Skip to main content

FURSTENBERG Guillaume de

Comte, colonel de lansquenets, (Pl) (★ Haslach 7.1.1491 † château d’Ortenberg 21.8.1549, les deux lieux en pays de Bade dans la vallée de la Kinzig).

Fils aîné de Heinrich de Furstenberg ©, intendant de la cour de Maximilien Ier, et de la comtesse Elisabeth de Solms. Âgé à peine de 15 ans, il épousa le 22 octobre 1505 la comtesse Bonne de Neuchâtel (sur Doubs) et s’établit à Héricourt jusqu’à la mort de sa femme en 1515. Par la suite il devint le principal chef de lansquenets au service de François Ier. Militaire-né, habile à manier les hommes, à recruter les troupes et à se faire obéir d’elles, il fut un grand baroudeur. À la tête de plusieurs milliers de mercenaires allemands, il vint renforcer efficacement l’armée de François Ier, notamment lors de la troisième campagne contre Charles-Quint (1536-1538). La confession luthérienne qu’il avait embrassée ouvertement dès 1529 ne répugna pas au roi, au moment où celui-ci fit des avances aux États protestants allemands pour contrecarrer le danger d’encerclement de la part de l’Empire. Cependant en été 1538 un nouvel équilibre de force vint saper la carrière du « capitaine général de la gendarmerie d’Allemagne ». Le connétable Anne de Montmorency persuada François Ier de s’entendre avec Charles-Quint pour combattre le danger turc et rétablir l’unité de la foi. On licencia bon nombre de lansquenets et on préféra comme recruteur Sébastien Vogelsperger, un adjoint de Furstenberg. Celui-ci, blessé dans son honneur, confia sa cause à Jean Calvin qui lui rédigea deux factums, imprimés à Strasbourg les 15septembre 1539 et 9 février 1540. Mais rien n’y fit. En 1542, lorsque la guerre se fut rouverte entre le roi de France et l’empereur, et cela aux portes mêmes de l’Alsace, Furstenberg, sans avoir mandat de quiconque, recrutait pour le compte de François Ier. Mal lui en prit, car l’abbaye de Gorze en Lorraine qu’il avait reçue en contrepartie et dont il pensait se servir de base pour introduire la Réforme à Metz lui fut redisputée en 1543 par le duc de Guise. Cette fois c’en était assez. Sans scrupules Furstenberg offrit ses services à Charles-Quint et tourna ses armes contre la France. Il eut à le payer cher. En Champagne dans la nuit du 3 au 4 septembre 1544 à la tête des Impériaux, alors qu’il cherchait un gué pour passer la Marne, il tomba sur une force adverse qui le fit prisonnier. Interné à la Bastille, il n’en ressortit qu’en octobre 1545 après règlement d’une rançon énorme se montant à 30.000 écus. Ses amis, lui-même et la ville de Strasbourg y contribuèrent. Fort diminué dans ses forces physiques et psychiques, il mourut quatre ans plus tard au pays natal. Deux remarques pour terminer. Strasbourg avait servi de point d’appui au comte pour ses nombreuses allées et venues de part et d’autre du Rhin. Il y possédait un hôtel particulier, 5 rue des Veaux, puis vers 1537 une demeure plus vaste, 8 rue des Pucelles ; à la fin de sa vie il la fortifia même au déplaisir du Magistrat. Celui-ci, après la mort du comte, fit disparaître les meurtrières et les créneaux, mais le corps du bâtiment subsiste. – Le comte Guillaume, sa sœur cadette Anne-Alexandrine (épouse d’Ulric IX, seigneur de Ribeaupierre) et sa nièce Éléonore (épouse de Philippe IV, comte de Hanau-Lichtenberg) furent les seuls Furstenberg à avoir embrassé la cause évangélique.

A. Seyboth, Strasbourg historique et pittoresque depuis son origine jusqu’en 1870, Strasbourg, 1894, p. 650 (avec une gravure représentant le comte) et 664-665 ; J. V. Wagner, Graf Wilhelm von Furstenberg und die politisch-geistigen Mächte seiner Zeit, Pariser Historische Studien, n° 4, Stuttgart, 1966 ; R. Peter, « Les lansquenets dans les armées du roi : le capitaine général Guillaume de Furstenberg », Charles-Quint, le Rhin et la France. Actes des journées d’études de Strasbourg, 2-3 mars 1973, publications de la Société savante d’Alsace et des régions de l’Est, Recherches et Documents, n° 17, Strasbourg, 1973, p. 95-109.

Rodolphe Peter (1988)