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GEROLDSECK über Rhein von

Famille noble de l’Ortenau, sans parenté décelable avec les Geroldseck am Wasichen ©. Elle apparaît au début du XIIe siècle avec Walter von Geroldseck, qui porte le nom de son château sur le Rauhkasten (aujourd’hui Alt-Geroldseck). Au Xlle siècle, les Geroldseck étaient d’obscurs petits seigneurs de la vallée de la Schutter, dont ils encadraient la mise en valeur. Ils avaient sans doute déjà l’avouerie de l’abbaye de Schuttern, car en 1235 celle-ci était aux Tiersberg/Diersburg, branche aînée des Geroldseck, attestée de 1197 à 1279. À partir de Heinrich von Geroldseck (1209-35), la famille fut représentée au Grand Chapitre de Strasbourg. En 1218 s’éteignirent les Zaehringen, qui jusqu’alors dominaient l’Ortenau :
leur succession fut vivement disputée, principalement entre l’Empereur et le comte Egino von Urach. Cette situation ouvrait aux Geroldseck, enrichis par le défrichement de la Forêt-Noire et peut-être déjà par les mines d’argent, de toutes nouvelles possibilités. Ils s’allièrent aussitôt à Frédéric II et bâtirent à Lahr, dès 1218, un château révolutionnaire (à l’échelle régionale) par ses meurtrières à niche et son plan géométrique flanqué, à la française.

  1. Walter,

(† 1275/77), devint chef de famille vers 1235, élimina les Lützelhard (anciens ministériaux des Zaehringen) de la vallée de la Schutter, s’allia au bon moment (1246) à l’évêque Heinrich de Strasbourg contre Frédéric II, et en profita pour mettre la main sur Mahlberg, Hausach et les biens de l’Empire en Ortenau ; il fonda l’hôpital (1259) et peut-être aussi la ville de Lahr, obtint de l’évêque de Strasbourg l’avouerie d’Ettenheimmünster (avant 1248), et tira d’énormes profits de l’ouverture des mines d’argent de Prinzbach (1257). En 1260, il fit élire son fils Walter © évêque de Strasbourg ; la même année, le roi Richard nomma son autre fils Hermann Landvogt en Alsace, Brisgau et Ortenau. Disposant ainsi – dans le contexte de l’Interrègne — des ressources de l’Empire dans l’Oberrhein et de celles de l’Église de Strasbourg, apparentée à l’archevêque de Trèves Heinrich von Finstingen (Fénétrange) ©, à l’abbé de Murbach Berthold de Steinbrunn ©, aux Lichtenberg ©, la famille de Geroldseck était à l’apogée de sa puissance, et paraissait à deux doigts de l’hégémonie sur les deux rives du Rhin, de BâIe à SeItz. Pour se l’assurer, Walter bâtit d’excellents châteaux : en 1261 Schwarzenberg au-dessus de l’abbaye de Munster (dont son fils lui avait inféodé l’avouerie), avant 1267 Schwanau, qui contrôlait un passage du Rhin, sans doute aussi Hohengeroldseck. Mais, manquant de mesure et de sens politique, lui et son fils Walter s’aliénèrent successivement la ville de Strasbourg, le landgrave Rudolf von Habsburg et les villes impériales. La première les défit à Hausbergen (1262), où le Landvogt Hermann et Heinrich von Tiersberg furent tués. L’évêque Walter étant mort en 1263, son père avait perdu les ressources de l’Empire et de l’Église de Strasbourg, et c’est en pure perte qu’il poursuivit la lutte contre Strasbourg jusqu’en 1266. Mais à sa mort (1275/77), il laissait une seigneurie intacte, et même considérablement accrue par rapport au début du siècle. Ce sont ses héritiers — son fils Heinrich von Veldenz et les fils du Landvogt Hermann — qui, en la partageant (1277), précipitèrent ensuite le déclin du lignage.

