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GRASSHOF (GRASSEUS, CHORTOLASSAEUS, CONDESYANUS) Johann

Auteur d’ouvrages alchimiques du début du XVIIesiècle. Syndic de la ville hanséatique de Stralsund, sur la Baltique (Kopp). Si son séjour à Strasbourg ne semble pas encore prouvé, il reste qu’en 1619 l’imprimeur strasbourgeois Eberhard Zetzner publia, sans nom d’auteur, son œuvre la plus célèbre : Ein philosophischer und chemischer Tractat: Der kleine Baur bisherolangen verborgen, auch ausmissgunst von etlichen hinde rhalten und verfälschtnun aber ex-Bibliotheca Arnspurgensi Reverendiss. Dn. Ernesti Electoris et Episcopi Coloniensis gantz vollkommen her für gebracht, etc. Il s’agit d’un récit allégorique (p. 1 à 41) dont l’interprétation permettrait de trouver le magistère et la pierre philosophale. L’adepte d’Hermès, encore novice, rencontre un paysan qui lui montre et lui conseille de comprendre l’image de deux fleurs poussant sur une même tige, l’une blanche, l’autre rouge. Il disparaît dans la montagne, le laissant ramasser un morceau de roche qui devrait fournir la matière première de la pierre philosophale. Ce petit traité connut de très nombreuses éditions entre 1619 et 1744. Il était dédié à Johann Reinhard, comte de Hanau-Lichtenberg, le fondateur du collège de Bouxwiller, dont l’auteur célèbre les connaissances dans la philosophie chimique et l’expérience dans l’exploitation des mines d’argent de Sainte-Marie dans le Val de Lièpvre. Un commentaire très développé ainsi qu’une lettre aux philosophes allemands (p. 42 à 369) sont par contre signés par Johann Walch de Schorndorff qui précise qu’il a écrit son texte à Strasbourg dans la maison de Johann Gessler, chanoine de Saint-Pierre-le-Jeune en 1618. La localisation se trouve confortée par des anecdotes qu’il situe à Strasbourg et en Alsace; il relate également les péripéties de l’étonnante découverte, vers 1580, dans la mine Zur Treu du Val de Lièpvre, d’un bloc d’argent natif d’environ deux cent cinquante kilogrammes (le double chez Guillaume Prechter) se dressant tel un homme cuirassé dans une excavation de la montagne. L’attention accordée par l’alchimiste à l’extraction minière repose sur la nécessité impérieuse de procéder comme la nature elle-même quand elle génère les métaux. L’épître de Walch qui termine l’ouvrage est adressée aux frères R. A. En effet, dans la première moitié du XVIIesiècle, le mouvement rosicrucien incluait encore la recherche des procédés de transmutation avant de s’en affranchir par la suite. On s’était alors rendu compte des conséquences défavorables d’une collusion persistante avec les faiseurs d’or et les alchimistes (Hans Schick).

On lui attribue: Ein philosophischer und chemischer Tractat: der kleine Bauer, nombreuses éditions, dont deux à Strasbourg 1617 et 1658; Dyaschymica tripartita. Das ist: sechsherrilcheteusche philosophische tractätlein, Frankfurt am Main, 1625; H. Condesyanus, Harmonia imperscrutabilis chymico-philosophica, Frankfurt am Main, 1625.

K. K. Schmieder, Geschichte der Alchimie, Halle, 1832 ; H. Kopp, Die Alchemie in älterer und neuerer Zeit, Heidelberg, t. 2, 1886; H. Schick, Das ältere Rosenkreuzertum, Berlin 1942 (thèse de Strasbourg); L. Thorndike, A history of Magic and experimental Science, New York, 1958, 7. 8., Theseventeeth century ; P. Fluck, «Rapport de Guillaume Prechter sur les mines du Val de Lièpvre, côté Alsace, 1eroctobre 1602», Société d’histoire du Val de Lièpvre, 9e cahier, 1974 ; M. Lienhard. Histoire de Strasbourg, 1981, t. 2, p. 533.

Pierre Bachoffner (1988)