † 3.2.1468). S’appelait en réalité Johann Gensfleisch zur Laden. Fils de Friele Gensfleisch († 1419), membre du patriciat de Mayence, et d’Else Wirich († 1433), fille de Werner Wirich, commerçant. Célibataire. Johann Gensfleisch prit le nom de la maison zum guten Berg, habitée par ses parents. On ne possède pas de renseignements sur sa jeunesse. Son nom apparaît pour la première fois le 28 mars 1430, dans les documents en rapport avec les conflits qui avaient éclaté à Mayence entre corporations et patriciens. Gutenberg n’habitait alors plus à Mayence. Son nom est mentionné à Strasbourg à partir du 14 mars 1434. Mais il est fort probable que Gutenberg se soit établi à Strasbourg bien avant cette date. Les renseignements concernant sa vie privée et sociale sont contradictoires. Il ne semble pas avoir acquis la bourgeoisie. Tantôt il est signalé parmi les personnes die mit niemand dienen (1436), tantôt comme manant Hintersass (1439), tantôt comme Nachconstofler (1442) c’est-à-dire comme patricien avec droits limités, tantôt comme Zugeselle des orfèvres (1444). Enfin, Gutenberg figure sur une liste de contribuables qui doivent payer l’entretien de la moitié d’un cheval, ce qui suppose une fortune supérieure à 400 livres. On n’est guère mieux renseigné sur les activités professionnelles de Gutenberg. On en connait trois. Gutenberg s’était engagé à apprendre à son associé strasbourgeois Andreas Dritzehn © l’art de polir les pierres précieuses (1438); vers la même époque, il fabriqua avec Andreas Heilmann © et Dritzehn des miroirs pour le pèlerinage d’Aix-la-Chapelle; enfin, il s’occupa de recherches désignées par les mots kunst und afentur dont on ignore la teneur et le sens. Grâce à plusieurs témoignages, on sait que Gutenberg habitait à l’extérieur de la ville à proximité du couvent Saint-Arbogast, qu’il avait une presse, fabriquée par le menuisier Conrad Sasbach et entreposée au domicile d’Andreas Dritzehn, qu’il suffisait d’en enlever quatre pièces pour qu’on ne sût ce que c’était, qu’un orfèvre nommé Hans Dunne avait exécuté vers1437 pour Gutenberg des travaux allein [an dem] daszu dem trucken gehôret qui lui rapportèrent environ 100 florins en un an. De ce témoignage et de quelques autres, où il est question de presse et de formes, on a longtemps conclu que Gutenberg s’occupa à Strasbourg dès 1436 d’essais typographiques. En fait, il semble n’en avoir rien été. Selon une hypothèse émise en 1973 par K. Köster, la presse utilisée par Gutenberg aurait servi à la reproduction mécanique de cadres métalliques pour sertir les miroirs destinés aux pèlerins d’Aix-la-Chapelle. Cette découverte aurait marqué un jalon très important sur la voie de l’invention de la typographie. La dernière mention de Gutenberg à Strasbourg remonte au 12 mars 1444. On ignore où il se rendit. À partir du 17 octobre 1448, sa présence est de nouveau attestée à Mayence.Grâce à son parent Gelthus, il obtint un prêt qu’il investit immédiatement dans ses recherches. Cet emprunt ayant été insuffisant, Gutenberg s’adressa vers 1450 à l’avocat Johannes Fust qui lui avança de nouvelles sommes. On sait, grâce à l’acte notarié établi le 6 novembre 1455 par le notaire Ulrich Helmasperger, que Fust réclama à Gutenberg le remboursement de 2 026 florins, capital et intérêts. Que l’association de Fust avec Gutenberg concernait bien la typographie ressort de l’expression Werck der bücher, employée dans le texte. On en conclut que Gutenberg était alors en train d’achever l’impression de la première Bible latine à 42 lignes. Mais Gutenberg, incapable de rembourser son créancier dans les délais impartis, perdit le procès que lui avait intenté Fust. Ruiné, Gutenberg continua néanmoins à imprimer comme semble le prouver l’inventaire de sa succession du 26 février 1468, dans lequel il est question de ettliche formen, buchstaben, instrument, gezauwe (outillage) und anders zu demtruckwerck gehorende, remis au chancelier Conrad Humery de Mayence. On ne possède aucun portrait contemporain de Gutenberg. Le plus ancien, découvert en 1966 dans la collection d’Otto Schaefer à Schweinfurt, représente l’inventeur dans son atelier, debout à côté d’une presse, tenant dans ses mains un exemplaire de la Bible.

Bibliographie choisie: J. D. Schoepflin, Vindiciae typographicae, Strasbourg, 1760 (publication des pièces duprocès de 1439 détruites en 1870); K. Schorbach, «Strassburgs Anteil an der Erfindung der Buchdruckerkunst», Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins 46, 1892, p. 577-655; Festschrift zum Fünfhundertjährigen Geburtstage von Johann Gutenberg, Mainz, 1900, p. 133-256; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 670-671; A. Ruppel, Druckte Gutenberg vor seiner 42 zeiligen Bibel eingrösseres Werk?, 1955 (Kleiner Druck der Gutenberg-Gesellschaft n°57); F. Ritter, Histoire de l’imprimerie alsacienne aux XVe et XVIe s., Strasbourg, 1955, p. 1-18; A. Ruppel, «Johann Gutenberg», Die Grossen Deutschen I, 1956, p. 288-304; Neue Deutsche Biographie, VII, 1966, p. 339-342; J. Fuchs, Gutenberg et les débuts de l’imprimerie à Strasbourg. Catalogue de l’exposition réalisée lors du 5ecentenaire de la mort de Gutenberg (1468-1968) à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg du 2 au 17 mars 1968; Gutenberg-Museumder Stadt Mainz, Weltmuseum der Druckkunst, Festkatalog zum Gutenberg-Jahr 1968, 3. Aufl., München, 1968; Der gegenwärtige Stand der Gutenberg-Forschung, Stuttgart, 1972; K. Köster, Gutenberg in Strassburg. Das Aachenspiegelunternehmen und die unbekannte «afentur und kunst», Eltville, 1973; K. Köster, «Woranstarb Gutenbergs Strassburger Geschättsgenosse An-dreas Dritzehn?», Festschrift für Hans Widmann zum 65.Geburtstag am 28.3.1973, 1974, p. 87-101; A. Kapr, Johannes Gutenberg. Tatsachen und Thesen, Leipzig, 1977; W. B. Todd, «Die Gutenbergbibel. Neues Beweismaterial zum Erstdruck», Börsenblatt für den deutschen Buchhandel, Frankfurter Ausgabe, n° 81 (28.9.1982), p.A 325 – A 337; P. Amelung, «Mutmassungen über Gutenberg», Aus dem Antiquariat. Börsenblatt für dendeutschen Buchhandel, Frankfurter Ausgabe n°111/12(29.12.1981) p. A. 509 – A 514; Gutenberg-Jahrbuch 1983 consacré au Gutenberg-Symposium du 12-14 octobre 1981 à l’Université de Mayence; F.-J. Fuchs, «Archivalische Quellen über Gutenbergs Aufenthalt inStrassburg», Gutenberg-Jahrbuch, 1983, p. 19-21 ; Encyclopédie de l’Alsace,VI,1984, p. 3621-3622.

François-Joseph Fuchs (1989)