Médecin et minéralogiste, (Pl) (★ Strasbourg 27.6.1775 † Strasbourg 29.3.1838). Fils de Jean-Philippe Graffenauer, avocat (★ Strasbourg 12.2.1740 † Strasbourg 1.11.1824), et de Marguerite Élisabeth Plarr. ∞ 26.11.1809 à Strasbourg Wilhelmine Hiemer (★ Waiblingen, Wurtemberg 5.5.1785 † Strasbourg 21.1.1850). Si sa carrière médicale ne présente, en soi, rien d’extraordinaire, Graffenauer est avant tout connu pour ses publications en médecine et en minéralogie. Il fit ses études de médecine à Strasbourg et fut reçu docteur le 7 septembre 1803. Parallèlement, il étudia la minéralogie et fut l’élève de Jean Hermann ©. Il s’engagea en 1805 comme médecin dans la Grande Armée et participa aux campagnes d’Allemagne, de Prusse et de Pologne entre 1805 et 1808. À son retour, il s’installa comme médecin à Strasbourg et assura notamment, de 1810 à sa mort, la charge de médecin cantonal du canton ouest de Strasbourg. Graffenauer faisait partie de nombreuses sociétés savantes : il était, entre autres, membre de la Société de médecine et de la Société médicale d’émulation de Paris, membre correspondant de la Société des curieux de la nature de Berlin et membre résident de la Société des sciences, agriculture et arts du Bas-Rhin. La Topographie physique et médicale de Graffenauer reste son œuvre la plus importante: inaugurant la formule des «topographies médicales», dont plusieurs furent publiées par la suite en Alsace (Marchal, 1828; Rennes, 1828; Boersch, 1836; Stoeber et Tourdes, 1864; Krieger, 1889). Graffenauer étudia point par point l’ensemble des conditions de vie et de l’état sanitaire des Strasbourgeois. Après une étude purement topographique (minéralogie, hydrologie, climatologie etc), Graffenauer se pencha sur le mode de vie de la population (profession, mœurs, alimentation…) puis étudia une à une les maladies qui frappent les Strasbourgeois. Il s’attacha à définir et à séparer les endémies, épidémies et maladies sporadiques qui se manifestent à Strasbourg, et publia des statistiques de mortalité se rapportant à chacune de ces affections. Enfin, il se livra à de nombreuses remarques et critiques pour améliorer le niveau sanitaire de la population. Ouvrage considérable et fondamental pour l’étude de la santé à Strasbourg au XIXe siècle, la « topographie » de Graffenauer frappe aussi par sa modernité, et son plan sera d’ailleurs repris par tous les auteurs tout au long du XIXe siècle. Véritable précurseur de l’épidémiologie en Alsace, Graffenauer émaillait ses textes d’anecdotes, cas singuliers et faits remarquables souvent savoureux. Si Graffenauer est déjà, par sa rigueur, un homme du XIXe siècle, il reste aussi par bien des aspects un curieux de la nature à l’image du siècle de sa naissance.
Outre quelques articles et observations publiés dans les Archives médicales de Strasbourg (1835-1838), Graffenauer a publié plusieurs ouvrages : Dissertation sur le camphre, considéré dans ses rapports avec l’histoire naturelle, la physique, la chimie et la médecine, Strasbourg, 1803 (thèse de médecine); Essai d’une minéralogie économico-technique des départements du Haut- et Bas-Rhin formant la ci-devant Alsace, Strasbourg, 1806; Lettres écrites en Allemagne, en Prusse, et en Pologne durant les années 1805, 1806, 1807 et 1808, Paris et Strasbourg, 1809; Topographie physique et médicale de la ville de Strasbourg, Strasbourg, 1816; Histoire naturelle, chimique et technique du succin ou ambre jaune, Paris, 1821.
Archives municipales de Strasbourg,registres paroissiaux Saint-Thomas ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 637 (erreur de prénom); J.-P. Graffenauer (père). « Histoire véritable servant d’anecdote à la Révolution strasbourgeoise », La Vie en Alsace, t. 2, 1924, p. 122-127 (avec un portrait de Graffenauer enfant par Kugler, 1784); Biographisches Lexikon hervorrage nder Ärzte aller Zeiten und Völker, II, Munich-Berlin, 1962, p. 825; Dictionnaire de biographie française, XVI, 1984, 894; D. Durand de Bousingen, «Les hôpitaux de la Grande Armée vus par un médecin strasbourgeois: la campagne de Jean-Philippe Graffenauer, 1805-1808», Journal de médecine de Strasbourg, 1985, t. 16, n° 1, p. 49-50.
Denis Durand de Bousingen (1988)
