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GERST Auguste Hermann

pPasteur et historien, (P) (? Klingenthal 26.7.1897).

Fils de Charles Hermann Gerst, pasteur (lui-même fils de pasteur (Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, n° 1659 et 1660), descendant d’une famille attestée à Pfaffenhoffen dès 1520), et de Jeanne Jung, fille d’inspecteur des Eaux et Forêts de l’arrondissement de Saverne. ? 30.7.1924 à Genève Marthe Juliette Droin, fille de pasteur (? Genève 26.6.1900 † Saverne 30.10.1983). Après ses études au collège de Sainte-Marie-aux-Mines et au gymnase de Sélestat, Gerst fut mobilisé dès 1915 dans une formation d’artillerie de montagne qui combattit sans interruption en première ligne jusqu’à la fin de la guerre (Hartmannswillerkopf, 1916, etc.). Rentré dans ses foyers, il commença des études de théologie à Paris (1919/20), les poursuivit à Strasbourg (1920/22) et les termina à Genève (1922/23). D’abord pasteur administrateur à Mulhouse-Saint-Étienne (1923/24), il exerça son ministère à Hunspach-Hoffen-Ingolsheim à partir de 1924. À côté de ses fonctions pastorales, il s’intéressa à l’histoire de sa paroisse et découvrit même en juillet 1939 dans la forêt de Hunspach la seule station du néolithique poinçonné, 2e phase de Roessen, connue en Alsace, mais que la guerre qui survint ne permit plus de fouiller scientifiquement. Le 2 septembre 1939, il fut évacué avec ses paroissiens en Haute-Vienne (Folles et Bessines), où il assura en plus la desserte des protestants de cinq autres communes évacuées et le service de maire pour ceux de Hunspach, de 1939 à 1940. Lors du retour de ses paroissiens en Alsace en été 1940, il resta en France libre sur les conseils et instances de son prédécesseur et ami, le professeur Pierre Scherding © et de Charles Hauter ©, et fut chargé de la paroisse réformée de Riom. Il eut ainsi à s’occuper des Alsaciens et Lorrains décidés à attendre la fin de la guerre loin de leur pays natal, ainsi que des expulsés, évadés et autres dispersés dans le département du Puy-de-Dôme et dans celui du Cantal, où il assura des cultes mensuels à Aurillac. Nommé également aumônier de la Maison centrale et de la Maison d’arrêt de Riom, il entra en contact non seulement avec les détenus de droit commun, mais aussi avec les nombreux prisonniers politiques et résistants, dont le ministre de l’Éducation nationale Jean Zay, qu’il visita régulièrement jusqu’à la mort tragique de ce dernier en été 1944. Après l’Armistice, s’y ajouta le service d’un camp d’une soixantaine de prisonniers de guerre allemands, qui, contrairement à ce qu’on pouvait penser, assistaient aux cultes avec ferveur et attendaient les visites avec impatience. Rentré en Alsace en juillet 1945, Gerst, cédant aux instances de Fritz Münch ©, membre du conseil presbytéral de Saint-Guillaume à Strasbourg, accepta un poste de pasteur à cette paroisse fortement éprouvée par la guerre et dont il fallait réaménager l’église gravement endommagée par les bombardements de 1944. En même temps il fut chargé de la Maison d’arrêt de Strasbourg avec ses nombreux détenus politiques allemands, dont plusieurs condamnés à mort, comme le chef du Sicherheitsdienst Isselhorst. Après cela, Gerst termina sa carrière comme pasteur de la paroisse de Weiterswiller-Obersoultzbach, de 1956 à 1967, s’y occupant en particulier de la rénovation de l’église de Weiterswiller et de ses fresques. Depuis lors, il vit retiré à Saverne. Les loisirs de la retraite lui ont permis de réaliser un vieux souhait : écrire l’histoire du village et de la paroisse de Hunspach, publiée d’abord en allemand, conformément au désir de ses anciens paroissiens d’âge mûr et avancé, Chronik der Gemeinde Hunspach und der Pfarrei Hunspach Hoffen Ingolsheim, Strasbourg, 1974, puis en une édition française revue et augmentée, Histoire de Hunspach et de la paroisse de Hunspach Hoffen Ingolsheim, Strasbourg, 1975. De plus il a collaboré aux Cahiers de la Société d’histoire et d’archéologie de Saverne et environs, notamment à celui de 1964 consacré à Weiterswiller (sur les peintures murales de l’église et sur les lieux-dits) et à ceux de 1968 et 1969 (« En feuilletant un vieux livre de médecine populaire. Croyances et pratiques magiques »). Déjà en 1939, il avait publié un récit détaillé sur la vie de ses paroissiens évacués en Haute-Vienne : « Aus der Flüchtlingskirche », Bulletin de l’Eglise réformée du Consistoire de Bischwiller. Non publiés sont : une histoire de la famille Gerst, un volume de souvenirs autobiographiques et plusieurs pièces de théâtre pour jeunesse rurale, traitant de l’histoire et des légendes locales. Dessinateur de talent, Gerst est l’auteur de nombreuses gravures, parues notamment dans des feuilles religieuses comme Sonne und Schild ou dans son Histoire de Hunspach.

Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, n° 1661.

Portrait dans l’Histoire de Hunspach, pl. X et XVI.

Jean Rott (1988)

Compléments :

† 13.8.1991

Philippe Legin (mars 2019)