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FREUND Marc dit FREUND-VALADE

Préfet, (Pl) (★ Schiltigheim 7.5.1899).

Fils de Paul Freund, pasteur, et de Marguerite Oberlin, fille de Jacques Émile Oberlin, industriel à Colmar. ∞ 2.6.1930 Jacqueline Valade (Pr), fille d’un industriel de la Roche-Chalais, Dordogne. Freund fut élève au Gymnasium de Bouxwiller et s’inscrivit dans les universités de Montpellier, Strasbourg et Paris où il obtint en 1921 les diplômes de licencié en droit et de l’Institut des Hautes études internationales. Secrétaire particulier de Louis Marin, ministre des Pensions, puis rédacteur à la direction générale des Affaires d’Alsace et de Lorraine, il fut, le 10 août 1928, nommé sous-préfet d’Erstein. Cette nomination, due au choix personnel du président Raymond Poincaré, inaugurait une nouvelle politique, marquée par la volonté du gouvernement de confier des postes de responsabilité dans les départements recouvrés à des Alsaciens ou des Lorrains au moment même où le mouvement autonomiste remportait des succès non négligeables dans les consultations électorales. Marc Freund-Valade a été le premier de cette lignée. Ainsi commença ce qu’un grand journaliste strasbourgeois, Paul Bourson ©, dans un article paru dans le Journal des Débats, du 24 novembre 1929, appela « l’expérience Freund » dont il soulignait « la complète réussite, le nouveau sous-préfet ayant gagné l’affection de tous en moins d’un an ». Le 8 octobre 1930, Freund fut délégué dans les fonctions de sous-préfet-directeur du cabinet de Pierre Roland-Marcel ©, nommé préfet du Bas-Rhin, afin que cette nouvelle équipe poursuivît et généralisât l’œuvre déjà entreprise dans le seul arrondissement d’Erstein. Le gouvernement assurait ainsi une sage collaboration entre la France officielle et les populations de la province libérée, avec le souci majeur du respect de leurs traditions. Le 20 novembre 1937, Freund quitta Strasbourg pour occuper le poste de secrétaire général de la Charente. En 1939, appelé sous les drapeaux, il rejoignit le quartier général de la 1ère armée, à la demande du général de Lattre de Tassigny alors sous-chef d’état-major de cette armée. Démobilisé en juin 1940, il reprit le cours normal de sa carrière : secrétaire général des Alpes-Maritimes le 30 octobre 1940, puis préfet de l’Aude le 20 août 1942, il fut nommé préfet régional de Limoges le 11 septembre 1943. En cette qualité, il exerça ses fonctions dans des circonstances dramatiques, s’attachant à saboter le STO, empêcher les déportations, appuyer la Résistance et contrecarrer l’occupant. Il sauva de la déportation de nombreux Israélites dont le rabbin Deutsch ©, futur grand rabbin de Strasbourg et les époux Gustave Wolf, animateurs bien connus de la vie musicale à Strasbourg. Après l’atroce tragédie d’Oradour sur Glane, il éleva, le 22 juin 1944, devant les autorités allemandes et devant l’opinion publique, de solennelles et vigoureuses protestations. Son discours d’Oradour, lors des obsèques des victimes, communiqué clandestinement à Londres fut donné en exemple, dès avant la victoire, dans le monde libre jusqu’au Canada et aux États-Unis. Freund fut victime des bouleversements consécutifs à la libération du territoire. Révoqué en août 1944, il fit appel de cette décision et, réhabilité par le Conseil d’État, bénéficia le 31 janvier 1961, d’une reconstitution de carrière. Rappelé rétroactivement à l’activité par promotions successives, il fut admis à faire valoir ses droits à la retraite le même jour. Il était alors en pleine activité dans le domaine économique en Picardie. En 15 années, l’œuvre menée par lui fut considérable : créations de la Fédération patronale, de la Chambre régionale de commerce et d’industrie, de l’Assedic, de la très importante zone industrielle d’Amiens où vinrent s’installer de grandes firmes. Freund est chevalier de la Légion d’honneur, Croix de guerre et officier de l’ordre national du Mérite.

Archives personnelles ; Annuaire du Corps préfectoral, 1943, p. 354 ; Himly, p. 31. L’oraison funèbre d’Oradour a notamment été publiée dans le catalogue de l’exposition L’Alsace et les droits de l’homme, BNUS, 1983, p. 32-33.

Maurice A. Oster (1988)

† 1996

Nouvelles du Temple-Neuf, bulletin paroissial, n° 117, novembre 1996, p. 20

Philippe Legin (janvier 2019)