Auteur dramatique, fondateur du Théâtre alsacien (★ Aix-la-Chapelle 24.6.1868 † Colmar 29.3.1914). Fils de Theodor Greber, conservateur des Hypothèques, et de Louise Hermann. La famille Greber s’étant établie à Strasbourg peu après l’annexion à l’Allemagne, Julius connut très jeune le dialecte local, sans toutefois le pratiquer couramment. Après des études secondaires au collège épiscopal de Strasbourg, il fit son droit, fut promu docteur en 1896 et entreprit une carrière de juge, d’abord à Strasbourg, puis à Hochfelden, Saverne et Colmar. C’est presque par hasard qu’il se tourna vers la scène d’expression dialectale. Membre d’un petit club, le Zivilkasino, constitué surtout d’Allemands, il fut un jour chargé de monter une saynette et suggéra de la réaliser en dialecte. Il écrivit en deux semaines E Hochzitterim Kleiderkaschte. Le succès d’estime rencontré au Kasino l’engagea à approfondir ses connaissances, ce qu’il fit avec un sérieux qui n’est pas sans rappeler celui du Dr. Freundlich dans le Herr Maire de Stoskopf ©. Sa nouvelle pièce Drej Frejer le fit connaître à des groupes folkloriques ou musicaux. Il encouragea le groupe Theatralia à se spécialiser dans les pièces alsaciennes. Un conflit interne entraîna une scission: Greber et le régisseur Criqui constituèrent un club dissident, le Theaterclub, qui se réunit en 1896 à la «Réunion des arts». L’année suivante, il se trouva que l’Union des catholiques de Strasbourg, ayant achevé son nouveau local, quai Kellermann, pourvu d’une vaste salle de spectacle, désirait en amortir les frais. Greber, de son côté, était en relation avec Hessler, ancien directeur du théâtre municipal brouillé avec la ville, qui désirait fonder un théâtre germanophone, concurrent du théâtre municipal. De ce projet irréaliste, Greber sut retenir et faire aboutir l’idée d’une scène dialectale, réalisable avec des moyens limités. Il sut y associer d’autres amateurs, en particulier Gustave Stoskopf, qu’il connaissait par hasard depuis 1893, et dont il avait encouragé en 1896 la publication humoristique, Luschtigsüs’m Elsass. Le 30 mars 1898 étaient approuvés les statuts de la société Elsässisches Theater, dont Greber était le président. Le 2 octobre 1898, le Théâtre alsacien s’ouvrit sur une version alsacienne de L’Ami Fritz, jouée au théâtre de l’Union et bientôt suivie du Herr Maire de Stoskopf. Le tour de Greber vint le 15 janvier 1899 avec sa pièce Lucie. Les attaques d’un critique improvisé sur cette pièce consolidèrent plutôt la position de Greber et de ses amis. Dans les premières années du Théâtre alsacien. Greber, joua un rôle essentiel de cheville ouvrière. Il sut imposer une gestion financière convenable, tandis que sa qualité de juge de paix (Amtsrichter) facilitait certains contacts officiels. Il obtint de la municipalité de Strasbourg, d’abord une subvention, ensuite (1900) la disposition du théâtre municipal. En 1901, quittant Strasbourg pour Hochfelden, il laissa la direction du théâtre à Stoskopf, mais continua à écrire et à suivre les activités du groupe. Comme auteur. Greber, qui avait débuté par de petites pièces dans le goût du vaudeville, chercha à élever le ton avec le tableau de mœurs dramatiques, Lucie, où il présente une pure jeune fille en proie aux servitudes et aux humiliations d’une société hypocrite. S’Teschtament fut perçue à sa sortie en 1909 comme la pièce du terroir par excellence.
Greber a raconté lui-même les débuts du Théâtre alsacien: « Die Gründungsgeschichte des Elsässischen Theaters in Strassburg », Elsässische Monatsschrift für Geschichte und Volkskunde, février 1911, p. 674-694.
Pièces (publiées, sauf indications contraires, à Strasbourg): Zwei Lustspiele in Stra?burger Mundart, E Hochzitter im Kleiderkaschte, Schwank in einem Aufzug und Dreij Freijer, Lustspiel in einem Aufzug, 1895 ; Sainte-Cécile, 1899; Lisbeth, 1900; Lucie, 1901; D’Heimet, 1901 ; Der Eintagsleutnant, 1902 ; Der Klopfgeist, 1903; D’Madam un d’Magt, 1903; S’sechst Gebott, 1904; D’r lätz Bardessü, 1904; D’r Döisigmarikschyn, 1906 ; E Budell Quetscheiwasser, 1906 ; Der Zeuge, 1906; Dr Unkei Güstav, 1909; s’Teschtament, 1910 ; Dr Abschied, 1910; 300 Mark Belohnung, 1910; Mister Smith, 1911; Wie d’r Herr Schnürle het ritte lehre, Colmar, 1913; Verzwickti Hochzitt Affäre, 1913.
Archives municipales de Strasbourg, Anc. div. IV; H. Schoen, Le Théâtre alsacien, Strasbourg, 1903, p. 101 (portrait), p. 103-106 (biographie) ; P. Leopold, 50 Johr Elsässisches Theater, Strahsbur’j, 1898-1948, cinquantenaire du Théâtre alsacien, Strasbourg, manuscrit, 1948; Deutsches Literatur Lexikon, 6, 1978, p. 737-738 ; Encyclopédie de l’Alsace, VI, 1984, p. 3478.
Jean-Yves Mariotte (1988)