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GRUBER Charles

Notaire, critique littéraire, (P) (* Faulquemont, Moselle, 18.2.1879 † Picauville, Manche, 25.2.1941). Fils de Jules Gruber, magistrat, et de Marie Hat. Fils d’un juriste alsacien rallié à l’Allemagne et entré dans la magistrature alsacienne lorraine en 1874 comme juge de paix à Faulquemont, puis Schirmeck, Bischwiller et Schiltigheim, Gruber n’en eut pas moins une éducation totalement bilingue: son oncle Charles Gruber (* Sundhouse 1852) opta et devint professeur des universités à Lyon, et la correspondance qu’il entretint avec d’autres Alsaciens, en particulier les frères Matthis ©, est en français. Son père publia les traductions françaises des Codes civils et de commerce allemands (avec le notaire Ritleng ©, autre mécène et animateur des milieux artistiques et littéraires strasbourgeois). Gruber fit ses études de droit à Strasbourg (1895-1899). Il adhéra pendant ses études au cercle littéraire proallemand Alsabund fondé par Christian Schmitt © et Fritz Lienhard © qui se réclamaient de l’allemand comme langue de la «grande création littéraire» alsacienne. Gruber assura, à partir de 1899, la rubrique théâtre de son bulletin Erwinia. Il y accorda une attention prioritaire au théâtre en alsacien (Greber, Stoskopf, Bastian). L’essor de la presse alsacienne du fait de l’introduction de la loi impériale sur la liberté de la presse (1898) lui ouvrit les colonnes de nombreux quotidiens, tout particulièrement libéraux: Strassburger Post (avec Pascal David ©) et Strassburger Zeitung (Georges Wolf © Strassburger Neueste Nachrichten. En 1905, il publia l’essai le plus remarquable sur la renaissance littéraire des années 1900 en Alsace: Zeitgenössische Dichtung des Elsasses. L’ouvrage qui analyse les œuvres des poètes et écrivains alsaciens les plus marquants (Lienhard, Schickelé, Stoskopf, Bastian, Greber, Stadler, Wendel, Flake, Arp…) provoqua un débat avec Ferdinand Dollinger, qui dans la Revue Alsacienne illustrée, prônait le maintien d’une création littéraire alsacienne en langue française. Mais dans le Neues Magazin publié à Berlin par René Schickelé en 1904 avec le manifeste «Jungelsässisches Programma», Gruber reconnut que la création littéraire alsacienne se cristallisait dans la description des hommes et des paysages d’Alsace: ils s’exprimaient sans déchoir dans une littérature en alsacien. C’est principalement à l’œuvre des frères Matthis que l’on doit cette évolution. Gruber avait été le premier, dès 1901 à saluer l’importance de la poésie des poètes strasbourgeois. Notaire à Andlau à partir de 1904, Gruber fut très lié aux frères Mathis, dont il continua de commenter le travail. Il nourrit le projet de publier un almanach de la Jeune Alsace, qui n’aboutira pas. En 1911, il fut nommé à Hochfelden. Pendant la première Guerre mondiale, il subit les atteintes de la maladie qui provoquèrent son internement psychiatrique. Les critiques de la littérature alsacienne manifestèrent leur regret d’avoir perdu en lui «leur essayiste le plus pénétrant» (A. Herrmann). C’est à l’asile de Stephansfeld repliée dans la Manche en avril 1940 que mourut Charles Gruber.

Œuvres : «Elsässische Litteratursorge», Neues Magazin,1904; Zeitgenössische Dichtung des Elsasses, 1905; Billets sur le théâtre alsacien, Erwinia, Vereinsblatt des « Alsabundes»; Archives municipales de Strasbourg, Fichier domicilaire; Archives départementales du Bas-Rhin, 108 AL. Juges, avocats et notaires; Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, MS. Fonds Matthis – correspondance entre les Frères Matthis et Charles Gruber, Coll. [Haegy], . IIIDas Elsass von 1870-1932. Litteratur und Kunst (Thomas Seltz); L. Lapointe, «Charles Gruber et les frères Mathis», Pays d’Alsace, 1973.

François Igersheim (2010)