Empereur allemand, roi de Prusse (* Potsdam 27.1.1859 † Doorn, Pays-Bas, 4.6.1941). Fils aîné de l’empereur Frédéric III, et de l’impératrice Victoria. Petit-fils de Guillaume I par son père et de Victoria d’Angleterre par sa mère. ∞ I 27.2.1881 Augusta Victoria de Schleswig-Holstein. ∞ II 5.11.1922 Hermine Schönaich-Carolath, née Reuss. Guillaume II exerçait la puissance publique dans le Reichsland, sous le contrôle du Bundesrat, en tant que représentant et mandataire des États confédérés. Il était représenté surplace par un Statthalter. Guillaume II portait un intérêt tout particulier à l’Alsace-Lorraine. En mai 1899, la ville de Sélestat lui offrit les ruines du Haut-Koenigsbourg, dont la reconstruction expliqua les nombreux séjours de l’empereur en Alsace. En février 1901, le Landesausschuss d’Alsace-Lorraine accorda une subvention de 700 000 Marks pour la reconstruction du château, dans l’espoir d’une politique plus libérale à l’égard de l’Alsace-Lorraine. Mais Guillaume II rejeta, en mars 1901, la proposition du Statthalter Hohenlohe-Langenbourg, soutenue par le chancelier Bülow, d’écarter le fameux «paragraphe de la dictature». Le 9 mai 1902, cependant, lors d’un nouveau passage au Haut-Koenigsbourg, Guillaume II donna instruction au Statthalter de se mettre en relation avec le chancelier pour lever le «paragraphe de la dictature». Le château du Haut-Koenigsbourg fut inauguré avec beaucoup de pompe par Guillaume II le 13 mai 1908. Avec la montée de la tension franco-allemande sur la question marocaine, les relations de Guillaume II avec l’Alsace devinrent plus difficiles. Très influencé par les milieux militaires et pangermanistes, l’empereur était déçu par les effets de la Constitution de 1911 et se laissa gagner à l’idée d’une politique de germanisation plus vigoureuse. En février 1912, le Landtag d’Alsace-Lorraine refusa de voter les crédits du «Gnadenfonds» de l’empereur, tandis qu’en mai 1912, il interpella le gouvernement sur l’affaire de Graffenstaden. Guillaume II laissa éclater son irritation, le 13 mai 1912, dans un propos de table, chez le maire de Strasbourg, Schwander. Il se plaignit du «manque de reconnaissance» des Alsaciens-Lorrains et menaça de «mettre en pièces» la Constitution et d’incorporer l’Alsace-Lorraine à la Prusse. Ce propos de table suscita beaucoup d’émotion et des critiques à la tribune du Reichstag. De plus en plus hostile à la politique du Statthalter von Wedel et de Zorn von Bulach, l’empereur prit fait et cause pour la thèse du général von Deimling, commandant le XVe corps d’armée, dès le début de l’affaire de Saverne qui opposait gouvernement civil et militaire. Pour lui, l’affaire de Saverne était le résultat de la propagande française que l’administration civile n’avait pas su combattre. Guillaume II ne répondit pas au télégramme de protestation de la municipalité de Saverne contre les agissements du colonel von Reuter. Il se contenta, après des interpellations au Reichstag, de déplacer le régiment de Saverne à Bitsche et à Oberbronn, et de faire accélérer la procédure judiciaire engagée. L’affaire se termina par une défaite du gouvernement d’Alsace-Lorraine qui fut bientôt écarté.
E. Hauviller, Kaiser Wilhelm II. als Schlossherr auf elsässischem und auf lothringischem Boden, Guebwiller, 1913; Das Reichsland Elsass-Lothringen 1871-1918, Leipzig, 1931; Haegy, Biographisches Wörterbuch zurdeutschen Geschichte, Munich, 1952, 909-911; W.Kosch, Biographisches Staatshandbuch. Lexikon derPolitik, Presse und Publizistik, Berne-Munich, 1960, II, p. 1186-1187; F. Roth, La Lorraine annexée (1870-1918), Nancy, 1976; Igersheim, C. Baechler, Le parti catholique alsacien (1890-1939). Du Reichsland à la République jacobine, Strasbourg-Paris, 1982; Encyclopédie de l’Alsace, VI, 1984, p. 3778-3786.
Christian Baechler (1989)