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GIRSBERG (GUIZEPERCH, GIRSPERC, GIRENBERG, GIERSBERG

voir GUIRSBOURG) von

Famille noble. Contrairement à une opinion courante, les Girsberg ne semblent pas avoir été, à l’origine, une famille de ministériaux (B. Metz). Leur apparition se place dans le dernier tiers du XIIe siècle : leur nom – et donc le château éponyme – est cité en 1186, mais un document ultérieur mentionne Ernvridus de Guizesperch dès 1162. Ce dernier peut être identifié comme le maire du domaine colmarien de l’abbaye de Payerne, l’Oberhof, cité en 1167, et, de ce fait, le château familial, que B. Metz désigne sous le nom Girsberg-Schanzel, se trouve justement sur des terres qui dépendent des bénédictins suisses. Signalés à plusieurs reprises dans l’entourage de Barberousse et de Frédéric II, des membres de la famille ont dû bénéficier de l’appui des Hohenstaufen. Andreas von Girsberg, cité vers 1222 construisit vraisemblablement le château de Wasserbourg, dans le vallon où il exerça les fonctions de forestier ; il fut également le fondateur des chapelles de Wihr-au-Val et de Katzenthal. Au début du XIII’ siècle, les Girsberg étaient solidement implantés à Colmar : leur patrimoine comprenait des terres assez nombreuses – des alleux, sans doute, – à l’entrée de la vallée de Munster, dans le vignoble et dans la plaine. Le Grand Interrègne et l’avènement de Rodolphe Ier marquèrent le déclin de leur puissance. Les Hattstatt prirent pied à Soultzbach (v. 1275) tandis que les Ribeaupierre progressèrent sur la rive droite de la Fecht. Cette situation d’encerclement explique peut-être leur attaque sur Wihr-au-Val, qui fut incendié en 1279, et leur raid sur Turckheim, la même année. La chronique de Colmar évoque leurs incessantes opérations contre leurs voisins, les Colmariens, contre lesquels ils entrèrent en guerre en 1281, avec l’appui des Ribeaupierre, de l’évêque de Strasbourg et des Hattstatt, qu’ils tentèrent de juguler au même moment en construisant un nouveau château au sommet du Staufen. Reconstruite après une première destruction (1281), pendant que les Hattstatt élevaient le Haut-Hattstatt, non loin de là, la place fut assiégée et prise par ces derniers l’année suivante. Peu après, Wasserbourg leur échappa définitivement. En 1289, les Girsberg reprirent les hostilités contre les Colmariens soutenus par le roi Rodolphe qui les avait mis au ban de l’Empire pour avoir fait assassiner le prévôt Sigfrid v. Gundolsheim ©. Mené avec des moyens considérables, le siège de leur château dura vingt-trois semaines jusqu’à sa chute, en février 1290. La famille se releva rapidement en prenant le parti d’Albert de Habsbourg contre Adolphe de Nassau (1296). Le Girsberg-Staufen fut reconstruit à cette occasion, tandis que le chevalier Johann v. Girsberg obtenait l’office de prévôt de Colmar en 1303. Pourtant, dès 1302, de graves dissensions déchirèrent le lignage en deux clans. À partir de 1304, la branche aînée chercha à se placer sous la protection d’Henri de Ribeaupierre : un accord ratifié en 1316 lui attribua le fief du château de la Roche (Stein), au-dessus de Ribeauvillé, en échange de leurs alleux de la vallée de la Fecht. Les Girsberg-Stein, qui n’avaient pas tardé à donner leur nom à leur nouvelle résidence, s’éteignirent au milieu du XVe siècle dans la personne de l’écuyer Heinrich v. Girsberg, bailli du Honack en 1438. La branche cadette (die obern von Girsberg) conserva une part importante de l’héritage familial, notamment le château de Walbach et, vraisemblablement, le Staufen. Elle disparut avec les enfants de Hans-Wilhelm ©, après 1433. La généalogie reconstituée par A. Scherlen ne permet pas toujours de distinguer les deux rameaux. Plusieurs membres du lignage jouèrent un rôle à Colmar, aussi bien dans le Conseil de la ville avant les troubles de 1358 que dans les établissements religieux comme la commanderie de Saint-Jean ou les couvents dominicains. Entre 1282 et 1289, Gertrud v. Girsberg fut prieure d’Unterlinden : sa piété est évoquée dans les récits de Catherine de Gueberschwihr. L’identification de l’abbé de Murbach Arnold de Froberg avec un membre de la famille est une erreur manifeste.

Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 604-605 ; A. Scherlen, « Les seigneurs de Guirsbourg et leurs terres », Perles d’Alsace, t. III, Colmar, 1934, p. 204-244 ; F. Rapp, Le château dans la vie médiévale et dans la politique territoriale, Strasbourg, 1968 ; B. Metz, « Dix châteaux des environs de Soultzbach », Bulletin de l’Association pour la sauvegarde de l’architecture médiévale, Strasbourg, n° 5, 1978.

Georges Bischoff (1988)