Directeur de lycée, (Pl) (? Naumburg an der Saale. Saxe, 31.1.1857 † ?). Entré en 1880 dans l’enseignement secondaire d’Alsace-Lorraine, Gneisse enseigna aux gymnases de Metz, Wissembourg, Colmar et Strasbourg avant de devenir directeur du gymnase de Bouxwiller, puis du lycée de Colmar. Selon la plupart des témoignages, c’était un brave homme et un pédagogue de valeur, mais son habillement et sa physionomie, typiques du savant germanique, prêtaient à rire aux yeux de beaucoup d’Alsaciens. Depuis 1900 au moins, il combattait les projets d’introduction de l’enseignement du français dans les écoles primaires. La querelle rebondit en 1909 à la suite du dépôt au Landesausschuss des motions J. Kubler © et O. Back © en faveur du bilinguisme scolaire. Gneisse publia dans la Strassburger Post une série d’articles contre la Verweischung (francisation) et demanda au corps enseignant de signer une pétition en ce sens. En avril 1909, Le Nouvelliste de Colmar et L’Express de Mulhouse publièrent des caricatures du philologue myope par Hansi ©, tout en suggérant que l’acharnement de Gneisse contre le français s’expliquait par son ignorance de cette langue. Il porta plainte le 13 juin pour cette diffamation d’un fonctionnaire impérial. Le 14 juillet, la Chambre correctionnelle de Colmar condamna J.-J. Waltz-Hansi et trois journalistes à des peines d’amende. En octobre, après la session parlementaire, l’abbé Wetterlé © fut condamné à deux mois de prison non seulement comme directeur du Nouvelliste mais aussi pour avoir transmis des tirés à part des dessins en cause à un élève du lycée. Gneisse servit de modèle au Professor Knatschke publié par Hansi en feuilleton dans L’Express, puis édité à Paris en 1912. En mars 1910, le gouvernement annonça sa mutation prochaine, mais Gneisse, qui s’était adressé directement à l’empereur, refusa de quitter Colmar. Il aurait envoyé régulièrement des rapports confidentiels sur l’Alsace au chancelier Bethmann-Hollweg. Pendant la guerre, il intervint pourtant à plusieurs reprises pour éviter l’arrestation d’élèves francophiles. Expulsé de Colmar le 23 décembre 1918, il se retira à Halle, où il publia des articles sur l’esthétique de Schiller. Il serait revenu en Alsace en 1940 avec sa fille, sage-femme et responsable d’une organisation féminine nationale-socialiste pour l’Alsace et le pays de Bade.
Der Begriff des Kunstwerks in Goethes Aufsatz von deutscher Baukunst und in Schillers Aesthetik, Vortrag gehalten auf der 46. Versammlung deutscher Philologen und Schulmänner zu Strassburg, Strasbourg, 1901 ; “Die Welt der Worte, ein Beitrag zur Schulfrage”, Strassburger Post, 1900, n° 639, 641 (tiré à part, Archives municipales de Strasbourg) : “Plaudereien über Cultur und Sprache”, 1902 (coupure d’un journal non identifié Archives municipales de Strasbourg) ; « Im Kampf um die deutsche Volksschule im Reichslande », Strassburger Post des 13.3., 24.3. et 26.3.1909. La presse alsacienne de 1909, en particulier Le Nouvelliste des 27.3., 10.4., 17.4., 27.5. ; E. Wetterlé, Deux mois de villégiature forcée, Colmar, 1910 ; Strassburger Post du 31.1.1917 ; Republikaner, Mulhouse, du 27.12.1918 ; Mitteilungen des Ausschusses der Vertriebenen Elsass-Lothringer, Freiburg, n° 1, janvier 1919 ; F. Eccard, L’Alsace sous la domination allemande, 1919, p. 213 ; Dernières Nouvelles de Strasbourg du 4.2.1927 ; Journal d’Alsace-Lorraine du 20.2.1927 ; Elsass-lothringische Mitteilungen, Berlin, 1927, p. 62 ; Haegy, Das Elsass von 1870-1932, Colmar, Alsatia, 1936-1938, I, p. 131 ; Hommage à Hansi, Saisons d’Alsace, 1952, n° 1 (notamment M.-J. Bopp, « Le premier procès de Hansi », p. 65-73) ; Le Nouvel Alsacien du 17.7.1959 ; R. Perreau, Hansi ou I’Alsace révélée, Meaux, 1962, p. 215-218 ; P. Tyl, Le grand livre de l’oncle Hansi, Paris, 1962 ; H. Yavchitz, Hansi et son œuvre, Paris, 1964 ; ; L’Alsace du 26.11.1972 ; François Igersheim, L’Alsace des notables, 1870-1914, Strasbourg, 1981, p. 137, 138, 254.
Léon Strauss (1988)