Artiste peintre (C) (★ Mulhouse 24.10.1948).
Fils de Constantin Gasser, cadre SNCF, et de Simone Catry. Marié, 2 filles. Élève de l’École des Arts décoratifs de Strasbourg (1966-1970), il a obtenu le CAFAS (Certificat d’aptitude à la formation artistique supérieure) en 1968 et s’est lancé dans l’illustration pour l’édition et la publicité, travaillant comme concepteur-maquettiste et comme illustrateur pour diverses agences de publicité. Après avoir tâté de l’enseignement (collège de Schirmeck, puis lycée technique d’Obernai), il a décidé de vivre de son art et voyagea, à partir de 1975, en Égypte, au Népal, au Maroc et en Inde, pays qui lui inspireront des œuvres d’une grande puissance expressive. À son retour, il s’est consacré au dessin artistique et à la gravure (lithographies), mais s’est senti irrésistiblement attiré, en tant que peintre et plasticien, par la représentation du corps humain et l’expression des formes, des mouvements et des couleurs. Il a présidé, dans les années 1980, « l’Estampe du Rhin » et, à ce titre, a organisé l’édition de plusieurs portofolios. Sa fascination pour les grands formats l’a conduit à peindre l’impressionnante fresque pour la patinoire de Strasbourg, représentant, de façon stylisée, les sports sur glace en vue des championnats de France (1974) et d’Europe (1978) de patinage artistique, puis, en 1983, un patchwork monumental pour cette même patinoire, à honorer les commandes du Comité contre la Faim dans le Monde (1975), à décorer, à Strasbourg, l’école Sainte-Aurélie (1979) et celle du Gliesberg (1982) ainsi que le hall d’entrée du collège de Souffelweyersheim (1980), en attendant la réalisation d’un vitrail pour l’école Gustave Stoskopf à Hautepierre (1988). En même temps, les affiches qu’il a créées pour la « Jeunesse européenne » (1979), pour le Concours international de sauts d’obstacles (1982), à l’occasion des Championnats du Monde de Gymnastique rythmique et sportive (1983), pour le Festival international des Droits de l’Homme (1984) l’ont fait connaître d’un large public. Tel est aussi l’heureux effet des nombreuses expositions auxquelles il a participé tout au long de sa carrière : autant dans des galeries privées de Strasbourg dès 1975, à Colmar en 1982 et 1991, à Bâle en 1985 ou en Allemagne (Gengenbach en 1981, Badenweiler en 1986, Breisach en 1987, Kenzingen en 1988, Francfort et Offenburg en 1991, Brème en 1990 et 1991-1996) que dans des institutions telles que la Maison des Arts et Loisirs de Strasbourg (1974), le Palais des Congrès (1979), le Conseil de l’Europe, les universités de Hull en Angleterre et de Stuttgart-Böblingen en Allemagne (1980), la Maison du Crédit Mutuel (1989) et la FNAC à Strasbourg, le Centre culturel « Les Fontaines » du château de Chantilly… En dehors des expositions qui l’ont conduit de New York à Tokyo, en passant par San Francisco, on le retrouve aux foires d’édition de Milan, Birmingham, Orlando et, en 1984, à l’Exposition internationale d’Art contemporain de Bâle (« Art 15 »), où il a été l’un des rares artistes alsaciens à participer. C’est au cours de ces expositions internationales que Gasser a fait des rencontres décisives pour sa carrière : avec le Belge Pieters, les Allemands Kühn et Schmücking, avec lesquels il a continué de travailler. Si sa dimension internationale est reconnue, l’artiste n’a pas dédaigné les expositions temporaires à Strasbourg même (il a été la cheville ouvrière de l’Exposition internationale d’Art graphique « Press Papier » dès 1983/1984) ou à travers les petites villes d’Alsace (Ribeauvillé, Sélestat – Sélest’art 1986 -, Obernai, Haguenau, Niederbronn) pas davantage que dans des locaux tels que les entrepôts Greiner ou l’espace Fiat et sa sociabilité naturelle l’a conduit à ouvrir régulièrement son propre atelier au public. Enfin, des années durant, en bon pédagogue et en parfait communicant, Gasser a dispensé des cours tant au sein de la Maison des Arts et Loisirs de Strasbourg que dans les établissements scolaires de la région et dans des universités populaires comme celle d’Obernai qui ont fait appel à lui. La production de Gasser, qui peint aussi bien à l’huile, à la sanguine ou au pastel sur panneaux de bois, technique qu’il affectionne particulièrement, apparaît très diversifiée. Ses lithographies, ses eaux-fortes, ses peintures de nus, dans lesquelles le charme sensuel et le réalisme composent avec la poésie intérieure, sont d’une vérité saisissante. On lui doit, entre autres, la « Chevauchée fantastique de Wotan », « L’enlèvement des Sabines », « Hommage à Madras » ainsi que les séries « Mythologies » et « Parenthèses d’été ». Mais Gasser a plus d’une corde à son arc : au cours de sa carrière, il se sera adonné successivement à la restauration de tableaux, à la décoration de mobilier polychrome, à l’agencement d’intérieurs à travers la création de meubles et d’objets divers ; il a mis son talent au service d’autres réalisations relevant davantage de la sculpture et du modelage que de la peinture, faisant appel à des matériaux aussi divers que le bois, le béton, le plastique et son besoin d’innover l’a conduit à créer, en 1987, les premières étiquettes de bouteilles de vin d’Alsace signées d’un artiste…, l’art étant, selon lui, une œuvre de création globale. Les réalisations de Gasser apparaissent aujourd’hui comme celles d’un créateur passionné, sensible aux volumes et aux mouvements, ouvert sur le monde qui l’environne comme sur la société qui l’entoure et fasciné par la nature humaine.
D. Gasser, Mythologies, 1986-1996, Strasbourg, 1996.
Fr. Lotz, Artistes peintres d’Alsace, Kaysersberg, 1985, t. II, p. 115-116 ; A. Bauer, J. Carpentier, Répertoire des artistes d’Alsace, Strasbourg, 1984, t. l, p. 111 ; catalogues d’expositions (une quarantaine entre 1981 et 1996) ; articles de la presse régionale dans les Dernières Nouvelles d’Alsace (une trentaine entre 1975 et 2002), le Nouvel Alsacien et l’Alsace ainsi que dans L’Est agricole et viticole du 24.11.1984 et dans les suppléments à ces quotidiens : « Daniel Gasser, un souffle nouveau » in « Réalités alsaciennes », supplément au Nouvel Alsacien, 1.3.1985, p. 17 et 23, et « La Gazette des Arts », supplément aux Dernières Nouvelles d’Alsace, juin 1985 ; articles dans la presse anglaise, belge et allemande sous forme de comptes rendus critiques d’expositions, en particulier dans le Trio-Rheinisches Magazin (1981 et 1982), la Badische Zeitung (du 18.5.1988), la Mittelbadische Presse (du 24.11.1991), etc.
Marie-Antoinette Boehler (2006)