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GOLL Johannes Elias (Jean Élie)

Poète classique d’expression allemande, (Pl) (★ Strasbourg, Saint-Thomas 23.8.1780 † Strasbourg 19 fructidor an VIII, 6.9.1800). Fils d’Elie Goll, professeur (régent) au Gymnase protestant, et de Catherine Elisabeth Falckenhauer. Cousin germain d’Ehrenfried Stoeber qui devint par la suite poète et homme de lettres de renom. Élève depuis le 9 février 1788 du Gymnase protestant. Ses notes et résultats révélèrent d’emblée des dons exceptionnels, notamment en grec, en latin et en allemand. Comme son père mourut en 1794, J.-Élie Goll ne pouvait plus songer à poursuivre ses études au-delà de la matura. Il dut donc s’orienter vers la vie active. Avec l’appui de son oncle Élie Stoeber, receveur principal, il fut embauché comme employé au bureau de la Recette générale du département du Bas-Rhin. Il consacra ses heures de loisir à la poésie et imita avec bonheur non seulement Théocrite, créateur de la poésie bucolique grecque, mais encore Salomon Gessner, poète et peintre suisse, spécialiste des scènes et tableaux idylliques qui annoncèrent le romantisme. Disciple de Jean-Jacques Rousseau, il exprimait au milieu de la société raffinée de la fin du XVIIIe siècle le regret de «l’état de nature». Pour la plupart inédites, ses idylles, riches en descriptions de la nature, pleines de simplicité et de naïveté, sont le reflet d’une âme sensible et romantique. Dans une notice historico-littéraire qui ne compte qu’une quarantaine de pages pour l’ensemble des poètes et écrivains alsaciens, J.-G.-D. Arnold © en a dédié une, tout entière, à ce jeune poète quasi inconnu. Il s’était ostensiblement attaché à ce jeune homme doux et doué, aux productions idylliques fort prometteuses. Peut-être en était-il même le mentor? Il est probable que le jeune lyrique prenait part aux réunions de la Société des Belles-Lettres (Gelehrte Übungsgesellschaft, plus tard Deutsche Gesellschaft) animée par Jean Daniel Salzmann © et soutenue par tous ceux qui, en ce temps-là, formaient l’élite littéraire et culturelle de Strasbourg. En lisant « en commun ses idylles » qu’Arnold, le connaisseur, a qualifié de « charmantes », ses amis ont apparemment « passé avec lui des moments agréables »… Une telle atmosphère d’impulsion créatrice et d’émulation productrice ne pouvait que hâter l’épanouissement de l’art poétique du génial adolescent en plein éveil. Malheureusement ses poèmes restent introuvables : nulle trace dans aucun fichier, ni à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg,ni à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg. Son nom ne figure pas non plus dans le registre du département des manuscrits. D’après Arnold, quelques-unes de ses idylles ont été publiées. Les recherches entreprises en vain jusqu’à présent mériteraient d’être poursuivies. Quoi qu’il en soit, Élie Goll, ce jeune prodige qui a «approché ses modèles Théocrite et Gessner de près» et qui les aurait «sûrement égalés s’il eût vécu plus longtemps», a passé tel un météore dans le firmament littéraire de l’Alsace; Arnold prononça sur la tombe, le 7 septembre 1800, une éloquente oraison funèbre, en vers trochaïques.

Archives municipales de Strasbourg, registres paroissiaux et état-civil ; reg. de la population, 1797, 5 place de l’Égalité; J.-G.-D. Arnold, Stimme der Freundschaft am Grabe des entschlafenen Jünglings Elias Goll, Strasbourg, 1800 ; J.-G.-D. Arnold, Notice littéraire et historique sur les poètes alsaciens, Paris, 1806, p. 40-41 et dans Revue d’Alsace, 1851, p. 291 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 625-626 (erreurs de dates, reprises par Encyclopédie de l’Alsace, VI, 1984, p. 3408).

Raymond Matzen (1988)