Chroniqueur et notarius curie Argentinensis (★ Insming, Moselle,? † après 1291). Quatre mentions consignées dans le manuscrit dit Ellenhard-Codex et datées de 1290-1291 constituent les seuls indices tangibles de son existence. Les paléographes lui attribuent, néanmoins, deux œuvres commanditées par le patricien strasbourgeois Ellenhard © : une version remaniée des Miracula S. Mariae Argentinensis (1290) qui relatent les miracles de Notre-Dame de Strasbourg en 1280-1281 et dont l’auteur ne nous est pas parvenu, et les Gesta Rudolfi (1290-1291). La période 1285-1291 forme la part léonine de cette geste, favorable à Rodolphe Ier de Habsbourg. Nourri vraisemblablement de témoignages issus de l’entourage impérial. Gottfried y développe, dans un style emprunté aux Saintes Écritures, la problématique du rex justus et pacificus. Loin de nuire à la qualité du document, la tonalité habsburgerfreundlich, (J. Ahlhaus) adoptée par le notaire au service de l’évêque de Strasbourg Conrad de Lichtenberg ©, alimente notre connaissance des rapports tissés entre le patriciat de la ville et les Habsbourg à la fin du XIIIe siècle. Closener ©, puis Koenigshoven ©, en puisant dans les Gesta Rudolfi, contribuèrent à les livrer à la postérité. Contrairement à certaines assertions, il n’est pas l’auteur du Bellum Waltherianum qui décrit la bataille de Hausbergen entre les Strasbourgeois et l’évêque Walter de Geroldseck.
Ellenhardi Argentinensis annales et chronica, éd. Ph. Jaffé, Monumenta Germaniae Historica, Scriptores in folio, XVII, 1861, p. 114-116, Miracula S. Mariae Argentinensis, p. 122-134, Gesta Rudolfi; E. Tempeltey, De Godefredo ab Ensmingenejusque quae ferunturoperibus historicis, Leipzig, 1861 ; J. Liblin, Chronique de Godefroi d’Ensmingen, 1868 ; C. Hegel, Die Chroniken der Stadt Strassburg (Die chroniken der deutschen Städte VIII), Leipzig, I, 1870, p. 56-58 : A. Benoit, « Recherche sur le lieu de naissance du chroniqueur strasbourgeois Godefroi d’Ensmingen », Revue d’Alsace, N.S, 1, 1870, p. 204-214 ; W. Wiegand, Bellum Waltherianum. Studien zu relsässischen Geschichte und Geschichtsschreibung, Strasbourg, I, 1878, p. 29-34; C. Hegel, Allgemeine deutsche Biographie, IX, 1879, p. 481 ; O. Lorenz, Deutschlands Geschichts quellen im Mittelalter, Berlin, I, 1886, p. 29-32; H. Vildhaut, Handbuch der Quellen kunde zur deutschen Geschichte, Arnsberg, II, 1900, p. 23 et s.; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 614 ; J. Ahlhaus, Verfasserlexikon, Berlin, II, 1936, col. 61-62; E. Kleinschmidt, Herrscherdarstellung, Berne-Munich, 1974, en particulier p. 122-127, 194, 196-197 et 208; Deutsches Literatur-Lexikon VI, 1978, col. 625 ; D. Mertens, Verfasserlexikon, Berlin, III, 1980, col. 123-125; Histoire de Strasbourg des origines à nos jours, sous la direction de G. Livet et F. Rapp, Strasbourg, II, 1981, p. 73 ; J. Dentinger, « Dictionnaire chronologique de la littérature alsacienne », Saisons d’Alsace, 82, 1983, p. 109 et 117 ; D. Mertens, « Der StrassburgerEllenhard-Codex in St-Paul imLavanthal », Geschichts schreibung und Geschichtsbewusst sein im späten Mittelalter, (VorträgeundForschungen XXI), Sigmaringen, 1987, p. 543-580, en particulier, p. 557 et 566.
Gilbert Fournier (1988)
