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GARNIER Jean

Pasteur, (Pr) († Kassel 6.1.1574). Dominicain du couvent d’Avignon. Converti aux idées de la Réforme, il gagna Strasbourg vers 1544. Le 22 juin 1545, il fut nommé pasteur de l’Église française de Strasbourg par le Magistrat en remplacement de Pierre Brully ©, lui-même successeur de Jean Calvin ©. C’est Garnier qui donna à l’Église française de Strasbourg sa première confession de foi, la Briefve et claire confession de la foy chrestienne, en 1551. La même année, alors que Strasbourg vivait sous le régime de l’Intérim d’Augsbourg, il quitta son poste pendant plusieurs mois pour devenir, à Ziegenhain en Hesse, le précepteur des enfants de Philippe de Hesse. C’est sous son ministère que commencèrent les disputes doctrinales et disciplinaires qui conduisirent à la fermeture de l’Église française par le Magistrat de la ville, en 1563. Garnier, qu’une partie de ses fidèles accusait d’autoritarisme et que son attachement rigide à la doctrine eucharistique réformée rendait suspect à ses collègues luthériens, fut démis autoritairement de ses fonctions en mars 1555. S’étant rebellé, il effectua un court séjour en prison, avant de se rendre en Hesse, où il retrouva son poste de précepteur. Le 1er juillet 1560, il fut nommé professeur de théologie à l’Académie de Marbourg. Deux ans plus tard, il reçut un appel de France, et, par Strasbourg et Sainte-Marie-aux-Mines, il arriva à Metz, où il prêcha la première fois le 20 avril 1562. En octobre 1566, il fut expulsé de Metz, entre autres raisons, pour avoir nié avec trop de véhémence la doctrine catholique de la transsubstantiation. Il devint pasteur à Vitry-le-François. De septembre 1568 à mai 1571, il assista l’Église française de Strasbourg, qui, fermée entre-temps, vécut alors dans la semi-clandestinité. En 1571 enfin, rejetant un appel de l’Église de Metz, il reprit le chemin de Hesse où, jusqu’à sa mort, il servit de conseiller théologique au landgrave Guillaume de Hesse. Il semble avoir rédigé à cette époque un catéchisme latin, d’orientation calviniste, aujourd’hui introuvable. Selon le chroniqueur hessois Petrus Nigidius, il serait mort empoisonné.

Briefve et claire confession de la foy chrestienne, contenant Cent articles, selon l’ordre du Symbole des Apostres, faicte et déclairée l’an 1549, Bâle, 1551 (préface du 24 juillet 1549). Rééditions genevoises et strasbourgeoise, 1552, 1555 (2 éditions), 1558. Trois traductions anglaises, une de Nicolas Malby, 1562, une de John Brooke, 1579, et la troisième attribuée par erreur à John Hooper, l’évêque de Gloucester, 1581 et 1584) ; Institutio gallicae linguae, in usum juventutis germanicae, Genève, Jean Crespin, 1558, (Rééd., 1580 et 1591) ; De epistola S. Pauli ad Hebraeos declamatio, Marbourg, 1559 ; Le Goliath. Conférence de la Messe et de la saincte Cene du Seigneur, 2e éd., Metz, 1566 (trad. allemande, Amberg, 1558).

P. Meurisse, Histoire de la naissance, du progrès et de la décadence de l’hérésie dans la ville de Metz et le pays messin, Metz, 2’ éd., 1670, p. 233, 237 et 290-291 ; F. W. Strieder, Grundlage zu einer hessischen Gelehrten und Schriftsteller-Geschichte seit der Reformation bis auf gegenwärtige Zeiten, t. 4, Goettingen, 1790, col. 847-851 ; E. Haag-Bordier, La France protestante, 2e éd., VI, Paris, 1888, col. 847-850 ; Bopp I, n° 1580 ; S. Ross, « Hooper’s Alleged Authorship of A Brief and Clear Confession of the Christian Faith », Church History, XXXIX, 1970, p. 18-29 ; J. Rott, « L’Église des réfugiés de la langue française à Strasbourg au XVIe siècle : aperçu de son histoire, en particulier de ses crises, à partir de 1541 », Bulletin de la Société d’histoire du protestantisme français, 122e année, 1976, p. 525-550 ; Dictionnaire de biographie française, XV, 1980, 498 ; Ph. Denis, Les Églises d’étrangers en pays rhénans (1538-1564), Paris, 1984, p. 72-107 et passim.

Philippe Denis (1988)