  1. Walter,

Evêque de Strasbourg (? 1229/30, † 12.2.1263). Fils de Walter von Geroldseck ©. Entra encore enfant au Grand Chapitre de Strasbourg et en devint prévôt en 1252. Âgé de trente ans à la mort de l’évêque Heinrich von Stahleck ©, il fut élu presque unanimement pour lui succéder (1260), peut-être grâce à l’argent de son père, sans doute aussi sur un programme — réprimer les tendances de la ville de Strasbourg à l’autonomie — dont l’application fit aussitôt monter la tension. Au printemps 1261, la ville prit l’initiative des hostilités en empêchant le passage des troupes et du matériel que Walter voulait envoyer à ses cousins de Lichtenberg, en guerre contre l’évêque de Metz ; ceux-ci durent capituler. Là-dessus, l’évêque quitta Strasbourg, ordonnant à tout le clergé et à ses ministériaux — dont une partie fit défection — de le suivre, et lança l’interdit sur la ville (juin 1261). En même temps, il publiait un manifeste en allemand, dénonçant les abus des patriciens qui accaparaient le pouvoir municipal : démagogie habile, mais sans succès, le peuple continuant à soutenir le Conseil. L’évêque entreprit alors le blocus de la ville, soutenu par toute la noblesse alsacienne (sauf celle de la vallée de la Bruche), et par des contingents de ses parents, l’archevêque de Trêves et l’abbé de Murbach, ainsi que de Rudolf von Habsburg. Mais Walter s’aliéna ce dernier par sa politique expansionniste en Haute-Alsace: en septembre 1261, le landgrave, changeant de camp, s’allia avec la ville et se mit à combattre l’évêque avec succès en Haute-Alsace. Dès juillet, à la suite d’un assaut manqué sur le faubourg Sainte-Aurélie, l’archevêque de Trêves avait retiré son contingent. Le blocus s’éternisant sans résultat, l’évêque s’impatientait. Enfin, le 8 mars 1262, les Strasbourgeois firent une sortie sur Mundolsheim. Walter se hâta vers eux avec sa cavalerie, sur quoi ils se retirèrent sur les hauteurs de Hausbergen, pour y attendre en position favorable les renforts qu’ils avaient appelés. Croyant à tort qu’ils cherchaient une nouvelle fois à éviter le combat, l’évêque, méprisant tous les conseils, les attaqua sans laisser à son infanterie le temps de le rejoindre. Cette erreur fut la principale cause d’une défaite historique — la première victoire de piétons sur des cavaliers, 53 ans avant Morgarten : la cavalerie épiscopale eut environ 60 morts (dont le frère de l’évêque) et 75 prisonniers. Le prélat lui-même, aussi brave chevalier que mauvais stratège, eut deux chevaux tués sous lui et ne s’enfuit qu’au dernier moment. Mais, son potentiel militaire brisé, il dut signer des préliminaires de paix (9 juillet 1262) qui scellaient sa défaite. Dans les négociations qui suivirent, il ne brilla pas davantage comme diplomate qu’il ne l’avait fait comme chef de guerre : dans un moment de colère, il trahit le secret de ses chevaliers prisonniers, qui achevaient de creuser un tunnel pour s’évader, ruinant ainsi ses dernières chances. La guerre ayant repris, il dut assister impuissant au ravage de ses terres par les Strasbourgeois, qui durait encore lorsqu’il mourut à Dachstein, le 12 février 1263, de chagrin, dit-on. Son successeur, Heinrich von Geroldseck am Wasichen ©, se hâta de faire la paix avec la ville, au prix d’importantes concessions, sur lesquelles aucun évêque ne put revenir par la suite, et qui sont le point de départ de l’évolution qui fit de Strasbourg une ville libre d’Empire, C’est donc un peu à Walter von Geroldseck et à son impulsivité que Strasbourg doit sa liberté.

Bellum Waltherianum (anonyme), Monumenta Germaniae historica, SS XVII, p. 105-114, traduction allemande par F. Closener, Die Chroniken der deutschen Städte, 8 (ed. K. Hegel), 1871, p. 72-89 ; Regesten der Bischöfe von Strassburg, Innsbruck, 1908, II, 1928, p. 177-221 ; W. Wiegand, Bellum Waltherianum, 1878.

  1. Walter von Hohengeroldseck,

(? avant 1292, † 1362), dit de Tübingen (du nom de sa mère), ayant rançonné des marchands sur le Rhin depuis son château de Schwanau, une coalition exceptionnellement nombreuse de villes de l’Oberrhein et de Suisse vint l’assiéger et le détruisit ; la garnison fut exécutée, fait inhabituel qui indique que les exactions commises avaient été particulièrement graves ; les Strasbourgeois en profitèrent pour détruire les remparts d’Erstein (que Walter tenait en gage) et de Schuttern.

