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GINSBURGER Moïse (Moses)

Rabbin et historien, (I) (? Hattstatt, 12.11.1865 d Sélestat 9.8.1949). ? Coralie Hecker, trois enfants dont un fils, Roger, plus connu sous le nom de Pierre Villon ©, membre fondateur du Conseil national de la Résistance et député de l’Allier. Ginsburger commença ses études rabbiniques à Strasbourg, puis à Berlin d’où il revint avec le titre rabbinique et celui de docteur en philologie. Il occupa le poste rabbinique de Soultz, Haut-Rhin, de 1891 à 1910, poste transféré à Guebwiller (1910-1921). Il s’intéressa très tôt à l’histoire des Juifs d’Alsace. Son premier article important parut dans la Revue des études Juives à Paris, en 1900, « Les Mémoriaux alsaciens », qui fut suivi par de nombreux articles et monographies. Il créa en 1903 un hebdomadaire. Die Strassburger israelitische Wochenschrift, ce qui lui permit de publier régulièrement le fruit de ses recherches. En 1905 il créa une société d’histoire, Gesellschaft für die Geschichte der Israeliten in Elsass Lothringen devenue par la suite la Société d’histoire des Israélites d’Alsace et de Lorraine qui fut elle-même à l’origine du Musée juif de Strasbourg, abrité au Musée alsacien du quai Saint-Nicolas, mais propriété de la Société (1909). La guerre de 1914-1918 l’interrompit dans ses recherches scientifiques. Le grand rabbin du Haut-Rhin Isidore Weil avait dès le début de la guerre abandonné son poste et démissionné. Le Consistoire, malgré les objurgations de l’autorité allemande, refusa de lui donner un successeur dans l’immédiat, et désigna les rabbins Moïse Ginsburger et Joseph Zivy pour assurer l’intérim. Ginsburger était aussi aumônier militaire. Sans doute espéra-t-il être titularisé dans ses fonctions de grand rabbin, la guerre une fois finie, mais on lui préféra un rabbin de stricte observance, le rabbin Ernest Weill, alors à Bouxwiller. Ginsburger était manifestement un rabbin libéral. Il appartenait à la Vereinigung der Liberalen Rabbiner Deutschlands et il avait signé en 1912 les célèbres Richtlinien zu einem Programm für das Liberale Judentum, encore que ce « libéralisme » fut assez proche de la tradition. Déçu dans ses ambitions, Ginsburger vint s’installer à Strasbourg, partageant son temps entre la Bibliothèque nationale et universitaire, où il rédigea le Catalogue imprimé des manuscrits hébreux, araméens, syriaques et mandéens, 1923, les lycées où il donnait des leçons de religion, et la faculté des Lettres où il était chargé d’un cours. En 1930, il créa une nouvelle revue d’histoire. Souvenir et Science qui disparut en 1934, mais qui demeure une source pour les chercheurs. Entre 1939 et 1945 il était réfugié à Clermont-Ferrand où il travailla sur ses notes. Après la guerre il publia encore une étude importante sur La première communauté israélite de Strasbourg, 1945. Il mourut le 9 août 1949 à Sélestat et fut enterré dans l’antique cimetière de Jungholtz dont il avait été l’historien. Il avait réuni une documentation considérable, en partie seulement conservée. L’œuvre qu’il a laissée, des centaines d’articles et de monographies, ne présente pas toujours la rigueur que l’on exige aujourd’hui de ce genre d’ouvrages, mais ne demeure pas moins la base de toute étude sur l’histoire des Juifs d’Alsace.

Anthropomorphismus in den Thargumim, thèse, 1891 ; Fragmenten Targum, Berlin, 1899 ; Pseudo Jonathan zum Pentateuch, 1903 ; Les introductions araméennes à la lecture du Targum, Paris, 1921 ; « Deux Manuscrits caraïtes », Revue des études juives, 72, 1921, p. 40 ; « Les explications des noms des personnes dans l’Ancien Testament », Revue de l’histoire des Religions, t. 42, n° 4, 1925, p. 1 ; « Der Aktuar Salzmann und seine Famille », EIsassland, 6, 1926, p. 78 ; Inventaire sommaire des archives municipales de Guebwiller antérieures à 1790, Guebwiller, 1928 ; L’exégèse biblique des Juifs d’Allemagne au Moyen Âge, Cincinatti, 1930 ; diverses notices dans Germania judaica. Bibliographie complète dans l’ouvrage de B. Blumenkranz.

Winniger, « Esquisse d’une autobiographie », Grosse jüdische national-Biographie, t, 7, 1934, p. 9 ; B. Blumenkranz, Bibliographie des Juifs en France, Toulouse, 1974 ; R. Heuer, Bibliographie judaica, Francfort-New-York, vol. 1, 1982, p. 116 ; Encyclopédie de l’Alsace, VI, 1984, p. 3375, Vogler (B.), dir. Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, 2. L’Alsace, Paris, 1987, p. 159-160.

Robert Weyl (1988)