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GILLMANN Marcel

Maire d’Obernai, conseiller général, (C) (? Gambsheim-Bettenhoffen 15.9.1907).

Fils de Charles Gillmann instituteur à Bettenhoffen, puis à Strasbourg, puis professeur à l’école de perfectionnement professionnel à Strasbourg (? Climbach 20.3.1881 † Strasbourg 19.8.1954), et de Joséphine Schuhl (? Krautergersheim 17.3.1883). Études secondaires à Reims pendant un stage de son père. Il eut en 1924-25 Marcel Déat comme professeur de philosophie. Études de médecine à Strasbourg, puis à Toulouse. En 1931-1933, ses études furent interrompues par son service militaire au Maroc. Il participa aux dernières opérations de pacification dans le Rif. En 1933, il soutint sa thèse sur Le capital organique, puis il s’installa à Obernai, où il exerça la médecine de 1933 à 1965. Il milita en 1933-1935 dans des mouvements strasbourgeois de droite, comme Forces nouvelles ou Neue Front. En 1935, il adhéra à l’U.P.R. En août-septembre 1936, correspondant de guerre de l’Elsässer en Espagne nationaliste, il parcourut 12000 km en voiture et assista notamment à la bataille de Teruel. Le 10 octobre 1936, lors du meeting de Maurice Thorez à Strasbourg, il dirigea une contre-manifestation. Le 18 décembre 1936, lors de la manifestation de l’Union paysanne, il fut arrêté, place Kléber, et inculpé de violences à agent. Soutenu par les maires du canton d’Obernai, il fut mis en liberté provisoire le 22décembre et acquitté le 23 mars 1937. En 1936-37, il mena au nom du Front antibolchévique, une campagne de réunions publiques, où il donnait ses « impressions d’Espagne ». Inculpé d’atteinte au crédit de l’État, il fut acquitté par la Cour d’appel de Colmar. Il publia aussi en 1937, l’Arbeiter- und Bauernzeitung. Le 30 janvier 1938, lors d’une élection cantonale partielle à Obernai, il se présenta avec l’investiture de l’U.P.R., malgré l’opposition du député de la circonscription, Henri Meck ©. Élu au Conseil général, il continua à affronter physiquement ses adversaires politiques et fut ainsi violemment pris à partie lors d’un meeting communiste au Palais des fêtes de Strasbourg le 20 octobre 1938. Après l’annexion de fait, il refusa d’entrer dans les organisations nazies et établit des certificats médicaux pour des victimes de mauvais traitements infligés par les gendarmes allemands. Son cabinet fut fermé en 1943 et il s’établit à Karlsruhe, où il aida les Alsaciens exilés. En 1944, il fut arrêté par la Gestapo. Il fut libéré par les soldats français en 1945. En octobre 1945, il succéda comme maire d’Obernai à Xavier Mosser ©. En 1953, la liste du Conseil sortant fut mise en minorité, mais Gillmann fut quand même réélu maire. Une nouvelle crise grave secoua en juin 1955 la municipalité. À la suite de la démission de deux adjoints, treize conseillers municipaux demandèrent au maire de démissionner à son tour « à cause de ses trop fréquentes difficultés de santé ». Gillmann se maintint et fut réélu maire en 1959 et en 1965. En 1971, il fut battu par René Dubs ©. À la suite de la dissolution du Conseil municipal, de nouvelles élections municipales eurent lieu en octobre 1973 : la liste de Gillmann fut victorieuse et il reprit la mairie. Sa carrière municipale se termina en 1977 : sa liste fut battue au second tour par celle de Hubert Eck ©. Durant ses mandats successifs, Gillmann avait profité du remembrement des terrains agricoles pour constituer une importante réserve foncière au profit de la commune. Ainsi purent s’implanter à Obernai Kronenbourg, Triumph, Hager, la SEITA et s’étendre des industries déjà existantes : Zaegel-Held et Supra. Un lycée agricole fut également créé. Simultanément, la ville, dont la population s’accrut de 39 % entre 1946 et 1971, s’agrandissait et se modernisait par la construction d’ensembles de logements collectifs, de lotissements résidentiels, d’équipements scolaires, sociaux, sportifs et touristiques. En 1945, il avait retrouvé son siège au Conseil général et il fut vice-président de l’assemblée départementale jusqu’en 1956. Réélu en 1955, il fut battu par René Dubs en 1961 et 1967. Il reprit ce mandat de 1973 à 1979. Il avait quitté le M. R. P. en 1953, à la suite d’un très violent conflit avec Henri Meck. D’abord « républicain populaire indépendant », il bénéficia en 1955 de l’investiture du Centre départemental des Indépendants, du soutien de l’A. R. S. (gaullistes dissidents) et de l’amicale des maires du canton. Aux élections législatives de 1956, il figurait sur la liste du groupe d’action démocratique et paysanne, avec Hoeffel ©, Radius © et Westphal ©. En 1961, il fut candidat de l’U. N. R. aux élections cantonales. Gillmann, qui présida la commission des questions européennes à l’Association des maires du Bas-Rhin, participa, dès 1954, aux États généraux des communes d’Europe à Venise. La même année, il prit l’initiative d’un jumelage d’Obernai avec Neunkirchen, Sarre. Ses prises de position en faveur du bilinguisme furent très fréquentes. Le docteur Gillmann est aussi écrivain dialectal et artiste peintre. Médaille coloniale. Médaille de la Résistance (1947). Légion d’honneur (chevalier, 1951 ; officier, 1962). « Difficultés et perspectives d’une ville moyenne (Obernai) », Élan, Strasbourg, 15, 1971, 7, p. 9-11.

Entretien avec le Dr Gillmann, 6 mai 1981 ; Himly, Chronologie de la Basse Alsace, Strasbourg, 1972, p. 326 ; C. Baechler, Le parti catholique alsacien, 1982, p. 548, 631 ; Courrier d’Obernai, 1936-1939 : Elsässer, 1936-1939 ; Dernières Nouvelles de Strasbourg. Humanité d’Alsace-Lorraine. Freie Presse, Neue Zeitung, Strasbourg, du 17 au 23.12.1936 ; Office régional d’information. Bulletin quotidien, du 1.2. au 21.2.1938 ; Courrier des Vosges, Obernai, 1946-1979 : Bulletin d’information populaire. Obernai, 1961-1970 ; Le Nouvel Alsacien des 14.2.1947, 22.9.1951, 3.6.1961, 22.12.1962, 4.11.1973 ; Dernières Nouvelles d’Alsace des 30.9.1973, 2.10.1973, 30.10.1973, 22.3.1977.

Léon Strauss (1988)

Compléments :

† 14.7.2002

Dernières Nouvelles d’Alsace, 14.7.2007

Philippe Legin (mars 2019)