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GREIFENSTEIN (de)

Nom de trois familles nobles de Basse-Alsace, dont la première est représentée par :

1.Merboto,

Attesté de 1123 à 1156/57, mais qui n’a porté le nom de Greifenstein de façon sûre qu’à partir de 1141. Il fut peut-être le constructeur du château de Greifenstein. On ne sait rien de ses origines. Il est cité comme témoin de deux diplômes impériaux (1123, 1141) et d’une charte d’un évêque de Strasbourg (1156/57), parmi les liberi ou nobiles. En raison de son prénom, assez rare, on le croit apparenté (voire identique?) à Merboto de Borre (Hohbarr, château proche de Greifenstein), attesté en 1109/13. On ne lui connaît pas de descendance ; son château a passé aux Ochsenstein, et son prénom réapparaît à la fin du XIIe siècle chez les Malberg-Fénétrange (Schwennicke), ce qui donne à penser qu’il a pu avoir deux héritières qui se seraient mariées dans ces familles.

2. En 1217, Otto d’Ochsenstein répartit ses biens entre ses trois fils laïcs : les aînés, Otto et Eberhard, se partageront Ochsenstein ; le cadet,Conrad, recevra le Greifenstein (Zeitschriftfür die Geschichte des Oberrheins, 14, 1862, 190). Conrad mourut-il jeune, ou le partage fut-il modifié? Toujours est-il que peu après 1225 et jusqu’en 1246, c’est Eberhard (frère d’Otto et du chanoine Berthold d’Ochsenstein) qui se nomme de Greifenstein. Ses trois fils Eberhard (1274-1316),Hesse († 1304/06) et Otto (1276-1304) ont tous fait souche, mais vers le milieu du XIVesiècle les filiations se brouillent, la fréquence des mêmes prénoms, en particulier Eberhard/Eberlin, multipliant les risques de confusion. De 1362 à la fin du siècle, les principaux représentants du lignage furent les frères Eberlinet Petermann, qu’on ne sait guère à quelle branche rattacher. Le fils du second, Eberlin (1397-1447 ?) fut apparemment le dernier du lignage, avec peut-être Ludwig, chanoine de Haslach en 1442 selon Fischer. En 1453, la famille semble déjà éteinte (Archives départementales du Bas-Rhin, E 1079/12). Outre le château éponyme et d’autres biens dans la région de Saverne et à Scharrachbergheim, tenus en fief de l’église de Strasbourg (Archives départementales du Bas-Rhin, G 377 f° 105, G 977), les Greifenstein ont tenu Schnersheim (peut-être aussi Kleinfrankenheim et Eckwersheim) en fief de l’évêché de Metz. Ils avaient aussi quelques fiefs de l’Empire (2/7ede la dîme de Wasselonne), des abbayes d’Andlau (le village disparu de Fischbach) et d’Erstein (à Westhoffen et Romanswiller), des Habsburg (à Nordhouse, Westhouse et Saales), des Deux-Ponts-Bitche (rente), des Geroldseck-am-Wasichen (cour à Pfulgriesheim, patronat de Westhouse-Marmoutier, etc.), enfin des Geroldseck/Ortenau et/ou des Windeck (à Stollhofen en 1311). Ils ont été seigneurs (Bannherren) d’Eckwersheim (1240) et d’Achenheim (1276); ils ont possédé au XIVe siècle le château d’Erlenburg à Romanswiller (Archives municipales de Strasbourg, VII 73/20). À Fegersheim, la branche issue d’Otto avait un château, cité en 1311 (Archives départementales du Haut-Rhin, H Schoenensteinbach 4/2) et des biens importants. À Westhouse-Marmoutier, Rohr, Kleinfrankenheim, Weyersheim, Scharrachbergheim, les biens des Greifenstein confinaient à ceux des Ochsenstein et des Geroldseck. Ouelques terres en Haute-Alsace (à Wintzenheim, Gueberschwihr, Pfaffenheim) avaient constitué la dot d’épouses nées Rappoltstein (avant 1258) et Hattstatt (1274); elles n’ont pas tardé à être vendues. En effet, le patrimoine des Greifenstein – branche cadette des Ochsenstein, eux-mêmes issus d’un cadet des Geroldseck– n’a