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FRIEDEL Charles

Chimiste et minéralogiste, membre de l’Institut, (Pr) (★ Strasbourg 12.3.1832 † Montauban 20.4.1899).

Fils de Charles Friedel, banquier et exportateur de primeurs, et de Virginie Caroline Duvernoy. ∞ I à Mulhouse 29.12.1856 Émilie Koechlin († 1871) ; ∞ II à Paris 7.4.1873 Louise Combes ; bisaïeul d’André et Henri Benoît ©. Après des études secondaires au Gymnase protestant de Strasbourg, il suivit quelques cours de sciences à l’Université, en particulier ceux de cristallographie de Louis Pasteur, alors professeur à l’Université de Strasbourg. À l’âge de 19 ans, renonçant à travailler à la banque paternelle, il alla rejoindre à Paris son grand-père maternel G.-L. Duvernoy, professeur d’histoire naturelle au Collège de France et au Muséum d’histoire naturelle. Licencié ès-sciences en 1854, il entra au laboratoire de son compatriote Adolphe Wurtz ©, dont il devint le plus brillant collaborateur. Un an plus tard, il fut nommé conservateur de la collection minéralogique de l’École des Mines, où il logea jusqu’en 1878. Maître de conférences de minéralogie à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm en 1871, puis titulaire de la chaire de cette même discipline à la Sorbonne en 1876, il succéda à Wurtz en 1884, dans la chaire de chimie organique et devint l’un des plus éminents représentants français de cette science. Il fut élu membre de l’Académie des sciences en 1876, après avoir obtenu le prix Jecker (1865) et le prix Laçage (1873) de cette institution. Élu à 4 reprises président de la Société chimique de France, il créa en 1896 le Laboratoire d’enseignement pratique de chimie appliquée, devenu par la suite l’Institut de Chimie de Paris. Bien que fixé définitivement à Paris, Friedel n’en resta pas moins profondément attaché à sa province natale. Le 20 juin 1872, après le traité de Francfort, il opta, en même temps que son fils Georges, pour la nationalité française et fonda en 1874 l’École Alsacienne à Paris, dans le souci de donner à ses enfants, et à ceux d’autres compatriotes, une éducation conforme à celle qu’il avait reçue à Strasbourg et dont il était resté imprégné. Profondément religieux, il fut pendant de longues années président de l’Union chrétienne de jeunes gens ; il fut également président de la Société évangélique de France. Officier de la Légion d’honneur en 1880 ; officier de l’Instruction publique. Une plaque commémorative est apposée sur sa maison natale, 11 rue de l’Épine à Strasbourg. Les nombreux travaux de Friedel ont porté principalement sur la chimie organique, mais sur ses 254 publications, une cinquantaine sont consacrées à la minéralogie (création et étude d’espèces minéralogiques nouvelles). Avec l’Américain J. M. Crafts, il mit au point en 1877-78 une méthode de synthèse du toluène, grâce à l’emploi de chlorure d’aluminium (acide de Lewis). La « réaction de Friedel et Crafts » généralisée permit par la suite la préparation de très nombreux composés aromatiques et conduisit à des applications industrielles importantes (craquage, isomérisations, polymérisations…). À côté de recherches sur les composés organiques classiques, Friedel prépara et étudia les premiers composés organo-siliciés, point de départ de la chimie du silicium, des siliconés en particulier.

Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains, 1893, p. 629 ; H. Hanriot, « Notice sur la vie et les travaux de Charles Friedel », Bull. Soc. Chim., 1900, p. 1-56 : J. H. Crafts, « Friedel Memorial lecture », J. Chem. Soc., 1900, vol. 77, p. 993-1019 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. I, 1909, p. 531 ; J. Hackspill, « Commémoration du cinquantenaire de la mort de Ch. Friedel », Bull. Soc. Chim, 1949, p. 555-558 ; A. Kastler, « Chimistes et physiciens d’Alsace », Saisons d’Alsace, 1968, n° 27, p. 343-362 ; Dictionnaire de biographie française, XIV, 1979, 1291 ; P. Romane-Musculus, Généalogie Friedel, ms, 1983 ; Encyclopédie de l’Alsace, VI, 1984, p. 3216.

Mathilde Brini (1988)