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GAULLE Charles André Joseph Marie de

Homme d’État, citoyen d’honneur de Strasbourg, (C) (★ Lille 22.11.1890 † Colombey-les-Deux-Églises 9.11.1970).

Fils de Henri de Gaulle, et de Jeanne Maillot, ∞ 6.4.1921 Yvonne Vendroux. La biographie du général de Gaulle est reprise dans des centaines d’articles et d’ouvrages. Cela permet de rappeler les seuls faits marquant l’histoire de l’Alsace. Dans ses Mémoires de Guerre, Charles de Gaulle a retracé la visite qu’il fit à Noël 1944 en qualité de président du gouvernement provisoire de la République et de chef des armées dans la région non encore totalement libérée : « L’armée est solide mais lasse. L’Alsace est loyale mais inquiète. J’en tire la conclusion que dans le cas d’un événement fâcheux, il me faudrait intervenir pour empêcher de sérieuses conséquences ». Les troupes allemandes ayant lancé des contre-attaques et repassé le Rhin, le général Eisenhower prit quelques jours plus tard la décision d’un repli stratégique sur les Vosges. Aux yeux de Charles de Gaulle, « l’abandon de l’Alsace et de Strasbourg sans bataille et par les troupes françaises eût été un désastre national irréparable ». Il intervint le 2 janvier 1945 auprès du président Roosevelt et de Winston Churchill © et ordonna au général de Lattre de Tassigny de défendre Strasbourg. Un mois plus tard, les 10 et 11 février, de Gaulle put apporter à Mulhouse, Colmar et Strasbourg le salut de la patrie française. Il revint au mois d’octobre ; la ville de Strasbourg administrée par Charles Frey ©, le consacra citoyen d’honneur (5 mai 1945). De Gaulle proclama à cette occasion : « Oui l’avenir de l’Europe occidentale passe ici, il passe à Strasbourg ». Depuis la Libération, une politique particulière avait été appliquée dans les trois départements de l’Est. Par ses consignes et ses règlements, le gouvernement provisoire préparait la réintégration de cette région annexée au Reich durant la guerre. Des hommes, tel Charles Blondel ©, entourés de petites équipes d’administrateurs, se virent confier cette tâche. L’une des ordonnances que signa de Gaulle le 13 septembre 1945 aurait dû avoir des effets importants sur la vie culturelle ; elle concernait la presse et fut appliquée jusqu’en 1984. De Gaulle comprit aussi le drame des Alsaciens incorporés de force dans l’armée allemande. Après le verdict du tribunal militaire de Bordeaux condamnant pour leur participation au crime d’Oradour-sur-Glane 13 Alsaciens incorporés dont deux s’étaient engagés dans l’armée française après leur évasion et avaient été décorés de la croix de Guerre, de Gaulle estima le 17 février 1953 que « dans cette grave affaire, ce qui doit avant tout être évité, c’est qu’après avoir perdu dans la tragédie d’Oradour tant de ses enfants assassinés par l’ennemi, la France laisse, de surcroît infliger une amère blessure à l’unité nationale ». L’Alsace a accueilli de nombreuses fois de Gaulle après sa démission de la présidence du gouvernement provisoire. C’est ainsi qu’il lança à Strasbourg le Rassemblement du Peuple français (R.P.F.) le 7 avril 1947. Il y revint aussi plus tard en qualité de président de la Cinquième République. Du 19 au 22 novembre 1959, il visita 82 communes alsaciennes et prononça 17 discours. Le dernier voyage officiel du général eut lieu dans le cadre des célébrations du 20e anniversaire de la Libération. Il y justifia le 22 mai 1964 la politique étrangère de la France et la réconciliation avec l’Allemagne, gage de, « la construction d’une Europe européenne ». Lors de la crise de « mai 68 », la rencontre de Charles de Gaulle avec le général Massu, commandant les forces françaises stationnées en République fédérale d’Allemagne, aurait dû se faire au Mont Sainte-Odile ; le symbolisme du choix est évident. Le charisme du général de Gaulle explique la force du mouvement gaulliste en Alsace.

J. Granier, De Gaulle et l’Alsace, Strasbourg, 1970, 324 p. ; F. L’Huillier, Libération de l’Alsace, Paris, Flachette, 1975, 240 p. ; Dictionnaire de biographie française, XV, 1980, 738-749.

† Jean-Pierre Kintz (1988)