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GROSSIS (GROSSIUS) Conrad de (Conrad de Prusse)

Réformateur dominicain († Schoenensteinbach, commune de Wittenheim, 10.3.1426). Son origine demeure controversée, prussienne ou bruxelloise, selon que l’altération de son patronyme de Brussen en Prusse soit admise ou non. Il entra dans l’ordre des Frères Prêcheurs en 1370. Des pérégrinations en Terre Sainte et dans la ville éternelle lui conférèrent quelque notoriété. Pénitencier pontifical. Il incarna avant toute chose l’élan réformateur instauré par Raymond de Capoue, maître général de l’Ordre depuis 1380. Grossis fut nommé vicaire général de Teutonie. Dès 1388, ses frères réunis à Vienne lui confièrent cumptenissima auctoritate le couvent de Colmar, berceau de l’observance primitive. Il l’occupa avec 30 moines l’année suivante. Grossis céda en 1393 ses charges exercées en Alsace à son frère Thomas et accepta le priorat à Nuremberg (1396), puis le vicariat à Utrecht (1397). Les communautés religieuses féminines furent également réformées. Conrad veilla à l’implantation de moniales observantes à Schoenensteinbach (1397). Le décès de Raymond de Capoue († Nuremberg 5.10.1399) constitua toutefois un coup d’arrêt à l’épanouissement de l’observance. Désormais, Grossis dépendait directement du provincial de Teutonie. Des voix s’élevaient contre l’étroitesse de l’idéal de Grossis, «idéal de moine uniquement et non pas d’apôtre et de clerc» (A. Barthelmé, p. 43). G. put toutefois maintenir la discipline, par exemple à Colmar le 8 avril 1402. De plus en plus souvent, on demanda au «moine austère» d’intervenir. Grossis se retira en 1416 dans le monastère de Schoenensteinbach, consolidant par sa présence le rayonnement de la communauté alsacienne. Colmar (Unterlinden, 1419), Bâle (1423) furent successivement gagnés à la réforme. À sa mort, Jean Nider © accéda au vicariat général (1426).

A. Weiss, Allgemeine deutsche Biographie, XVI, 1882, p. 640-641; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 651-652; G. M. Löhr, Die Teutonia im 15. Jht. Studien und Texte vornehmlich zur Geschichte ihrer Reform, Leipzig, 1924, p. 1, 7, 16, 45 et s., 49 n. 3; A. Barthelmé, La réforme dominicaine au XVe siècle en Alsace et dans l’ensemble de la province de Teutonie, Strasbourg,1931, p. 26-48, 91 et s., 144-145 ; Th. Kaeppeli, Registrum litterarum Fr. Raymundi de Vineis Capuani. Magistri ordinis 1380-1399, Rome, 1937, p. 125, 128, 138-140, 145, 148, 159 ; Ch. Wittmer, «Colmar, berceau de la réforme dominicaine», 1389, Annuaire de Colmar, 1938, p. 56-58 ; V. J. Koudelka, «Heinrich von Bitterfeld († c. 1405). Professor an der Universität Prag», Archivum Fratrum Praedicatorum (AFP) 23, 1953, p. 17-19, 26; R. Creytens, A. d’Amato, «Les actes capitulaires de la congrégation dominicaine de Lombardie (1482-1531)», Archivum Fratrum Praedicatorum, 31, 1961, p. 213-222 ; G. Gieraths, «Konrad von Preussen», Lexikon für Theologie und Kirche, 2eéd., t. VI, Fribourg-en-Brisgau, c. 470; «A. W. van Ree, Raymond de Capoue. Élémentsbiographiques», Archivum Fratrum Praedicatorum, 33, 1963, p. 201-203, 209, 214,218, 221-225; S. P. Wolfs, «Das mittelalterliche Dominikanerkloster zu Westroyen bei Tiel (um 1400-1435)», Archivum Fratrum Praedicatorum, 37, 1967, p. 346, 348-350 ; B. Thorr, «Die Dominikanerinnen von Schoenensteinbach», Annuaire de la Société d’histoire sundgauvienne, 1975, p. 47-56; S. P. Wolfs, «Die Reise des Ordensmeisters Thomas, von Fermo in die nördlichen Niederlande (Fru?hjahr 1403)», Archivum Fratrum Praedicatorum, 1978, p. 78-81; Neue Deutsche Biographie, XII, 1980, 540.

Gilbert Fournier (1989)