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FRITZEN Adolphe

Evêque de Strasbourg, (C) (★ Clèves 10.8.1838 † Strasbourg 9.9.1919).

Fils de Bernard Fritzen, architecte, et de Josepha Ebben. Aîné de quatre garçons dont l’un, Aloyse, fut député au Reichstag. Études secondaires au collège épiscopal de Gaesdonk ; études de théologie aux universités de Tübingen et de Münster. Ordonné prêtre à Münster le 16.8.1862, il compléta ses études de philosophie et d’histoire aux universités de Berlin, Bonn et Münster et obtint le doctorat en philosophie en 1865 ; l’année d’après il passa son examen pro facultate docendi. Professeur au collège épiscopal de Gaesdonk de 1866 à sa fermeture lors du Kulturkampf en 1873, chapelain et précepteur de la famille royale de Saxe à Dresde à partir de 1874, il fut nommé en 1887 supérieur du petit séminaire de Montigny-lès-Metz ; chanoine honoraire de Metz la même année. C’est de là qu’il fut appelé en 1891 au siège épiscopal de Strasbourg devenu vacant à la suite du décès de Mgr Stumpf. Conformément à l’article 17 du Concordat de 1801 (en vigueur en Alsace-Lorraine annexée), l’empereur allemand Guillaume II n’ayant pu, parce que protestant, nommer l’évêque de Strasbourg, la nomination de Mgr Fritzen fut le résultat d’une négociation spéciale entre le gouvernement allemand et le Saint-Siège. Le décret impérial qui autorisait le chanoine Fritzen « à recevoir l’institution canonique comme évêque de Strasbourg » parut le 24 janvier 1891. Préconisé par Léon XIII dans le consistoire secret du 1er juin 1891. Il fut ordonné évêque à la cathédrale de Strasbourg le 21 juillet 1891. Un évêque auxiliaire d’origine alsacienne lui était adjoint : ce fut d’abord Charles Marbach © (1891-1901), puis François Zorn de Bulach © (1901-1919). Inconnu en Alsace, accueilli plutôt froidement par le clergé et la population, Fritzen sut gagner la sympathie de ses diocésains par ses manières affables, sa profonde piété et son sens de l’Église. Évêque de Strasbourg dans des circonstances difficiles (annexion, première Guerre mondiale), il resta, bien qu’allemand de cœur, étranger à toute politique. La phrase qu’on lui prête illustre bien son attitude : « Je suis un évêque catholique et non un évêque allemand ». Pendant la guerre il intervint courageusement en faveur de ses prêtres et de certains diocésains suspects aux autorités militaires. Il s’employa activement à soutenir les œuvres d’assistance créées pour soulager les victimes de la guerre et les réfugiés fuyant les zones de combat. Fritzen convoqua plusieurs synodes dont le premier en 1894, tradition qui avait été interrompue depuis plus de deux siècles ; des statuts diocésains y furent élaborés. Il fit paraître un nouveau rituel en 1899, un catéchisme en langue allemande en 1907 et un autre, en langue française, en 1912. Il demanda à son clergé de veiller à la beauté des lieux de culte, à la dignité des cérémonies liturgiques et du chant sacré, fit rééditer le graduel, publia le Psallite, recueil de chants destiné aux fidèles, encouragea les chorales et les sociétés Sainte-Cécile. Il s’efforça de promouvoir la communion des enfants, intervint dans ce sens auprès du Saint-Siège. Il fut un promoteur de la dévotion au Sacré-Cœur et se montra chaud partisan des réformes liturgiques et des décrets eucharistiques de Pie X. II favorisa le développement de la presse catholique, des organisations et œuvres catholiques : cercles, œuvres sociales et caritatives. Il s’intéressa vivement aux établissements libres et aux collèges épiscopaux ; c’est sous son épiscopat que fut créée en 1902 à l’Université de Strasbourg la faculté de Théologie catholique. Il témoigna sa bienveillance aux ordres religieux et aux congrégations religieuses, dont un certain nombre s’installèrent alors en Alsace. Il soutint efficacement aussi les missions en pays lointain. En 1919 Mgr Fritzen donna sa démission. Il se retira au couvent de la Toussaint à Strasbourg en août et y mourut en septembre. Il a été inhumé à la cathédrale de Strasbourg. Mgr Ruch lui succéda à la tête du diocèse.

Archives de l’évêché de Strasbourg (liasses concernant Mgr Fritzen, surtout les n° 218, 219, 220, Lettres pastorales, articles de journaux, documents divers…) ; Dr Adolf Fritzen, Bischof von Strassburg – Ein Lebensbild, Regensburg, 1891, 12 p. ; de La Vallée Jean, « Mgr Fritzen, évêque nommé de Strasbourg », Le Passe-Temps d’Alsace-Lorraine, n° 66, 1891, p. 15-16 ; H. Cetty, « Les noces d’or de Mgr Fritzen », Revue catholique d’Alsace, 1912, p. 450-459 ; Regierung und Landtag von Elsass-Lothringen 1911-1916 ; Biographisches-statistisches Handbuch, Mulhouse, 1912, p. 119 (portrait) ; F. Reinheimer, Elsässische Bischöfe, gesammelte Biographien, Oberginingen, 1914, p. 2-5 ; J. Wendling, « Zum Silbernen Bischofsjubiläum 1891-1916 », Dr Adolf Fritzen, Bischof von Strassburg, Strassburg, 1916, 40 p. ; N. Delsor, « Mgr Adolphe Fritzen, évêque de Strasbourg, 1891-1919 », Revue catholique d’Alsace, 1919, p. 513-521 ; Deutsches biographisches Jahrbuch, t. 2, 1928, p. 386-388 ; Encyclopedia cattolica V, 1950, col. 1778 ; Neue Deutsche Biographie, V, 1953, p. 635 ; F. Reibel, Die Bischöfe von Strassburg seit 1802, Strasbourg, 1958, p. 39-42 ; Lexikon für Theologie und Kirche, IV, 1960, col. 393 ; Himly, Chronologie de la Basse Alsace, Strasbourg, 1972, p. 261, 274 ; Ch. Wackenheim, Les évêques de Strasbourg témoins de leur temps, Strasbourg, 1976, p. 178-190 ; Dictionnaire de biographie française, XIV, 1979, 1313-1314 ; Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, XIX, 1981, col. 119 ; R. Winling, « L’Alsace annexée par l’Allemagne (1870-1918) », Histoire des diocèses de France. Strasbourg, Paris, 1982, p. 251-269 ; C. Baechler, Le parti catholique alsacien 1890-1939. Du Reichsland à la République jacobine, Strasbourg, 1982, passim ; N. Wegscheider, L’épiscopat de Mgr Adolphe Fritzen, évêque de Strasbourg de 1891 à 1919, (mémoire de maîtrise dactylographié), Strasbourg, 1984, 162 p. ; Encyclopédie de l’Alsace, VI, 1984, p. 3223.

† René Epp (1988)