jamais été bien riche, et la division de la famille en trois branches dans la deuxième moitié du XIIIe siècle l’a morcelé de façon catastrophique. Aussi les Greifenstein furent-ils incapables de résister à la crise du XIVesiècle. Ils tentèrent bien de monnayer leurs services militaires, mais ne récoltèrent que de petits profits et de gros déboires (trois Greifenstein capturés au siège de Vic en 1325, deux Greifenstein tués à Sempach en 1386). Ils se virent donc contraints d’aliéner des biens à un rythme croissant. Lorsqu’en 1398 Eberlin le jeune entreprit, non sans naïveté, de résumer l’état de son patrimoine (Archives départementales du Bas-Rhin, G 977), la situation était désespérée : les alleux avaient fondu (les châteaux de Fegersheim et d’Erlenburg ne sont plus cités), les fiefs étaient presque tous mis en gage ou sous-inféodés (notamment aux Müllenheim et aux Marx von Eckwersheim), les dettes dépassaient 2 400 livres, et les créances – prétenduement 5 000 livres – étaient en grande partie irrécupérables. La même année, Eberlin(l’aîné ?) est en prison pour dettes à Strasbourg, et les rares mentions des Greifenstein au XVe siècle sont presque toutes relatives à leurs embarras d’argent. À leur extinction, leurs derniers fiefs passent aux Dahn (Archives départementales du Bas-Rhin, E 1079/12) et (plus tard ?) aux Rathsamhausen zumStein. Quelques alleux auraient passé aux Müllenheim par le mariage de Catharinade Greifenstein avec Wendling de Müllenheim mit dem Sieb. L’appauvrissement des Greifenstein a affecté leur prestige ; on le remarque à leurs alliances : dès le XIIIe siècle, ils ne trouvent à marier leurs filles qu’à des hommes issus de la ministérialité (un Landsberg avant 1246, un Müllenheim avant 1298, un Hohenstein et un Andolsheim avant 1303, un Wangen avant 1312, un Falkenstein avant 1358). Même les garçons se marient plus rarement dans la haute noblesse (une Rappoltstein avant 1258, une Torcheville/Dorschweiler en 1331) que dans la petite (une Hattstatt en 1274, une Landsberg en 1278 ; au XIVe siècle des Wangen, Burggraf von Osthoffen, Ramberg). Les Greifenstein ont également accepté des fiefs de familles de même rang qu’eux, comme les Geroldseck, ce qui – si l’on veut prendre au sérieux la théorie du Heerschild– les a fait reculer d’un échelon dans la hiérarchie féodale. Toujours est-il qu’au XIVe peut-être même dès la deuxième moitié du XIIIe siècle, ils sont classés dans la petite noblesse, alors que leurs cousins d’Ochsenstein se maintiennent dans la haute. C’est particulièrement net dans le livre des fiefs de l’évêque Berthold (1328-53), qui distingue bien les deux groupes (Archives départementales du Bas-Rhin, G 377). Ainsi s’explique qu’après Ruther(† 1230), aucun Greifenstein n’ait plus eu accès au chapitre cathédral de Strasbourg, strictement fermé aux petits nobles. En revanche, les Greifenstein avaient eux-mêmes des vassaux; un procès de 1438 (Archives municipales de Strasbourg, Müllenheim 108) en nomme une dizaine, dont les Berstett ©, les Burn ©, les Fesseler© ; ajoutons-y les Hüffel, qui jusqu’en 1304 tenaient le patronat de l’église Saint-André de Strasbourg en fief des Greifenstein (Archives départementales du Bas-Rhin, G 2586/DD).

3.Lanfrid de Greifenstein (1213) et les Greifenstein vassaux des Ochsenstein en 1217 ne peuvent être rattachés à aucune des deux familles ci-dessus. Il faut voir en eux des chevaliers de la garnison (Burgmannen) de Greifenstein.

D. Fischer, Die Burg Greifenstein und der St. Veitsberg, 1876; D. Schwennicke, Europäische Stammtafeln NF 11, 1986, pl. 75 et introduction.

Bernhard Metz (1988)