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FURSTENBERG François Egon de

Evêque de Strasbourg de 1663 à 1682 (★ château d’Heiligenberg en Souabe 10.4.1626 † Cologne 1.4.1682).

Fils de 6. Orphelin de bonne heure, envoyé au collège des Jésuites de Cologne, François Egon suivit l’itinéraire de beaucoup de jeunes nobles des familles catholiques de l’Allemagne baroque. Sa chance fut la rencontre, au collège, de Maximilien-Henri de Bavière neveu et successeur désigné de l’électeur de Cologne Ferdinand. Dès lors, se nouèrent des liens solides entre François Egon et la maison de Bavière et singulièrement Maximilien-Henri, électeur et archevêque de Cologne de 1650 à 1688. D’abord conseiller de ce prince puis, bien vite, son principal ministre, son crédit apparut au grand jour lorsqu’il marcha à côté de l’électeur de Mayence lors de la diète de Ratisbonne en 1653, et, encore plus au temps de l’élection impériale de 1657. Courtisés, lui et son frère, par les représentants des Habsbourg et encore davantage par les envoyés du roi de France ils commencèrent à tenir une place importante en Europe. Celle-là s’affirma dans les mois qui suivirent ; lors de la conclusion de la Ligue du Rhin (1658) dont ils furent les principaux artisans. Cette carrière politique qui s’annonçait brillante n’empêcha pas François Egon d’accumuler, comme l’avait fait son père avant lui, les canonicats dans les Églises les plus prestigieuses de la chrétienté : à Cologne et à Strasbourg (les deux allaient ensemble à l’époque), à Hildesheim et à Liège. Dès 1656, il visait la coadjutorerie de l’évêché de Strasbourg auprès de Léopold-Guillaume de Habsbourg évêque en titre et Statthalter à Bruxelles. Sans succès. Deux ans plus tard, il eut plus de chance à Metz : il fut élu par le chapitre, mais il ne fut pas confirmé par Rome. En 1663 enfin, grâce à une campagne fort habilement conduite, au soutien très efficace de son « patron », Maximilien-Henri de Bavière qui était grand-prévôt, et surtout du roi de France dont l’envoyé menait une action efficace auprès des chanoines hésitants, François Egon était élu évêque de Strasbourg par le Grand Chapitre de cette ville (19 janvier 1663). Si cette élection obtenue dans ces conditions renforça encore les liens qui unissaient le nouvel évêque de Strasbourg à Louis XIV (d’autant que les abbayes de Murbach et de Lure n’allaient pas tarder à s’ajouter à l’évêché), elle ne portait pas préjudice aux relations étroites qu’il avait depuis longtemps avec la maison de Bavière ni même à ses rapports avec le Saint-Empire. « Ce mien Evesché n’a aucune dépendance de Sa Majesté très chrestienne, déclare-t-il fièrement au maréchal de Créqui en 1668, mais de moy estant sujet à l’empire ». Aussi songea-t-il dans les premières années de son épiscopat et surtout au début du grand conflit européen qui éclata en 1672 à un rapprochement avec la République de Strasbourg, les noblesses du Brisgau et de la Basse-Alsace en vue de créer entre les deux grandes puissances de France et d’Autriche l’embryon d’une confédération rhénane susceptible de s’étendre à d’autres États et qui n’était pas loin de rappeler l’exemple de la Suisse voisine. La violence du conflit, la rigueur des mesures prises par l’empereur à l’encontre des frères Fürstenberg et, en particulier, de François Egon, exclu de la diète et dessaisi du temporel de son évêché, réduisirent à néant ces projets. La paix revenue, François Egon qui n’avait dû son maintien sur le siège de Strasbourg et son rétablissement dans toutes ses prérogatives et droits qu’à l’autorité de Louis XIV vit son sort plus uni que jamais à celui du roi de France et son évêché (du moins dans sa partie alsacienne) plus dépendant qu’autrefois de l’autorité royale. On le saisit bien lorsque l’évêque accueillit le monarque triomphant sur le parvis de la cathédrale, le 21 octobre 1681. Le rétablissement du culte catholique dans la grande église est rapporté au souverain seul qui selon les propres paroles du prélat « s’en rend (de l’Église de Strasbourg) comme le nouveau fondateur, d’une manière encore plus glorieuse ». Cette activité politique, ces initiatives pas toujours couronnées de succès, n’empêchèrent pas François Egon de conduire à l’intérieur de son grand diocèse une action efficace de réforme catholique. Visites pastorales (dont la visite générale de 1666), synodes, publications d’un catéchisme et d’un rituel diocésains furent les manifestations les plus éclatantes d’une action qui se voulait celle d’un évêque de la contre-réforme, soucieux d’appliquer dans ses décrets et son esprit le concile de Trente. En conformité avec le concile, son action se manifesta principalement par une volonté affirmée de rétablir en tout et partout l’autorité épiscopale. Ainsi à l’égard du Grand Chapitre qui n’avait que trop tendance en ces périodes de troubles à faire preuve d’indépendance. Les ordres religieux – les Jésuites en particulier – ont su se rendre indispensables et parfois, aux yeux de l’évêque, en abusaient. Cela n’empêcha pas ces mêmes Jésuites de tenir un des hauts lieux de la culture cléricale du Rhin supérieur, l’Académie de Molsheim, qui brilla d’un éclat tout particulier dans la seconde moitié du XVIIe siècle. François Egon a d’ailleurs su utiliser les compétences des pères, sans se laisser guider ou dominer par eux, pour les différentes tâches de son diocèse et, surtout, la réforme du clergé. Plus que la formation de bons curés dans un séminaire diocésain, semblait le préoccuper le rétablissement, dans l’immédiat, des mœurs des ecclésiastiques et du zèle pastoral. Toute une œuvre d’envergure fut entreprise par son officialité sous son épiscopat, en conformité avec les décrets de discipline du concile. Mais, en fait, François Egon restait un prélat de la première contre-réforme pour qui temporel et spirituel ne se séparent pas. Et, sans doute, les deux événements auxquels il a attaché le plus d’importance au cours de son épiscopat et qui caractérisent le mieux ce dernier sont : le retour à l’évêché en 1664 du bailliage d’Oberkirch engagé depuis le début du XVIIe siècle au duc de Wurtemberg, luthérien, et la restitution, en 1681, de la cathédrale de Strasbourg à l’Église catholique.

Ph.-A. Grandidier, Œuvres historiques inédites, Colmar, 1866, t. 4, p. 478-487 ; Allgemeine deutsche Biographie, VII, 1878, p. 297-306 ; A. Muntz, « Louis XIV et les Furstenberg en Alsace », La revue nouvelle d’Alsace-Lorraine, t. 6, 1886, p. 433-443, 484-498, 544-557, t. 7, 1887, p. 15-27, 48-64 ; L. G. Glöckler, Geschichte des Bisthums Strassburg, Strasbourg, 1881 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. I, 1909, p. 553 ; R. Metz, La monarchie française et la provision des bénéfices ecclésiastiques en Alsace de la paix de Westphalie à la fin de l’Ancien Régime (1648-1789), Strasbourg-Paris, 1947 ; G. Livet, Recueil des instructions aux ambassadeurs et ministres de France, XXVIII, t. 2, électorat de Cologne, Paris, 1963 ; Dictionnaire de biographie française, XIV, 1979, 1453-1454 ; L. Chatellier, Tradition chrétienne et renouveau catholique dans l’ancien diocèse de Strasbourg (1650-1770), Paris, 1981.

Louis Châtellier (1988)