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GRAPPE André

Enseignant, dernier poilu d’Alsace, (C) (★ Les Fins, Doubs 10.10.1898 † Strasbourg 27.1.2001, inhumé à Morteau, Doubs). Fils d’Aristide Grappe, directeur d’école à Morteau, et de Emma Goguilly, institutrice. ∞ 17.8.1922 aux Hôpitaux-Vieux, Doubs Anne-Marie Vuillemin. Après des études au collège de Pontarlier (1910-1915), au lycée Victor Hugo de Besançon (1915-1916) et une hypokhâgne écourtée au lycée du Parc à Lyon (1916-1917), Grappe fut mobilisé au 23e RI à Bourg-en-Bresse, le 17 avril 1917. A l’issue des classes, son bataillon cantonna dans le fort de Chèvremont, près de Belfort, à partir du 17 décembre 1917. Passé au 158e RI le 14 juin 1918, Grappe participa à la bataille de Champagne dans la région de Perthes-lès-Hurlus, Marne, en juillet 1918, puis à la deuxième bataille de la Marne. Blessé le 26 juin, il retrouva son régiment pour les rudes combats des Ardennes, à Banogne et Recouvrance les 25 et 26 octobre 1918. Entré en Belgique juste après l’Armistice, il stationna ensuite dans les Vosges. Il termina la guerre avec le grade de sergent. Grappe découvrit l’Alsace – qui deviendra sa « province d’adoption », comme il aima à le répéter au printemps 1919. Élève du Centre d’études spécial créé à Strasbourg pour les khâgneux dont la scolarité avait été bouleversée par la guerre, il obtint une licence de philosophie en 1920 puis un diplôme d’études supérieures (avec un mémoire sur L’Idée d’ordre chez Malebranche sous la direction d’Étienne Gilson). En 1921, il donna des cours à l’annexe du collège Sévigné de Paris installée dans le quartier des Contades à Strasbourg. Inscrit comme étudiant libre à la Sorbonne en 1922, il obtint l’agrégation de philosophie (dans la même promotion que Jean Guitton) en 1923. Nommé au lycée de Sarreguemines et au collège des mines à Sarrebruck (1923-1934), il enseigna ensuite au lycée Kléber de Strasbourg (1934-1938) et s’installa à Barr. Muté au lycée Fustel de Coulanges en 1938, il fut mobilisé au 205e RRP (régiment régional de protection) en septembre 1939, cantonné avec ses hommes à Strasbourg. Démobilisé à Bruyères, Vosges, le 18 janvier 1940, il fut affecté au lycée de Haguenau d’où il gagna celui de Pontarlier après l’invasion allemande. À partir d’octobre 1941, il donna des cours à la faculté des Lettres de Besançon. De retour à Strasbourg en mars 1945, il reprit ses enseignements au lycée Fustel de Coulanges (jusqu’à sa retraite en 1958). Il participa alors aux activités du FEC (Foyer de l’Etudiant Catholique) autour du Frère Médard ©. Il accepta la vice-présidence des ICS (Intellectuels Chrétiens Sociaux). À cette époque, il se lia d’amitié avec Maurice Nédoncelle ©, professeur à la faculté de Théologie catholique. Pendant sa retraite, Grappe s’attacha à faire connaître l’œuvre de son maître Maurice Pradines ©, dont il hérita des papiers et manuscrits. Dans les dernières années de sa vie, Grappe connut une certaine notoriété du fait de sa longévité exceptionnelle, qui en fit le dernier ancien combattant de 1914-1918 de l’armée française en Alsace. Servi par une santé étonnante, par une indéniable aisance oratoire et pleinement conscient de sa responsabilité d’ultime témoin d’une époque tragique, il donna plusieurs conférences au lycée Kléber, en 1997 ou à l’université Marc Bloch en 1998, et participa également à des émissions de télévision. Il publia en octobre 1999 ses mémoires de la Grande Guerre. Son petit-fils Christian Grappe, est professeur de Nouveau Testament à la faculté de théologie protestante de Strasbourg.

La Pensée de Pradines dans ses rapports avec celle de Paul Valéry, Paris, 1938 ; «Souvenirs de guerre», L’Université combattante, novembre 1953 à mai 1953; Épilogue d’une carrière. Discours d’adieu prononcé devant ses collègues, le 30 juin 1958, dans l’ancienne chapelle du Lycée Fustel de Coulanges à Strasbourg par André Grappe, professeur de philosophie, Paris, 1958; L’Œuvre de Maurice Pradines ou l’épopée de la raison, Strasbourg, 1976 (dir.); «L’itinéraire philosophique de Pradines», Revue de métaphysique et de morale, janvier-mars 1978; Introduction à l’ouvrage de Pradines: Le Beau voyage. Itinéraire de Paris aux frontières de Jérusalem, Paris, 1982; «Les Combattants de moins de vingt ans et les derniers mois de la Grande Guerre», L’Université combattante, janvier 1991; Testament du dernier poilu d’Alsace. André Grappe, du Haut- Doubs à Strasbourg, un destin dans le siècle, Strasbourg, 1999, présentation et analyse de J.-N. Grandhomme.

J.-N. Grandhomme, « Le dernier poilu d’Alsace », Saisons d’Alsace, n° 6, printemps 2000, p. 74-77 ; Dernières Nouvelles d’Alsace du 31.1.2001 (portrait).

Jean-Noël Grandhomme (2006)