Professeur de chirurgie et d’obstétrique (★ Nantes 29.8.1762 † Strasbourg 7.7.1833). ∞ ? à Nancy Jeanne Gabrielle Scholastique Fenninger (★ Nancy 24.8.1761 † Sélestat 16.5.1836). Fils de Pierre Joseph Flamant, graveur et de Françoise Colinet. Un fils et deux filles dont la cadette Annette Pauline ∞ François Martin Coze ©. Ayant fréquenté les hôpitaux de sa ville natale dès ses années d’études chez les Oratoriens, s’étant appliqué en anatomie, Flamant bénéficia à l’âge de 18 ans d’un brevet d’aide-chirurgien major dans un régiment en garnison à Caen. Lors du transfert de ce dernier à Nancy, quatre années plus tard, il fut autorisé, grâce au soutien et à l’amitié de son supérieur Dezoteux, à suivre un enseignement chirurgical à Paris. À son retour à Nancy, il devint démonstrateur d’anatomie au Royal-infanterie et présenta à la faculté une thèse pour le baccalauréat: Tentamen de fluore albo suivie d’une dissertation médico-chirurgicale: An in vulneribus, cum deperditione substantiae, pro cicatrisatione, fiat regeneratio organica,1788. En dehors des soins donnés aux malades du régiment et aux civils, il se perfectionna dans l’art des accouchements auquel il avait été initié à Paris auprès de Baudelocque. Au moment où il rédigeait sa dissertation médico-physiologique: De morbis solidi vivi, pour le grade de licence, le marquis du Châtelet lui ordonna de l’accompagner à Paris avec Dezoteux. Ce dernier demanda sa mise en retraite et proposa Flamant comme son successeur. Nommé chirurgien-major aux armées du Rhin et de la Moselle, il participa à leurs différentes campagnes. En 1794, il fut envoyé à Strasbourg comme professeur d’anatomie et de chirurgie au moment de la création de l’École centrale de Santé. Il faut rappeler ici que par l’article VIII de la loi du 14 frimaire an III, la chirurgie avait été unie à la médecine. Sur l’intervention de Percy ©, Flamant fut nommé professeur de chirurgie théorique et pratique, d’accouchements, de maladies de femmes et d’éducation physique des enfants. Mais en fait, le climat régnant dans cette École de santé fut surtout marqué par d’incessants épisodes de conflits, qui se poursuivirent lors de l’installation au ci-devant Grand Séminaire décrétée le 16 germinal an III. Dans cette situation confuse, les autorités communales ne manifestaient guère de sympathie à la nouvelle institution. Deux professeurs, Thomas Lauth © et Jean Hermann © venaient de l’ancienne université. Avec les citoyens-professeurs venus des hasards de la guerre, la discorde allait en augmentant. L’ambiance haineuse reste consignée dans un manifeste répandu par les professeurs Tourtelle © et Flamant en 1797. Cet Appel à l’opinion publique du jugement rendu par le Tribunal de la police municipale de Strasbourg, le 5 fructidor an V, qui met hors de procès, les dépens compensés, les citoyens Tourtelle et Flamant, professeurs à l’École de Santé, et Oberlin, bibliothécaire à l’École centrale de cette ville (Nancy, 36 p.) déverse son venin sur l’administration municipale, sur celle du district, sur les membres de l’ancienne université luthérienne; même leur collègue Tinchant est traité de «reptile» et d’incapable. Mais cette vilaine querelle avait surtout pour finalité la tentative de transfert de l’École à Nancy. L’intervention du député Jean-François Ehrmann © porta ses fruits à l’égard de son maintien à Strasbourg. Le temps fit le reste et les esprits s’apaisèrent. Après la transformation de l’École de Santé en École spéciale de Médecine (3 brumaire an IV) avec confirmation des attributions civiles (14 floréal an X), le décret impérial du 17 mars 1808 rétablit la faculté de Strasbourg. Au début de son enseignement, Flamant était secondé par un adjoint nommé Barbier. René Cailliot © prit ensuite en charge la médecine opératoire et la pathologie externe. À partir de 1817, Flamant se consacra exclusivement aux accouchements et à l’éducation physique des enfants: son service fut installé à l’hôpital civil. Le 27 décembre 1820, il devint associé non résidant de l’Académie de médecine. Outre ses travaux publiés dans le Journal complémentaire du dictionnaire des sciences médicales et les mémoires insérés dans le Bulletin de la Société des sciences, agriculture et arts de Strasbourg,il faut signaler son Mémoire pratique sur le forceps (Strasbourg, 1816) ainsi que l’Éloge de M. Joseph Noël,professeur et directeur de l’École spéciale de médecine de Strasbourg (Strasbourg, 1808). Affilié à la Loge des Frères Réunis de Strasbourg en 1815 ; 33e Vénérable d’honneur ad vitam. Si Flamant n’a pas été reçu au concours pour la chaire vacante à Paris en 1811 après le décès de Baudelocque, et s’il a laissé le souvenir de sa turbulente animosité à l’École de Santé, il reste aussi le premier professeur de clinique obstétricale d’une faculté de Médecine française des temps nouveaux.
Archives municipales de Strasbourg, registres des naissances (N 282, n°87; N 292, n°1569; N 315, n°679) et des décès acte (n°1312 de 1833) et Legs Gerschel, boîte 15/5 (tableau général); Ch. L. Varlet, Eloge historique de Pierre-René Flamant, Saint-Dié, 1833; F. Wieger, Geschichte der Medicin, 1885, p.108, 130, 131, 141; Berger-Levrault, Annales des professeurs des académies et universités alsaciennes 1523-1871, Nancy, 1890, p.73; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 506 ; Biographisches Lexikon hervorragender Aertzte vor 1880, t.2, 1962, p.533-534; Dictionnaire de biographie française, XIII, 1975, 1451; Th. Vetter, L’École anatomique strasbourgeoise – Jean-Frédéric Lobstein 1777-1835, Strasbourg, mai 1977, p.15-24; Encyclopédie de l’Alsace, V, 1983, 3005; J.-P. Lefftz, L’art des accouchements à Strasbourg de la Renaissance au siècle des Lumières, Strasbourg, 1985, p.140.
Théodore Vetter (1988)