Maître d’œuvre de la cathédrale de Strasbourg de 1383 à 1388. L’acte de nomination, daté du 18 juin 1383, apporte toutes précisions utiles sur les devoirs et prérogatives de meister Michel von Friburg der wergmeister unser frowen werckes zu Strazburg. Fils de Jean III Parler © (Johannes von Gmünd), maître d’œuvre de la cathédrale de Bâle (qu’il a reconstruite après le tremblement de terre de 1356) et du Münster de Fribourg-en-Brisgau (dont il a édifié une grande partie du chœur), Friburg travailla un certain temps sur le chantier badois. Les difficultés que rencontra ce chantier l’incitèrent sans doute à solliciter la succession de maître Cuntz à Strasbourg. La notoriété de son père a dû grandement faciliter cette démarche. Pour Strasbourg, le changement fut radical, car la dynastie erwinienne était définitivement évincée, l’inspiration venue du domaine royal français céda la place à l’esthétique parlérienne. Friburg fut aussi le premier maître d’œuvre portant un nom d’origine. Très curieusement, et contrairement à ce qui s’était passé pour ses prédécesseurs, il ne fut pas appelé au Conseil de la ville pour représenter la corporation des tailleurs de pierre et des maçons. Le maître mourut au plus tard en 1388 : un document bâlois de cette année parle du défunt : Michahelis de Gamundia lapicide, magistri operis dum vixit fabrice ecclesie Argentinensis. À son arrivée sur le chantier de Strasbourg, Friburg trouva la galerie des Apôtres, au-dessus de la grande rose de la façade, pratiquement achevée. Le projet de beffroi établi vers 1360 par maître Gerlach prévoyait deux grandes baies à trois lancettes et remplage élégant, le tout couronné d’une crête ajourée. Un important décor sculpté était intégré à l’architecture. La partie supérieure des moignons de tours restait dégagée, c’était une sorte de compromis entre la façade harmonique et la façade-falaise. Dans l’exécution dirigée par Friburg après l’incendie de 1384, les baies devinrent quadripartites avec des remplages plus classiques, conformément aux tendances parlériennes, mais le changement essentiel concerna la partie supérieure qui fut surélevée et qui s’aligna sur les clochers. Cette modification souvent critiquée est peut-être imputable au successeur de Friburg, Claus von Lohre, cité à partir du 4 juillet 1390 et déposé en 1399. Quel que soit le jugement porté sur cet ultime revirement, il est certain qu’il préparait la façade à la construction de la haute tour entreprise à l’aube du XVe siècle par le successeur de Claus von Lohre, Ulrich von Ensingen. Construit en 1385 à la suite de l’incendie qui avait ravagé une partie de la cathédrale, le nouvel orgue a été profondément modifié dès le XVe siècle. Il en subsiste néanmoins la tribune à arêtiers redentés avec ses sculptures caractéristiques (clé pendante et figures articulées).
Ch. Gérard, Les artistes de l’Alsace pendant le Moyen Âge, Paris-Colmar, 1872 ; F. X. Kraus, Kunst und Atterthum in Elsass-Lothringen, vol. I, Strasbourg, 1876 ; Urkundenbuch der Stadt Strassburg, vol. 6, Strasbourg, 1899 ; O. Kletzl, Die Junker von Prag in Strassburg, Francfort, 1936 ; Fl. Reinhardt, « Johannes von Gmünd, Baumeister an den Münstern von Basel und Freiburg, und sein Sohn Michael von Freiburg, Werkmeister am Strassburger Münster », Zeitschrift für Schweizerische Archäologie und Kunstgeschichte, 1941 ; V. Beyer, La sculpture strasbourgeoise au XIVe siècle, Paris, 1955 ; R. Recht, L’Alsace gothique de 1300 à 1360, Colmar, 1974 ; Fr. Fessenbecker, « Das Baumeistergeschlecht der Parler und die Spätgotik am Oberrhein », Das Markgräflerland, 1977 ; R. Recht, Die Parler und der schöne Stil, Cologne, 1978 ; Encyclopédie de l’Alsace, VIII, 1984, p. 5097 ; W. Pfendsack, Lebendige Steine, Skulpturen und Fresken am Basler Münster, Bâle, 1986.
Théodore Rieger (1988)