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GLAUBITZ Dorothée Adèle de

Fondatrice de la Congrégation des Sœurs de la Croix (C) (? Kogenheim 1.2.1797 † Strasbourg 8.1.1858).

Fille de C.-F. de Glaubitz. Le père de confession protestante, souscrivit au baptême catholique de tous ses enfants et passa lui-même à la confession catholique en 1842. La mère était issue d’une famille marchande domiciliée à Strasbourg, aux Grandes Arcades. À partir de 1801, la famille de Glaubitz habite Strasbourg. Adèle bénéficiait largement du renouveau catholique de la 1ère moitié du XIXe s. (relations avec le clergé séculier (abbé Mühe, abbé J.-B. Guerber) et régulier (P. P. Jésuites), avec la famille J.-J. Mertian © (Thérèse et Madeleine Mertian) et avec le « Cénacle » autour de Mlle Louise Humann ©. Inspirée par des courants sociaux en faveur des classes pauvres victimes des changements économiques, et par des expériences socio-pédagogiques suisses, elle fonda à Strasbourg, en 1835, l’« Œuvre des Jeunes servantes catholiques » pour offrir hébergement, instruction et formation professionnelle à des jeunes filles, pauvres, orphelines ou abandonnées, afin de leur assurer une éducation solide et un futur emploi. Elle installa l’Œuvre d’abord dans le logement familial, place Saint-Pierre-le-Jeune, ensuite dans un local adjacent (6 internes au début, 21 en 1839). Adèle de Glaubitz se dévoua personnellement à cette tâche avec l’aide de quelques recrues bénévoles et de ses sœurs Octavie et Augustine. En 1842, elle transféra l’Œuvre rue de la Toussaint dans les anciens locaux du collège Saint-Louis devenus disponibles par suite du départ pour Juilly des « Messieurs de S. Louis ». L’Œuvre des jeunes servantes compte alors une soixantaine d’internes. Pour donner à cette institution un avenir assuré, Adèle de Glaubitz fonda une Congrégation religieuse : les « Dames et Sœurs de la Croix », les dames venant de milieux aisés formant les cadres de l’œuvre des servantes, et gardant contact avec la bourgeoisie, les sœurs s’occupant plus directement de la formation pratique des élèves. Le projet fut agréé par l’évêché et le 2 février 1848 eut lieu, dans la chapelle, rue de la Toussaint, la profession religieuse des trois dames de Glaubitz Adèle, Octavie et Augustine, et de cinq sœurs, Mme Adèle étant fondatrice et supérieure générale. Par la suite, le nombre des sœurs de la Croix augmentait régulièrement, mais trois dames seulement vinrent rejoindre les dames de Glaubitz. Manquant des qualités requises, elles durent quitter en 1858, et la Congrégation porte dès lors la simple appellation « Sœurs de la Croix ». Fin 1847, extension imprévue de l’« Œuvre des jeunes servantes » : le préfet du Bas-Rhin lui confia de jeunes détenues, ce qui accentua le caractère rééducatif de l’établissement ; mais la cohabitation fut difficile, de sorte que Mme Adèle ouvrit pour les délinquantes une maison à Strasbourg-Neuhof où elle put loger, en 1853, une bonne centaine de filles. Des tournées de quête en Allemagne attiraient l’attention sur les activités charitables des Sœurs de la Croix, amenaient des vocations religieuses et suscitèrent la création d’instituts similaires placés sous l’autorité de Mme Adèle (1851 à Donzdorf, Wurtemberg ; 1853 à Bockendorf, Westphalie). Mme Adèle mourut le 8 janvier 1858. Sa sœur cadette Augustine (? 1811 † 1879), lui succéda comme supérieure générale. Sans exclure des activités sanitaires en hôpital et à domicile, les œuvres éducatives et rééducatives à visée sociale restèrent prioritaires. De nos jours la Congrégation des Sœurs de la Croix possède des établissements spécialisés pour l’éducation et la réinsertion sociale (handicapés mentaux, sourds-muets, aveugles, déficients moteurs, cas sociaux). En 1911, les locaux de la maison mère, rue de la Toussaint, étant devenus insuffisants, les Sœurs de la Croix les cédèrent à la congrégation hospitalière des Sœurs de la Charité de Strasbourg, (dites communément « Sœurs de la Toussaint ») établies dans le voisinage immédiat. Les Sœurs de la Croix construisirent un bâtiment spacieux à Strasbourg-Neudorf. Lorsqu’en 1920, il y eut partition de leur congrégation en 2 provinces, cette maison du Neudorf devint siège provincial de la branche française ; la branche allemande a sa maison provinciale à Bingen. La maison généralice est à Strasbourg, 12, rue J. Knauth.

Archives de la Congrégation des Sœurs de la Croix : Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 608 ; Au service de l’enfance inadaptée. Les Sœurs de la Croix de Strasbourg, 1950 (Exposé illustré des diverses activités) ; R. Herrmann, Aux origines des Sœurs de la Croix de Strasbourg, Madame Adèle de Glaubitz. 1797-1858. Esquisse historique…, Strasbourg, 1965, 174 p., portraits ; Dictionnaire de biographie française, XVI, 1983, 354 ; Encyclopédie de l’Alsace, VI, 1984, p. 3388.

Robert Herrmann (1988)