Evêque de Strasbourg de 1682 à 1704 (★ au château d’Heiligenberg en Souabe 2.12.1629 † Paris 10.4.1704).
Fils de Egon de Furstenberg ©, frère de François-Egon de Furstenberg ©, il fut son successeur sur le siège de Strasbourg. Il suivit, à ses débuts, une carrière en tous points comparable à celle de son aîné, au service du même prince Maximilien-Henri de Bavière, électeur de Cologne. Toutefois, à la différence de François Egon, il bénéficia d’une formation plus soignée, celle qui était généralement considérée comme normale pour ceux que leur naissance destinait à occuper de hautes charges dans l’Église du Saint-Empire (université de Louvain puis le collège germanique de Rome). De retour à Cologne, il manifesta beaucoup plus nettement que son frère son attachement à la France et il ne tarda pas à apparaître, après la Ligue du Rhin (1658), comme l’agent le plus actif et le plus dévoué de la politique de Louis XIV dans l’Empire. Missions à Vienne ou auprès des princes allemands se combinèrent avec de fréquents et longs séjours à Paris où son crédit pour les affaires d’Allemagne ne fit que croître. En 1672, lorsqu’éclata la guerre avec la Hollande l’activité de Guillaume était à son comble et se déployait principalement sur le Rhin. Il travaillait alors à renforcer les liens qui unissaient les princes de cette région avec Louis XIV et il connut, brusquement, la célébrité lorsqu’en pleine rue, le 14 février 1674, il fut enlevé à Cologne sur ordre de l’empereur et emprisonné. Ce coup de force surprit l’Europe : récits de l’événement, factums pour ou contre l’empereur circulèrent en France et en Allemagne. Louis XIV intervint vigoureusement en faveur de son protégé. Maximilien-Henri et François Egon, son frère, multiplièrent les démarches auprès du Saint-Siège. Finalement Guillaume fut libéré lors de la paix de Nimègue (1679) et l’article 23 du traité le rétablit, ainsi que son frère, dans toutes les dignités et dans tous les biens qui étaient les leurs avant les événements de 1674. Guillaume avait conduit, comme son frère, une carrière ecclésiastique parallèlement à celle de diplomate et d’agent du roi de France. Mais il faut dire que, jusqu’en 1680, celle-là apparaissait fort discrète. En 1663 il avait obtenu l’évêché de Metz lorsque son frère avait été élu à Strasbourg, mais pas plus que celui-ci il n’avait pu recevoir du pape l’investiture canonique. Chanoine de la cathédrale et de Saint-Géréon à Cologne, du Grand Chapitre de Strasbourg, abbé de Saint-Arnoul à Metz, abbé commendataire de Stavelot-Malmédy grâce à l’action conjointe du roi de France et de l’électeur de Cologne (1681), le prince Guillaume se montrait fidèle, sans plus, à la tradition familiale. Son élection aisée le 8 février 1682, après la mort de son frère, comme évêque de Strasbourg constitua-t-elle un tournant dans sa vie ? On peut en douter. Il n’était pas dans son intention, comme l’avait fait son frère, de défendre les privilèges et les droits de son Église et de résister aux prétentions des agents du roi de France. Il alla même, en 1687, jusqu’à prêter « foy et hommage » à Louis XIV pour tous les biens de son évêché situés sur les terres relevant de la souveraineté royale. Les bailliages d’Outre-Rhin étaient-ils du nombre ? La question resta en suspens tant que les troupes françaises se trouvèrent sur la rive droite du Rhin et occupèrent Fribourg-en-Brisgau (1679-1697). En tout cas, cette démarche éloigna encore davantage Guillaume de l’empereur et plaça l’évêché de Strasbourg dans une situation délicate. En fait, il est certain que pour Guillaume Strasbourg n’était qu’une simple étape vers un avenir plus brillant et parfaitement conforme à ses goûts. Promu cardinal en 1686, il visa, avec le complet soutien de Louis XIV, la coadjutorerie puis, après la mort de Maximilien-Henri, le siège archiépiscopal de Cologne. Être électeur de Cologne, telle était son ambition. Elle ne se réalisa pas, du fait de l’opposition absolue du pape Innocent XI (1688). Le cardinal de Fürstenberg reçut du roi, par forme de compensation, d’autres abbayes dont celle prestigieuse de Saint-Germain-des-Prés à Paris.
C’est là, dans le palais abbatial qu’il fit reconstruire, qu’il passa les dernières années de sa vie et qu’il mourut. Évêque non résident, beaucoup plus préoccupé de grande politique rhénane que de l’administration de son diocèse, Guillaume ne peut certainement pas être considéré comme un pasteur dans l’esprit du concile de Trente. Pourtant son épiscopat fut celui au cours duquel la politique de contre-réforme et l’esprit de la réforme catholique s’imposèrent largement en Basse-Alsace. Plus qu’à l’évêque ceci est dû à la cour de Versailles qui fixa la conduite à tenir, subvint aux frais engagés et choisit les agents d’exécution. La politique de rigueur et de conversions conduite à l’égard des protestants d’Alsace lui échappa complètement. Il n’eut pas davantage le choix des vicaires généraux, les premiers du moins, désignés par la cour. Bien mieux, Louvois fit savoir à Guillaume en 1685 que le vicaire général qu’il employait (Lambert a Laer) ne lui paraissant pas assez affectionné au service du roi il n’avait qu’à s’en défaire pour laisser toute la charge à celui qui avait été nommé avec l’aval de la cour : Martin de Ratabon ©. Il est pourtant un domaine où Guillaume intervint personnellement même si, encore une fois, le rôle de la cour fut déterminant. Il s’agit de la fondation du séminaire de Strasbourg en 1683 suivie en 1685 par celle du collège Louis-le-Grand et en 1701 par le transfert de l’université de Molsheim au collège royal de Strasbourg dont les hautes classes de philosophie et de théologie furent érigées en université. Ce très important établissement confié aux Jésuites de la province de Champagne n’avait pas seulement, dans l’esprit de Louis XIV, pour fonction de préparer efficacement les jeunes ecclésiastiques à leurs tâches pastorales, il avait aussi pour but de former un clergé en conformité avec celui de l’Église gallicane et plus affectionné au service du roi de France. Il semble, toutefois, qu’à la fin de son épiscopat, Guillaume se soit intéressé de plus près à l’administration de son grand diocèse. La correspondance qu’il entreprit avec son très zélé vicaire général, François Blouet de Camilly annonce, dès les années 1695, cette forme de collaboration entre prince-évêque et grand vicaire qui s’affirma au XVIIIe siècle au temps du cardinal Armand-Gaston de Rohan ©. Celui-ci devenu coadjuteur du vieil évêque en 1701, a fort bien pu prendre auprès de Guillaume et surtout de Blouet de Camilly qu’il maintint dans ses fonctions des habitudes de gouvernement qu’il développa par la suite. Ce n’est pas le moindre des paradoxes que d’assister sous l’épiscopat de Guillaume, ce politique peu préoccupé par la pastorale, à la renaissance du diocèse de Strasbourg.
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Louis Chatellier (1988)