Architecte en chef de la ville de Strasbourg, (Pl) (★ Strasbourg 15 vendémiaire an IX – 7.10.1800 † Strasbourg 16.6.1859).
Fils de Jean Philippe Fries, instituteur, et de Sophie Dorothée Karth. Célibataire. De 1820 à 1825, il fit ses études à l’École des Beaux-Arts de Paris où il fut l’élève de Huyots. Revenu en Alsace, il s’installa tout d’abord à Mulhouse où il réalisa, en collaboration avec Jean-Geoffroy Stotz, le « Nouveau Quartier », entre 1826 et 1829. Le 17 mars 1831, il se vit décerner par le conseil municipal de Strasbourg, le 2e prix du concours lancé par la ville, pour son projet de démolition des Faux-Remparts et d’établissement d’un quai bordant le nouveau canal ainsi réalisé. De ce fait, il fut engagé à compter du 1er janvier 1832, par la ville de Strasbourg, avec création d’un poste d’architecte-adjoint, étant donné le désir alors exprimé par le maire Jean-Frédéric de Turckheim ©, « d’attacher au service des travaux publics, un architecte aussi distingué, et de trouver dans ses talents et dans ses connaissances, la garantie de la durée d’une bonne gestion des intérêts (de la ville) ». En plus de l’exécution suivie de ses projets concernant les Faux-Remparts, il fut chargé en février 1833, de diriger les considérables travaux de transformation et d’aménagement intérieurs du Temple-Neuf, en vue de l’installation définitive des bibliothèques municipales dans le chœur de la vénérable église. Le 7 juillet 1835, la commission municipale responsable, déclarait officiellement à son sujet, qu’« il avait fallu tout le talent de M. Fries, pour faire, avec des ressources aussi limitées, une construction que l’on pouvait considérer comme un véritable ornement de la ville. Un style noble et sévère, tel qu’il convenait à la destination de l’édifice, caractérisait les distributions intérieures, ainsi que les ornements des salles. Il y avait de la grandeur dans cette conception simple, où le génie de l’artiste devait se soumettre aux constructions déjà existantes. Le parti qui en avait été tiré était digne d’éloges ». Désormais Fries accompagna le maire Schutzenberger dans sa colossale entreprise de rénovation et de développement de Strasbourg. Il dirigea successivement la construction des nouveaux quais, des Petites Boucheries (1838-1840), des ponts Saint-Thomas (1839) et du Corbeau (1841) et de la colonie d’Ostwald (1841), dont il a laissé une intéressante gravure de sa main, des écoles du Fossé des Tanneurs et de Saint-Jean et de l’église du Neuhof. Il conçut, en 1848, le projet du monument de la commémoration du bicentenaire de la Réunion de l’Alsace à la France, qui ne fut jamais réalisé. En 1846, il fut nommé conservateur du musée de la ville et le demeura jusqu’à sa mort. En dépit de cette œuvre considérable, Fries fut vivement attaqué pour ses réalisations par la commission municipale des Travaux publics et fut vigoureusement défendu par le maire Schutzenberger lui-même, lors de la séance du conseil municipal du 11 décembre 1839. Celui-ci déclara en effet publiquement que Fries « ne devait en rien sa position à la faveur. Il l’avait gagnée par un concours public dont une commission composée d’architectes et d’ingénieurs était juge. (Son plan) avait été unanimement reconnu le meilleur et la place d’architecte-adjoint lui avait été donnée ». Promu architecte en chef de la ville, en 1844, il décida de faire valoir ses droits à la retraite en 1855, lorsque fut décidée une réorganisation totale du service municipal d’architecture et l’abandon de sa direction bicéphale. De plus, son mauvais état de santé et, en particulier, l’affaiblissement de sa vue, « résultat de travaux assidus, lui imposait de fréquentes interruptions de service ». Sa pension fut votée à l’unanimité par le conseil municipal « eu égard à un employé supérieur qui, pendant 23 ans, avait dirigé les travaux communaux avec une probité à toute épreuve ».
Archives municipales de Strasbourg, état-civil ; Délibérations du conseil municipal des années 1832, 1833, 1839, 1849, 1855 ; Bauchal, Nouveau dictionnaire des architectes, 1887 ; Delaire, Architectes élèves de l’École des Beaux-Arts, Paris, 1907 ; Elsässischer Rundschau, XVI, 1914 ; Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, XII, 1916, p. 478 ; J. Rott, « Sources et grandes lignes de l’histoire des bibliothèques publiques de Strasbourg détruites en 1870 », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, XV, 1971, p. 145-180 ; Encyclopédie de l’Alsace, VI, 1984, p. 3219.
Georges Foessel (1988)