Le partage de 1277 et un autre au début du XIVe siècle aboutirent à diviser le lignage en trois branches : Geroldseck-Lahr (éteinte en 1426), Geroldseck-Sulz (plus tournée vers la Souabe, éteinte vers 1480) et Hohengeroldseck (éteinte en 1634), qui ne cessèrent pas de jouer un rôle en Alsace, en premier lieu par leur présence au Grand Chapitre de Strasbourg : citons parmi les Geroldseck-Lahr : Hermann l’aîné (1260-1328), chantre, cellérier, archidiacre, puis camérier, et Hermann le jeune (1292-1336), doyen, archidiacre puis camérier, parmi les Geroldseck-Sulz Walram (1292-1336), doyen, archidiacre et prévôt à Strasbourg avant de devenir évêque de Spire (1328-36) et Georg (1360-1411), écolâtre en 1364, candidat malheureux à la mitre en 1375 ; parmi les Hohengeroldseck Georg (1318-90), chantre, Georg (1425-66), camérier, puis chantre, et Walter, chanoine de 1560 à 1564, le dernier Geroldseck au Grand Chapitre. Johann von Geroldseck-Sulz fut abbé de Wissembourg (1400-34), Adelheid von Geroldseck-Lahr abbesse d’Andlau (1344). Par ailleurs, les Geroldseck contractèrent fréquemment mariage avec des familles alsaciennes, en général comme euxde haute noblesse non comtale (Rappoltstein, von der Dicke, Geroldseck am Wasichen, Ochsenstein, Lichtenberg) ; Walter von Geroldseck-Lahr épousa avant 1279 Susanna, fille du landgrave Heinrich-Sigebert von Werd ©, leur fille Udelhild épousa avant 1300 Friedrich von Wangen, d’une famille d’origine ministérielle. Par ces biais et d’autres, les Geroldseck furent constamment mêlés aux affaires d’Alsace ; c’est ainsi que :

  1. Diebold von Hohengeroldseck,

(? avant 1419 † 1461), coseigneur de Marlenheim, Hochfelden et Reichshoffen du chef de sa grand-mère Anna von Ochsenstein.

E. Hlawitschka, “Notizen zur Familiengeschichte der Herren von Hohengeroldseck in der Mitte des 15. Jhs.”, ZGO 134, 1986, p. 89-97.

Monumenta Germaniae historica SS n.s. III (Johann von Winterthur, Chronica, ed. E. Baethgen) et IV (Mathias von Neuenburg, Chronica, ed. A. Hofmeister) ; A. Lütolf, “Die Zerstörung der Reichsveste Schwanau”, Forschungen zur deutschen Geschichte 19, 1879, p. 449-454.

  1. Diebold von Hohengeroldseck,

(? 24.5.1449 † après 1493). Fils de Diebold von Hohengeroldseck ©. Seigneur de Boulay (Bolchen) par son mariage avec Élisabeth de Rodemack. Comme il avait rançonné des marchands suisses sur le Rhin (1473), Strasbourg détruisit Schuttern pour la troisième fois (la seconde destruction est de 1374), assiégea Hohengeroldseck, et était sur le point de le prendre lorsque le margrave de Bade et le comte palatin négocièrent la paix. Diebold perdit néanmoins son château et l’essentiel de sa seigneurie en 1486, au profit du comte palatin, dont il avait imprudemment tenté de rejeter le protectorat.

Bibliographie sur l’ensemble de la famille : Chr. Bühler, “Die Famille der Geroldsecker. Beiträge zur Familiengeschichte der Herren von Geroldseck und Tiersberg”, Geroldsecker Land 19, 1977, p. 25-52 ; Chr. Bühler, Die Herrschaft Geroldseck. Studien zu ihrer Entstehung, zu ihrer Zusammensetzung und zur Familiengeschichte der Geroldsecker im Mittelalter, Stuttgart, 1981 ; Chr. Bühler, Regesten der Herren von Geroldseck, dactyl., en cours de révision pour la publication ; D. Schwennicke, Europäische Stammtafein NF 11, 1986, pl. 77-79 et introd. (plus complet que Bühler, s’en écarte sur quelques points) ; R.-P. Levresse, « Prosopographie du chapitre de l’église cathédrale de Strasbourg de 1092 à 1593 », Archives de l’Église d’Alsace, 18, 1970, p. 1-39.

Bernhard Metz (1988)