Prêtre de l’Oratoire, membre de l’Académie française, (C) (★ Lille 30.3.1805 † Montreux, Suisse, 7.2.1872).
Fils de Louis Joseph Gratry, intendant militaire dans la Grande Armée, et de Françoise Victoire Navardet, sa cousine germaine. Ils passèrent plusieurs années en Allemagne. Gratry parlait couramment l’allemand. Études classiques à Tours de 1821 à 1824 puis pensionnaire au lycée Henri IV à Paris. Il entra à Polytechnique, en démissionna en 1827 puis se réfugia dans une vie austère: solitude, méditation, quelques livres, écriture sainte; Martin de Noirlieu, aumônier à Henri IV, lui parla du «Cénacle de la rue de la Toussaint» à Strasbourg, réuni autour de Bautain © (1829). Louise Humann © eut une grande influence sur lui. Sur son conseil, il entra au couvent des Rédemptoristes du Bischenberg (1830). En juillet 1830, le couvent fut fermé, les religieux dispersés. Gratry rejoignit Bautain et les jeunes de son groupe à la Petite Sorbonne de Molsheim.Il se prépara au sacerdoce. Ordonné prêtre le 22 décembre 1832. Professeur de latin en classe de rhétorique au Petit Séminaire Saint-Louis (1832-1834), il souffrait de l’autoritarisme de Bautain (1840). Tous quittèrent Strasbourg. À la demande de l’abbé Buquet, Mgr Affre, archevêque de Paris, lui confia la direction du collège Stanislas (1840-1846) à Paris. Aumônier à l’École normale supérieure (1846-1851). Vicaire général honoraire de Mgr Dupanloup à Orléans. Avec le père Petetot, Gratry travailla à la restauration de l’Oratoire de France (1852). Leur collaboration dura peu. Il donna un cours de théologie morale à la Sorbonne (1863) et fut élu à l’Académie française contre Théophile Gautier, au fauteuil de Barante (1867). Ses positions violentes contre l’infaillibilité pontificale lui valurent les foudres de Mgr Raess, évêque de Strasbourg. Une fois le dogme proclamé, Gratry se rallia dans une retentissante rétractation. Sensible à toutes les inquiétudes et les besoins de son temps, son tempérament impulsif et personnel s’adaptait mal à une vie de communauté. Il lutta pour la défense des nations opprimées et, en 1867, adhéra à la Ligue internationale de la Paix. En 1871, se manifestèrent les premiers symptômes du mal qui finit par l’emporter. Il se fit soigner à Montreux où il mourut. Gratry fut inhumé au cimetière Montparnasse à Paris. Chevalier de la Légion d’honneur (1845).
L’œuvre de Gratry, 22 titres dont Souvenirs de ma jeunesse (posthume), Derniers jours et Testament spirituel.
Cardinal A. Perraud, Le Père Gratry, sa vie, son œuvre (éditions 1879-1900); J. Wagner, sur le travail de Perraud, Revue d’Alsace, 1900; Pages choisies des Grands Ecrivains, Introduction, 1899 ; « Le père Gratry et l’Alsace », La Vie en Alsace; A. de Regny, Vie de Bautain; P.-J. de Givry : Juilly 1177-1977 ; Inauguration du buste du père Gratry ; Campaux, discours à la rentrée des Facultés de l’Académie de Strasbourg, p. 35 ; Archives départementales du Bas-Rhin, série T., liasse 43 ; n° 21, f° 52 et 57 ; Revue catholique d’Alsace, t. l, 1859, t. VI, article de Carnaudet, 1864, t. X, 1868; Revue des Deux-Mondes, novembre 1899; Centenaire du Collège Stanislas 1804-1805; A. Brazaillac, éloge du Père Gratry; Ollé-Laprune, ibidem, juillet 1896 ; P. Join-Lambert de l’Oratoire, articles sur Gratry, Dictionnaire de spiritualité et Catholicisme.
Sœur Jean-Marie Chauvin (2006)