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GEFFCKEN Heinrich Friedrich

Universitaire et homme politique allemand, professeur à l’Université de Strasbourg, conseiller d’État (Staatsrat) d’Alsace-Lorraine, (P) (★ Hambourg 9.12.1830 † Munich 30.4.1896).

Fils de Heinrich Geffcken (★ 1792 † 1861) et d’Elizabeth Merckel (★ 1796 † 1889). ∞ 1850 Caroline Immermann ; quatre enfants. Études à Bonn, Göttingen, Berlin. Entra au service de la ville libre hanséatique de Hambourg. Chargé d’affaires, puis ministre résident de Hambourg à Berlin de 1856 à 1866, il prit congé de Berlin pour Londres, jusqu’en 1872. Proche du prince royal (Kronprinz) Frédénc-Guillaume (futur Frédéric III), avec qui il s’était lié au cours de ses études à Bonn, Geffcken fut l’un des inspirateurs du « parti de la Cour » qui s’opposait à la politique du ministre-président de Prusse, Bismarck ©. En 1872, il accepta les offres de Roggenbach, organisateur de l’Université de Strasbourg, lui aussi un proche du Kronprinz, et occupa la chaire de Sciences politiques et Droit public à l’Université de Strasbourg : le prince de Bismarck accueillit favorablement ce choix d’adversaires politiques en espérant que Geffcken se cantonnerait désormais à l’enseignement. C’était là un mauvais calcul, car Geffcken continua ses activités politiques, exprimant en particulier sa très vive opposition à la politique du Kulturkampf. Il assura aussi la liaison entre Frédéric-Guillaume et le président supérieur Moeller ©, pendant la période de 1877 à 1879 où, à la demande de la Délégation (Landesausschuss) d’Alsace-Lorraine, fut envisagée la constitution d’un « Dauphiné » ou Kronprinzenland en Alsace-Lorraine, proposition que rejeta l’Empereur Guillaume 1er. C’est au maréchal Manteuffel, nommé Statthalter, dans le cadre de la loi du 4 juillet 1879, que le prince impérial demanda la nomination de Geffcken au Conseil d’État d’Alsace-Lorraine, service délicat, mais que ne refusa pas le maréchal. Manteuffel lui confia des missions importantes dans la négociation difficile qu’il entreprit avec la Curie romaine, pour régler la question de la succession des deux évêques de Metz et Strasbourg, fort âgés. Geffcken n’occupa pas longtemps ces fonctions, et, dès 1882, le délabrement de ses nerfs le contraignit à des séjours de plus en plus fréquents en maison de repos : il abandonna ses activités pédagogiques et administratives. En 1888, la publication par ses soins de passages des Mémoires de l’empereur Frédéric III, où étaient exposées les divergences de vues entre celui-ci et Bismarck, lui valut un procès retentissant, ainsi que des poursuites contre les proches de l’empereur décédé.

Archives d’État de la RDA, Merseburg, Hohenzollern Hausarchiv, Frédéric III ; Archives départementales du Bas-Rhin ; Allgemeine deutsche Biographie, LV, 1910, p. 763-766 ; Neue Deutsche Biographie, VI, 1964, p. 127-128 ; J. E. Craig, A mission for german learning : the University of Strasbourg, Strasbourg, 1973 ; F. Igersheim, L’Alsace des Notables 1870-1974, 1981, p. 56-57.

François Igersheim (1988)